Les comiques

Depuis des mois, le MSM organise des points de presse pour répondre aux attaques et critiques de l’opposition. Les supposés ténors du parti orange — qui hurlent plus qu’ils ne chantent, n’arrêtent pas de dire à quel point l’opposition est divisée, désorganisée, se dispute sans arrêt, ne rate aucune occasion pour montrer sa désunion et ne représente pas grand-chose. Il faut admettre que dans l’ensemble, ces critiques sont justifiées, chacune des composantes de cette opposition semblant avoir son agenda particulier qui ne s’insère pas tout à fait dans un plan d’ensemble en commençant par le principal : qui sera le leader de cette opposition composée majoritairement de leaders si jamais ils arrivent à former une alliance ? Mais tout en la qualifiant d’inexistante ou d’insignifiante, les ténors du MSM n’arrêtent pas de faire référence à cette opposition, de tenter d’acheter ses membres — souvent d’illustres inconnus — disposés à se vendre pour un hypothétique ticket. Par ailleurs, ils n’arrêtent pas de l’accuser de tout ce qui va mal dans le pays, ou de répondre à côté d’une question. C’est ainsi que tout récemment, pour répondre à une question sur sa gestion actuelle de l’économie nationale posée par Xavier-Luc Duval, le Grand Argentier, lui a demandé ce qu’il faisait… en 2008, alors qu’il était ministre des Finances ! C’est ce qui s’appelle conduire un véhicule en regardant seulement dans le rétroviseur. C’est sans doute cette attitude tournée vers le passé qui a poussé le Grand Argentier à affirmer qu’il n’y a pas de pénurie de devises à Maurice, quelques heures avant que la Banque centrale ne mette 200 millions de dollars sur le marché pour faire face à la pénurie qui était censée ne pas exister ! Mais revenons aux ténors du MSM dénonçant les oppositions. Leur dernière trouvaille, si on peut dire, a été de dire que les manifestations contre les augmentations de prix, loin d’avoir été spontanées, avaient été au contraire soigneusement préparées par, je vous le donne en mille : l’opposition ! Cette opposition que le MSM décrit comme inexistante aurait donc réussi à organiser des manifestations dans plusieurs régions du pays ?

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Toujours dans le cadre des commentaires sur les manifestations pas du tout spontanées, selon le MSM, les ténors ont sorti un argument qu’ils estiment canon. Non seulement c’est l’opposition qui a fait descendre les manifestants dans la rue, mais eux, les politiciens les mieux informés de Maurice, le savaient. Ce qui amène automatiquement la question suivante : si les membres du MSM savaient que l’opposition inexistante allait organiser des manifestations de protestation, pourquoi n’ont-ils pas averti la police ? Pourquoi ces élus responsables ont-ils laissé les manifestants descendre dans la rue et provoquer, selon leurs affirmations, pour plus de Rs 40 millions de désordres ? Est-ce qu’en faisant de la rétention d’information, ils ne se sont pas rendus complices des manifestants ? Mais la vérité est que, comme c’est de plus en plus le cas, les membres du gouvernement, enfermés dans leurs berlines et à la recherche de missions pouvant leur rapporter des per diem, sont coupés des réalités. C’es ainsi qu’ils ne sentent pas monter la colère des Mauriciens face à la mauvaise gestion de l’économie. Ils n’entendent pas la colère face aux augmentations des prix alors que le pouvoir d’achat chute, tandis que les ministres font la queue pour aller visiter l’Expo de Dubaï. Plus pour les per diem payés des fonds publics, que pour l’expo elle-même. Accuser l’opposition désorganisée d’avoir organisé la manifestation ; essayer de monter une communauté contre les autres dans le cadre de la stratégie du divide and rule ne fera pas baisser la colère de la majorité des Mauriciens — dont ceux qui ont voté MSM — qui ont de plus en plus mal à boucler leurs fins de mois.

En parlant de voyages et de per diem, savez-vous qu’il existe à Maurice un nominé politique qui fait mentir la croyance que cette catégorie n’est là que pour profiter de la moindre occasion pour se remplir les poches ? Qui est cet oiseau aussi rare que le dodo allez-vous demander . Il s’agit du président de l’Information and Communication Technologies Authority, Dick Ng Sui Wa. Que le député MMM Rajesh Bhagwan avait surnommé le Danny Denzongpa, un fameux “villain” de l’écran indien. Le président de l’ICTA devait partir en mission en Europe et avait soumis une demande au Bureau du Premier ministre, qui l’a rejetée. Loin de se laisser décourager par ce refus, le président de l’ICTA a entrepris sa mission en payant de sa poche ses billets d’avion. Vous croyez que les autres nominés politiques placés à la tête des corps paraétatiques vont se mettre à suivre l’exemple de Dick Ng Sui Wa ?

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