Les résolutions jamais votées

Cela fait plus de cinq mois que l’armée israélienne bombarde et détruit systématiquement la bande de Gaza. Depuis plus de cinq mois, elle n’arrête pas de venger les centaines de morts de l’attaque terroriste du Hamas, du 7 octobre dernier, en massacrant des milliers de civils gazaouis. En même temps, elle interdit l’accès à ce territoire transformé en prison à ciel ouvert, ce qui augmente les risques de famine et d’épidémie. Les voies d’accès bloqués interdisent à l’aide humanitaire de pénétrer dans la bande pour y apporter des vivres, de l’eau, des médicaments et des équipements médicaux dont ont un urgent besoin les plus de 2 millions de Gazaouis repoussés d’un bout à l’autre du territoire, selon les déplacements militaires de l’armée israélienne. Le blocus oblige le gouvernement américain à parachuter dans la mer des colis de premiers secours destinés aux Palestiniens enfermés, dans le champ de ruines qu’est devenu Gaza. Depuis 169 jours, l’armée israélienne dit vouloir exterminer les combattants du Hamas et, en dépit de ses bombardements et ses raids, n’y parvient pas. Selon le Premier ministre israélien, les responsables du Hamas se seraient réfugiés dans l’hôpital de Rafah où il a la ferme intention d’envoyer son armée les exterminer. Pour le moment, les victimes des stratégies militaires de l’armée israélienne sont d’abord et avant tout des civils. Des femmes, des enfants et des vieillards se traînant d’une ruine à l’autre pour essayer d’éviter les bombes israéliennes.
Depuis plus de cinq mois, les discours se suivent et se ressemblent dans les instances internationales. Alors que le directeur général de la FAO n’arrête pas d’alerter sur les menaces d’épidémies et de famine, aux Nations-Unies, les résolutions se succèdent sans être votées, chacune des grandes puissances siégeant au Conseil de Sécurité y opposant son veto, à tour de rôle. Après avoir opposé leur veto à un cessez-le-feu immédiat et le retrait de l’armée israélienne à Gaza, les États-Unis viennent de changer leur fusil d’épaule. Sa représentante aux Nations-Unies vient de présenter une motion demandant poliment aux Israéliens de cesser le feu et de se retirer. C’est, semble-t-il, les dernières déclarations de Benyamin Netanyahou disant son intention d’aller exterminer le Hamas à l’hôpital de Rafah, qui aurait suscité le sursaut américain. Sursaut que certains interprètent comme un changement de la politique américaine vis-à-vis d’Israël. Comme on s’y attendait, la Russie et la Chine ont automatiquement rejeté la résolution américaine. Pour sa part, le Premier ministre israélien a sèchement rétorqué qu’ « avec ou sans l’aide des États-Unis, l’armée israélienne lancera le raid annoncé sur l’hôpital de Rafah. » Et pour ajouter une calotte à la claque, il a annoncé qu’Israël allait remettre à des colons israéliens des terrains appartenant à des Palestiniens de Cisjordanie que son armée avait saisis. Mais les provocations de Benyamin Netanyahou ne semblent pas avoir diminué l’ardeur des Nations-Unies à aller de l’avant avec la politique des résolutions présentées, mais jamais votées. Suite au rejet de celle des États-Unis, on annonce une nouvelle qui sera présentée lundi. Vu le fonctionnement de cette instance internationale, il est certain que cette prochaine résolution sera, elle aussi, rejetée. Pendant ce temps, le nombre de malades et de morts ainsi que les risques de famine et d’épidémies augmentent à Gaza.
Tous les observateurs politiques sensés l’écrivent ou le disent : on peut obliger Benyamin Netanyahou à accepter un cessez-le-feu immédiat et le retrait de ses troupes de Gaza. Il suffit tout simplement de lui fermer le robinet de l’aide financière et, surtout, de la livraison d’armes. Car les États-Unis sont un des principaux fournisseurs d’aide financière et de matériel militaire d’Israël. Les bombes que le Président américain demande à Israël d’arrêter de déverser sur la bande de Gaza en acceptant un cessez-le-feu, c’est l’industrie d’armement américain qui les lui fournit. Au lieu de supplier Benyamin Netanyahou de cesser le feu sur Gaza, il suffirait tout simplement de le lui enlever. Mais si le Président américain le faisait, il pourrait mécontenter l’électorat juif américain et le payer très cher aux prochaines élections. Voilà pourquoi au lieu d’obliger Benyamin Netanyahou à un cessez-le-feu immédiat en le privant d’armes, le Président américain est obligé de lui faire la demande poliment à travers une résolution aux Nations-Unies. Une résolution qui, comme les précédentes et celles qui suivront, ne sera pas votée.

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Jean-Claude Antoine

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