Être un jeune en 2021 : enjeux et défis

SHAYNE CARDELLA, 17 ans,

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Bachelier promo 2021.

Personne avant 2020 n’aurait pu prédire la vague de changements qui allait s’abattre sur le monde entier. La pandémie de Covid-19 a bousculé l’équilibre de nos sociétés à bien des niveaux. Tant au niveau sanitaire, qu’au niveau économique, culturel, politique et même géopolitique, ce virus a infecté de nombreux pans de nos vies. Bien que certains effets de cette crise sanitaire nous soient visibles, d’autres sont plus difficiles à détecter car ils sont moins flagrants ou bien ils n’apparaissent pas immédiatement. Certaines conséquences de cette crise se voient sur le long terme, car elles imprègnent nos cultures, elles affectent nos façons d’agir et de penser. On ne peut identifier des victimes plus directes de ces conséquences à long terme que les jeunes. Qu’ils soient jeunes enfants ou adolescents, ils partagent cela en commun qu’ils sont en plein développement. De ce fait, ils sont particulièrement affectés par les changements, surtout lorsqu’ils se produisent à si grande échelle. Comment donc la crise sanitaire mondiale a-t-elle affecté la jeunesse au point de vue culturel et social ?

Question difficile lorsque le désordre mondial provoqué par ce virus est loin d’être terminé. Il est peut-être trop tôt pour prendre une réelle prise de recul. Cependant, il est possible d’observer ce qui se passe et d’esquisser une réflexion.

Être jeune en 2021 demande de savoir s’adapter, s’adapter aux nouvelles mesures sanitaires mises en place, s’adapter aux mesures de confinement et autres restrictions, s’adapter à une nouvelle manière d’apprendre et à de nouveaux outils pour apprendre.

Être jeune dans cette période de crise, c’est accepter d’avancer dans un environnement incertain. Au niveau académique, c’est continuer de travailler à distance sans savoir si les examens prévus auront lieu dans le meilleur des cas, car dans bien des situations, certains étudiants mauriciens n’avaient pas cours durant le confinement. Cette période difficile a indéniablement mis l’adaptabilité de nombreux jeunes à rude épreuve.

De plus, les inégalités dues aux conditions de travail se sont révélées au grand jour. L’accès au savoir et la possibilité d’apprendre sont devenus une affaire de disponibilité en matériel informatique, de vitesse de la connexion internet et surtout d’école publique ou privée. Les disparités sociales et économiques apparaissent dès lors que la structure physique qui les contenait, l’établissement scolaire, est hors service. En ajoutant à ces inégalités l’éloignement des professeurs et des camarades de classe, le problème ne devient que plus lourd.

Le jeune en 2021 voit une partie de son identité (celle d’élève ou d’étudiant) se fragiliser. Le jeune de 2021 voit une partie de sa liberté diminuer. Sa liberté de mouvement est affectée par les mesures de confinement et de déconfinement. D’une autre façon, il est moins libre car il est davantage responsable de ses actions qui, elles, sont de plus en plus tournées vers le bien commun. Il respecte ou non la distanciation, pratique ou non les gestes barrières, se lave ou non les mains régulièrement, sort ou reste chez lui, tout cela pour éviter d’infecter ses proches et lui-même. Vivre en société maintenant, c’est avoir beaucoup plus conscience de ses interactions. Toute la spontanéité du rapport à l’autre, toute l’insouciance caractéristique de la jeunesse sont remplacées par un protocole de mesures préventives.

Si les effets sont visibles chez les adolescents, ils le seront encore plus chez les jeunes enfants qui auront grandi dans cet environnement où l’extérieur est un danger permanent, où le virus est une véritable menace fantôme. Ces jeunes développent leurs interactions sociales et affectives dans un environnement inédit de restrictions. L’intérêt ici n’est pas de se demander si les mesures mises en place sont bonnes ou non mais plutôt de constater ce que l’on perd en les appliquant, au prix de notre sécurité. Il est important de s’interroger sur les futurs adolescents et adultes que nous forgeons avec de telles mesures.

Dans un climat médiatique marqué par une préoccupation sanitaire sans précédent, les informations sur le virus ne cessent de sortir et de se renouveler. Une théorie sur le virus devient vite obsolète les semaines qui suivent au vu de nouvelles recherches, les vaccins font polémique quant à leur efficacité, la thèse du SARS-cov-2 comme virus issu d’un laboratoire est maintenant soutenue par des scientifiques alors qu’elle était considérée, au début de l’épidémie, comme pur délire complotiste, etc. Tout cela pour dire que de nombreuses zones d’ombre planent autour de ce virus, des zones d’incompréhension et de méconnaissance alimentées par un flux d’informations partiellement vérifiées. Être jeune dans un monde hypermédiatisé et tourné vers les préoccupations sanitaires, c’est savoir remettre en question son rapport à la vérité. C’est comprendre l’influence des médias dans nos vies et dans notre gestion de la crise sanitaire. C’est comprendre que la vérité peut être manipulée et que les affirmations des figures d’autorité (les hauts responsables et les scientifiques), servent la poursuite d’intérêts qui divergent parfois de la recherche de la vérité. Ainsi, il s’agit, dans bien des cas, des intérêts politiques et économiques qui englobent les décisions de santé publique et qui justifient les polémiques.

Cette crise sanitaire est un des défis lancés à la jeunesse. Plutôt que d’être relevé, ce défi est imposé à tous ces futurs adultes qui ont déjà la lourde tâche de construire leur identité. De quel type de fondation cette pandémie sera-t-elle le ciment ? En d’autres mots, quelle société se formera de toute cette instabilité actuelle, quel sera l’impact de cette pandémie sur les interactions sociales ? Au-delà du constat anxiogène d’un avenir proche ou lointain à visibilité plutôt réduite, cette pandémie nous a appris à nous, les jeunes, une adaptabilité, une prise de conscience et une résilience certaines par rapport à tous ces changements, à toutes ces décisions qui nous dépassent.

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