Échos de ce qui reste de la basse-cour

La caractéristique des couples qui se séparent c’est, dans un premier temps, de vouloir faire porter à l’autre la responsabilité de la séparation, puis, dans un deuxième temps, de tout faire faire pour chercher à le détruire. C’est ce que semble vouloir faire le PMSD, du moins ce qui en reste, après la crise du coquelet qui a fait imploser le parti en seulement quelques heures. Dans un premier temps, c’est à Paul Bérenger que Xavier-Luc Duval a attribué la cassure en sortant une veuille phrase que tous les ennemis du leader du MMM — et ils sont nombreux — ont prononcée au cours de sa longue carrière politique : na pa kapav travay avek Bérenger. Comment se fait-il que celui qui se targue d’avoir quarante ans de politique à son actif n’ait pas su que Bérenger était connu pour son bezer karakter ? Le problème de Xavier-Luc Duval, c’est qu’il est incapable d’expliquer pourquoi, dimanche dernier, il a claqué la porte de l’alliance PTr-MMM-PMSD. En attendant, il cherche un bouc émissaire commode. Mais le problème c’est que les réunions des leaders se faisaient à trois et que le troisième homme, Navin Ramgoolam, a démenti à plusieurs reprises les accusations de Duval contre Bérenger. Pour tenter d’apporter de l’eau au moulin de son leader, le secrétaire général du parti vient de faire une grande révélation. Son leader lui a dit que lors d’une discussion à deux avec Navin Ramgoolam, ce dernier lui aurait dit de ne pas aller au Réduit comme président mais de rester dans le frontbench du gouvernement puisque six mois après, il comptait se débarrasser de Bérenger et du MMM en les révoquant ! Si cette conversation — que Ramgoolam dément — a bien eu lieu, ça veut dire que Duval était d’accord ! Heureusement que l’alliance a éclaté ! Vous imaginez ces trois leaders au gouvernement chacun avec son couteau derrière le dos prêt à l’enfoncer dans le dos de son… partenaire !
Ce qui sidère dans la crise du poulailler, c’est la rapidité de la réaction des membres de l’exécutif face au chef et à sa clique. Quelques heures à peine après l’annonce de la cassure de l’alliance PTr-MMM-PMSD par Duval et confirmé par le tandem Ramgoolam-Bérenger, treize membres de l’exécutif du PMSD, dont la présidente et deux députés, ont démissionné du parti et créé Nouveaux Démocrates. Ils ont annoncé avoir quitté le poulailler, car les décisions étaient prises en dehors de l’enclos, par des personnes qui ne font même pas partie de l’équipe dirigeante. Comme quoi, le PMSD avait lui aussi sa kwizinn. Une kwizinn où l’on négociait d’une alliance avec le MSM non seulement tout en continuant à berner ses partenaires du PTr et du MMM, mais sans que les membres de la basse-cour n’en soient informés ! Ce n’est plus rezilta lor rezilta, me traizon lor traizon ! On peut comprendre la vive réaction de ceux qui, sur le terrain, dénoncent le MSM, alors que leur leader et quelques happy few étaient en train de négocier une alliance avec le parti orange. Pour essayer d’expliquer cette démission en masse, les rares fidèles de Xavier sont montés au créneau pour dire tout et son contraire. Leur principal « argument », c’est que ceux qui ont démissionné l’ont fait parce qu’ils n’allaient pas avoir de ticket ! On peut se demander comment un parti politique, qui n’a que quatre élus, allait faire pour ne pas donner de tickets à deux d’entre eux, ainsi qu’à sa présidente, alors que le coquelet, qui n’a pas été élu aux dernières élections, affirmait que son ticket n’a jamais été remis en cause. Comme quoi, il suffit toujours au PMSD de porter le patronyme de Duval pour avoir droit à un ticket électoral ou à des postes de responsabilité ! Et l’on s’étonne après ça que les autres membres — les exclus — aient préféré se regrouper pour aller picorer ailleurs.
C’est vrai qu’au cours de son histoire, le PMSD a été traversé par de grandes crises. Il y a eu sécession quand Duval père est allé faire une coalition avec SSR après avoir déclaré que seuls les mangeurs de c… pouvaient faire une chose pareille. Il y a eu par la suite la bataille — pour ne pas dire le parricide — entre le père, le fils et l’oncle pour la possession de l’emblème du coq. Une procédure judiciaire dont le coq historique — le fils n’a aucun scrupule à utiliser sa mémoire ; il le fera encore le 5 mai – eut beaucoup de mal à s’en remettre. Est-ce que ce qui reste de la basse-cour a encore un avenir politique ? Ceux qui en font encore partie semblent en être persuadés. La preuve, tout en démentant des négociations coq-soleil lors d’une émission radio, la nouvelle présidente du PMSD a laissé échapper ce cri du cœur : « C’est vrai que quand le PMSD est au gouvernement, comme dirait Xavier, c’est un plaisir. »
Encore une qui a cru aux histoires du “marchand merveille” !

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Jean-Claude Antoine

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