Changement climatique : Zaheer Allam expose la vulnérabilité de Maurice, Comores et Seychelles

PEID : les pertes annuelles de PIB devraient augmenter entre 0,75 et 6,5% d’ici 2030

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Post COVID-19 climate resilience & adaptation in Small Island Developing States (SIDS): the case of Mauritius, Comoros & Seychelles. Cette publication rédigée pour le compte de l’Unesco et dont l’auteur n’est autre que le Mauricien, Zaheer Allam, spécialiste en Sustainable Futures, présente la durabilité comme la seule option, soulignant que les PEID sont 35% plus vulnérables aux chocs extérieurs que les autres pays et que leurs pertes annuelles au titre du PIB devraient connaître une détérioration entre 0,75% et 6,5% d’ici à 2030 contre 0,5% pour la moyenne mondiale. L’auteur y expose les cas de Maurice, des Comores et des Seychelles après la pandémie et formule des recommandations clés pour repenser les PEID en tant que pôles de solutions innovantes et durables en matière de résilience et d’adaptation au changement climatique.

Cet accroissement de la perte PIB est la conséquence des conditions climatiques critiques affectant le tourisme, le pivot de l’économie des PEID. Ce qui ouvre la voie à davantage de vulnérabilités et d’inégalités socioéconomiques, les femmes et les filles étant les plus touchées comme le souligne le rapport, citant l’exemple des Comores, de Maurice et des Seychelles où la pandémie a accentué les difficultés.

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L’auteur de cette étude met en exergue les lacunes politiques et l’importance de programmes de coopération régionale où les décideurs politiques, les chercheurs, les jeunes militants pour le climat, les urbanistes, les responsables du développement, les éducateurs et autres partenaires n’ont d’autres choix que d’agir « pour mieux construire le processus de relèvement post-pandémique et pour repenser les PEID en tant que pôles de solutions innovantes et durables en matière de résilience et d’adaptation au changement climatique ».

La publication rappelle que les PEID méritent une attention particulière tout en plaidant en faveur d’investissements plus conséquents en vue de renforcer les sciences océaniques et les économies bleues, afin de construire des PEID plus résilients. Le rapport adopte une approche multisectorielle abordant des questions aussi diverses que la résilience et l’adaptation au changement climatique, l’économie bleue, la migration climatique, la science du climat, les besoins en renforcement des capacités et l’éducation, notamment pour les jeunes des PEID, mais aussi l’urbanisation.

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Migration

Tout en rappelant que l’ampleur des conséquences du changement climatique varie selon les zones géographiques et en fonction de la puissance économique de chaque pays, le rapport note que les petits Etats insulaires en développement présentent de plus grands risques de subir de multiples impacts du changement climatique, avec des conséquences à long terme et irréversibles.

« Sans mesures correctives, on craint que la plupart de ces problèmes ne s’intensifient et rendent certaines parties des PEID, voire certaines îles dans leur intégralité, inhabitables. Il s’agit d’un scénario impensable pour les communautés des PEID à risque, car sa réalisation nécessiterait une migration massive », avance-t-il.

L’article souligne en outre que la plupart des PEID n’ont pas de capacités économiques ou sont très limitées pour soutenir et financer des projets visant à accroître, d’où leur besoin de soutien substantiel de la part des acteurs régionaux et internationaux dans des infrastructures et des programmes tels que l’éducation et la formation qui contribueraient à renforcer les capacités à différents niveaux.

Zaheer Allam prévient que le processus de lutte contre le changement climatique ne peut être réalisé sans des politiques, des lois et des réglementations bien informées, proactives et universellement convenues et acceptables. Il indique que le problème ne réside pas dans le manque de politiques suffisantes « mais la mise en œuvre de ce qui existe déjà devrait faire l’objet d’une attention particulière. Il convient de souligner à ce stade que pendant les confinements et les restrictions visant à freiner la propagation du COVID-19, la réduction des opérations dans les secteurs des transports et de la fabrication a conduit à une réduction significative des émissions quotidiennes mondiales de CO2, dans certains cas de 17 %. Ainsi, une leçon positive tirée des mesures de confinement du COVID-19 est que l’adoption d’alternatives plus vertes comme l’utilisation de véhicules électriques, l’utilisation d’énergies plus propres comme l’énergie solaire, éolienne et autres peuvent effectivement contribuer à réduire les émissions de carbone ».

Un des défis émergents est la crise croissante de la dette dans de nombreuses économies, ce qui peut freiner la lutte contre le changement climatique. Or, souligne-t-il, « les impacts du changement climatique affectent largement les secteurs économiques critiques qui sont essentiels aux économies des PEID. Il s’agit notamment du secteur du tourisme, de la pêche et de l’agriculture, qui dépendent essentiellement des conditions environnementales existantes ».

Zaheer Allam fait ressortir que le tourisme contribue à près de 20% au PIB de la plupart des PEID. Par ailleurs, la réduction ou l’augmentation des précipitations, la sécheresse, la réduction des terres agricoles due aux inondations et à l’élévation du niveau de la mer, entre autres donnent lieu à leur tour à une augmentation des incidences de l’insécurité alimentaire et une réduction des exportations de produits comme le sucre et les produits alimentaires – qui sont couramment exportés par les PEID, certaines îles étant dépendantes à 70 % de ces produits.

Employeur majeur

Une voie en mesure d’être explorée dans la lutte contre le changement climatique, suggère Zaheer Allam, est l’adoption de technologies nouvelles et émergentes, notamment l’intelligence artificielle qui peut être déployée efficacement dans les secteurs de la pêche et de l’agriculture pour améliorer la productivité, accroître la valeur ajoutée, faciliter la logistique de la chaîne d’approvisionnement et dans d’autres domaines.

Un chapitre est consacré entièrement au rôle clé des jeunes en matière de lutte contre le changement climatique. Pour Zaheer Allam, la participation des jeunes à la prise de décision mondiale ne doit pas être une affaire passive, mais active. « (…) il a été rapporté que la jeunesse a encore plus à offrir dans la lutte contre le changement climatique, notamment en ce qui concerne l’innovation et l’utilisation de la technologie. En témoigne l’utilisation généralisée de plateformes technologiques telles que les médias sociaux (par exemple Facebook, Instagram, Twitter, TikTok et autres) pour éduquer, partager des informations et alerter sur différents problèmes économiques, sociaux, politiques et environnementaux à travers le monde ». Il insiste sur la nécessité pour que les jeunes aient des compétences préalables. « L’éducation doit être envisagée en termes de développement durable et du changement de paradigme qu’elle peut apporter dans l’esprit des jeunes, lorsqu’ils sont équipés dès leur plus jeune âge pour poursuivre des activités qui ont des effets positifs sur l’environnement (…) les acteurs locaux doivent identifier, encourager, financer et s’associer aux jeunes dans leurs initiatives orientées vers le changement climatique et l’inclusion socio-économique ».

Le rapport ajoute que si le changement climatique a eu des impacts sur diverses sphères, il a également ouvert la voie à des opportunités notables comme la création d’emplois émergents dans le domaine de la science du climat par exemple. Ces offres nécessitent toutefois une formation et des compétences spécifiques. Les nouvelles opportunités d’emploi vont d’ingénieurs en environnement à des techniciens de protection en passant par des experts en énergies renouvelables, d’avocats en environnement, de spécialistes des sols et des plantes, d’experts en construction verte. Le rapport souligne que le secteur devrait devenir un employeur majeur pour les jeunes.

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