Le devoir de résister

Un nouveau palier a été franchi cette semaine à l’Assemblée nationale. Et le summum n’est sans doute pas encore atteint. Faut s’attendre à tout et même l’impensable avec la voyoucratie qui a été érigée en système de gouvernement par le MSM.
Le ton avait été donné bien avant la séance de mardi dernier. Dans une démarche puant le sectarisme primaire et des calculs bassement communaux, Sooroojdev Phokeer a refusé les propositions de la hiérarchie proposée par l’opposition PTr-MMM.
C’est à se demander si le maintien de cette ridicule distance sociale dans l’hémicycle alors que ceux qui s’y trouvent une fois par semaine sont tous les jours côte à côte dans des réunions publiques ne sert pas lui aussi de sombres desseins, dont celui de montrer des profils spécifiques plutôt que d’autres.
Si c’est vrai que c’est le Speaker qui a le dernier mot, la tradition a toujours voulu que ce soit les partis qui décident du placement de leurs élus. Or, mardi, Sooroojdev Phokeer a mis à la porte le nouveau leader de l’opposition et Whip Shakeel Mohamed ainsi que le représentant du MMM Aadil Ameer Meea parce qu’ils protestaient contre le seating arrangement imposé par celui qui préside la chambre.
Celui qui a été intronisé Speaker par Pravind Jugnauth a fait mieux, mardi dernier. Il a décidé de distribuer des certificats de santé mentale aux députés. De l’opposition évidemment parce que, du côté de la majorité, il n’y a que de grands penseurs, des débatteurs hors pair, des modèles d’élégance et des backbenchers qui viennent avec des dossiers pointus et des questions pertinentes.
Dans une séquence d’une inqualifiable indignité, et dans un langage dont lui seul a le secret, Sooroojdev Phokeer a, dans ses vociférations habituelles à l’endroit de l’opposition, traité de « fous » les députés du MMM Paul Bérenger et Rajesh Bhagwan, a enjoint le Sergeant-at-Arms de « collect this man… he may be mad… flush him out of this Chamber… this is a sick man in Parliament », avant de mettre brusquement fin à la tranche précédant le déjeuner.
Même dans les couloirs, cet ersatz de Speaker s’est distingué en bousculant le nouveau Sergeant-at-Arms qui faisait ses premières armes et qui laissait partir les députés suspendus, les travaux ayant été suspendus. C’est dire jusqu’où peut aller le nominé de Pravind Jugnauth dans ses excès.
Les échanges acerbes ont commencé lorsque les questions supplémentaires plantées des bons perroquets se sont ajoutées à celle téléguidée de Joanne Tour sur les coffres de Navin Ramgoolam. Pour les raisons que l’on sait, Sooroojdev Phokeer les a autorisées alors qu’elles n’avaient rien à faire avec l’interpellation liminaire.
C’est lorsqu’il s’est aventuré à évoquer les tactiques supposément dilatoires employées par l’ancien Premier ministre et qu’il a brusquement fait une référence à l’affaire MedPoint, à Paul Bérenger et à son âge que les hostilités sont montées de plusieurs crans.
Pourquoi Sooroojdev Phokeer a-t-il permis la question et la réponse et les remarques personnelles ? Il s’étonne que l’élu visé ait traité l’auteur de « sauvage ». Pour qu’il y ait réaction il faut qu’il y ait eu provocation. Que fait-il pour empêcher les provocations ?
Ni Pravind Jugnauth ni Sooroojdev Phokeer n’avaient des problèmes avec l’âge lorsque sir Anerood Jugnauth est redevenu Premier ministre à 84 ans et qu’il ne s’est retiré qu’à près de 87 ans pour laisser le trône à son fils. Tant qu’ils ne sont pas déclarés inaptes ou en incapacité avérée, on ne voit pas pour quelle raison il faut se référer à l’âge de ses adversaires.
Sooroojdev Phokeer n’aimait pas l’opposition qui pose des questions embarrassantes à son bienfaiteur et parent Pravind Jugnauth. Sa hargne, sa partialité et sa violence se sont décuplées après l’affaire de la maison qu’il voulait acheter à Rs 30 millions sur le cadavre de la BAI. Le pot aux roses ayant été publiquement exposé, il a dû battre en retraite, la queue entre les jambes comme à son retour forcé d’Égypte en 2004.
Pravind Jugnauth, le gardien autoproclamé des bonnes moeurs, qui fait le procès permanent de Navin Ramgoolam, devrait un de ces jours nous éclairer sur cet épisode. Revenir constamment au passé, il aime ça non !
On attend avec impatience une question parlementaire sur un des membres de l’équipe de la VIPSU, affectée à la protection du Speaker, transféré après que l’information qu’il avait menacé un collègue qui avait osé verbaliser son fils pour infraction routière avait gagné la place publique. Le pouvoirisme, les passe-droits, le favoritisme et la protection de nou dimounn, c’est tout ce qui fait la culture intrinsèque du MSM.
Le grand public a été choqué une nouvelle fois par le comportement abject de Sooroojdev Phokeer. Dans tout ce qui s’est passé, loin de hurler avec ceux qui osent encore s’étonner de la tournure que prennent les débats ou qui voudraient voir une opposition émasculée et silencée, nous disons nous oui au devoir de résister.
On ne peut pas assister passif, docile, soumis et muet devant un hold-up caractérisé de ce qui est décrit comme le temple de la démocratie. Le dernier exemple de la politique abusivement partisane et partiale du Speaker et de ses parrains, c’est la question de Patrick Assirvaden sur Angus Road.
Ah bon, la question plantée sur les coffres est admissible mais celle sur Angus Road ne l’est pas ? Au nom de quelle logique ? Il n’y aura, bien sûr, aucune explication et cela veut tout dire. Il arrive un moment où l’on doit réagir à une politique de « dominer », au bullying et dire non à la partialité et à la provocation.
Bravo donc aux résistants Paul Bérenger, Rajesh Bhagwan, Eshan Juman, Stéphanie Anquetil, Joanna Bérenger et Arianne Navarre-Marie qui ont eu le courage de s’opposer à l’attitude de « poltron » de Sooroojdev Phokeer, qui a décidé de suspendre Joanna Bérenger mais qui s’est éclipsé aussitôt après avoir présidé à sa suspension. Il y a un moment où le cirque doit s’arrêter.

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JOSIE LEBRASSE

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