Les ratages de Pravind Jugnauth

Lors des réunions de mobilisation pour le meeting du 1er Mai, le MSM annonçait des adhésions – spectaculaires, surprises ou choc, au choix – de futurs candidats qui lui permettront de « balié karo » aux prochaines élections. On annonçait des prises de guerre politiques supposées venir renforcer l’équipe gagnante du MSM. Il faut reconnaître que même les partisans du parti du soleil ont été surpris – pour ne pas dire carrément déçus – par le quatuor installé sous la tente VIP à Vacoas, le 1er Mai. Certains de leurs adversaires aux mauvaises langues avérées ont ironiquement laissé entendre que les membres de ce quatuor étaient comme des vases à fleurs ou des poupet dukia installés pour les photographes de presse. On avait vendu des recrues de chocs, capables de faire la différence sur le terrain politique : on n’a eu droit qu’à deux fils de, un frère du beau-frère de, et un gendre de. Quatre futur candidats annoncés – est-ce qu’ils le seront encore aux prochaines élections ? – qui n’ont de valeur politique que par rapport à leur statut de fils de feu Eric Guimbeau et Raj Dayal ; de frère du beau-frère de Navin Ramgoolam, et de gendre d’Ajay Guness du bureau politique du MMM. Comme quoi, tout en affirmant qu’il est soutenu par la majorité de Mauriciens, le parti du soleil a encore besoin d’aller puiser dans le vivier d’autres partis ou des proches de leurs dirigeants. Si cette « présentation » a d’abord surpris puis amusé du côté des observateurs, elle a provoqué un sentiment de colère chez les nombreux transfuges des autres partis qui ont rejoint le MSM depuis des mois, dans l’attente d’un ticket, et qui voient un quatuor d’inconnus politiques passer devant eux. Sans compter les vrais orange, ceux qui sont là depuis bien avant 2014, dans la défaite comme dans la victoire, qui labourent le terrain des circonscriptions et qui voient d’autres bénéficier du fruit de leurs efforts. En présentant ses candidats « chocs », le MSM a provoqué autant, sinon plus, de réactions négatives au sein de ses instances que chez ses adversaires et les Mauriciens en général. C’était le premier ratage.
Le premier Mai à Vacoas, face à une foule « monstre » – dont l’estimation varie entre 30,000 et 34,000 selon le secrétaire-général ou le président du parti –, au lieu de critiquer et d’attaquer ses principaux adversaires : son challenger Navin Ramgoolam et l’alliance PTr/MMM, Pravind Jugnauth a choisi une autre cible. En utilisant le nick name Maharajah, il s’en est pris à Sherry Singh, son ex « Jigri Dosh » avec qui il a été « kuma kanson ek simiz » pendant des années. Sur le mode ironique, il a interpellé son ex-principal conseiller sur l’existence d’un compte bancaire contenant des milliards, que son épouse détiendrait à Dubai. La réponse du berger à la bergère ne s’est pas fait attendre. Le lendemain, Sherry Singh réunissait la presse pour démentir l’allégation de Pravind Jugnauth et pour lui poser les questions suivantes :
(i) Qui était son prête-nom et gardien de son argent en Angleterre ?
(ii) Quel business négociait ce prête-nom, en particulier pendant le Covid ?
(iii) Est-ce que ce prête-nom l’a aidé pour l’achat d’un appartement pour l’une de ses filles en Angleterre ?
Depuis cette conférence de presse, on parle plus des questions sur les biens et activités d’affaires à Londres de Pravind Jugnauth que du supposé compte bancaire contenant des milliards, que l’épouse de Sherry Singh détiendrait à Dubai. Beaucoup se demandent si la deuxième question n’aurait pas trait à l’achat d’équipements médicaux à la vitesse grand V par le ministère de la Santé, en violant tous les protocoles établis, pendant le confinement provoqué par la pandémie. Des achats contre des millions de roupies pour des équipements qui n’ont jamais été utilisés parce que défectueux et qui n’ont jamais été remboursés. Une fois de plus, Pravind Jugnauth s’est lancé dans une mauvaise opération qui s’est retournée contre lui, comme le boomerang revient toujours vers celui qui l’a lancé. Tout comme l’adage anglais affirme « never start something you can’ t stop. » Deuxième ratage.
Le troisième ratage de la série concerne une autre déclaration faite par Pravind Jugnauth à Vacoas, le 1er mai. Parlant des attaques contre son épouse, il a déclaré que les membres de l’opposition – et une certaine presse – la critiquent « parski mo dir zot enn zafer, mo madam fer zot tremblé. » Ce qui lui a valu le commentaire suivant du Majarajah, lors de sa conférence de presse du lendemain : « Li mem ki tremblé divan so madam ! » Ce commentaire – comme les trois questions posées – viennent d’une personne qui a fréquenté intimement le couple Jugnauth pendant plus de quinze ans et qui doit savoir de quoi elle parle.

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