Lourde cette goutte d’eau dans l’océan !

En pleine euphorie du changement, le 16 janvier dernier, le syndicaliste Ashok Subron, devenu ministre de la Sécurité sociale et de l’Intégration, ministère doté des dotations les plus budgétivores de tous les temps, a jeté un pavé dans la mare politique. Cela se présente aujourd’hui comme une goutte d’eau dans l’océan. Oui, une goutte d’eau, mais très lourde de sens. Et comment ?

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Ce jour-là, alors que nombreux étaient ceux qui étaient en lice, et le sont encore, pour des nominations dans des instances publiques à différents niveaux, ce ministère s’est engagé dans une voie inédite. Un appel à candidatures avait été lancé dans la presse en vue de la reconstitution de la National Empowerment Foundation, un organisme constituant le symbole de l’ascenseur social. Empowerment veut tout dire.

Cet ascenseur social, qui, au lendemain de l’accession de Maurice au statut d’indépendance, a permis à plus d’un d’émerger du lot, à force de leurs efforts et de leur persévérance, pour s’épanouir au plus haut niveau du firmament de la Res Publica. Et surtout n’être reconnus que par leurs valeurs intrinsèques et nul autre critère cuisiné à la sauce politique.

Entre-temps, la perversion de ce même ascenseur social aura été un terrain fertile pour la floraison de ce qui est connu comme le chatwarisme. Ou encore l’avant-goût avek sakenn pe rod so bout. Même si a posteriori, cela veut dire plus souvent que rarement karapat sanz lisien.

Cette démarche initiée par l’esprit Rezistans & Alternativ n’aura pas été au goût de certains au sein du conseil des ministres, qui avaient un carnet de noms à satisfaire. Tout semble indiquer que la résistance à ce changement s’est arrêtée là. Le ministère de la Sécurité sociale a pu mener à terme ce processus de sélection avec appel à candidatures et le choix sur la base de dossiers ou de Track Record vérifiés et vérifiables.

Toutefois, à titre de décharge, ce recours à des appels à candidatures n’a pas généré d’effets boule de neige lors de la recomposition d’autres conseils d’administration dans le secteur public. Tout cela sans porter atteinte à l’intégrité des multiples nominations survenues depuis l’avènement du gouvernement de 60/0 de l’Alliance du Changement.

La tâche du comité de sélection institué aura eu du pain sur la planche avec les 269 dossiers de candidatures à traiter dans la transparence la plus totale et sans directive autre que les profils et expertises établis. Il n’était nullement évident de trier 40 candidats méritants pour les besoins de l’étape des interviews.

Depuis la fin de la semaine, ces neuf membres constituant le Board de la National Empowerment Foundation avec à la présidence un professionnel, qui aura déjà fait ses dents nulle part ailleurs que dans les couloirs de la station de radio et de télévision nationale, se retrouvent avec la lourde tâche de confirmer le fait que Yes We Can, comme le disait le premier président noir des États-Unis, Barack Obama. Mais surtout Yes We Can do Otherwise à la manière du tandem Subron/Parapen.

Les candidats choisis auront beau brandir les palmarès les plus éloquents dans leurs domaines professionnels respectifs, justifiant leur présence au sein de cette instance. Mais le terrain d’Upliftment des plus vulnérables et des plus démunis, dire que ces derniers n’en manquent pas au sein de la République, attend les membres de la NEF.

Qui dit Empowerment dit également lutte contre l’aliénation dans sa version juridique, désignant le résultat d’une opération qui a pour conséquence de faire sortir un bien ou un droit du patrimoine de celui qui en est l’actuel propriétaire ou l’actuel titulaire.

Ce terme Empowerment outrepasse le concept d’inclusion pour rejoindre celui de la reconnaissance du mérite de chaque Mauricien tenant compte du proviso de la section 3 de la Constitution mettant l’accent sur le « without discrimination by reason of race, place of abode, political opinions, colour, creed or sex ».

C’est aussi vrai que le Board de la NEF n’aspire pas à jouer dans la même ligue que le conseil d’administration d’Air Mauritius, en termes de stratégie économique, ou même de la Mauritius Investment Corporation Limited, qui continue à distribuer des milliards à tour de bras en dépit des faits allégués de Tainted Procedures des plus inimaginables.

La formule de nomination des directeurs de la National Empowerment Foundation demeure cette goutte d’eau dans l’océan, mais lourde de conséquences dans la voie de la bonne gouvernance malmenée, avec les épisodes de Savat Dodo ou de Maradiva Lakaz Mama Connection.

Ils ne doivent leur nomination à aucune accointance politique ou autre. D’abord, ils doivent pouvoir dire NON à tout ce qui sort du cadre, surtout à des pressions, aussi subtiles et grossières soient-elles. Ainsi, donner l’exemple aux konn-tou.

Des jeunes des années 80, littéralement à la retraite aujourd’hui, réunis au sein de l’IDP (Institut pour le Développement et le Progrès), ne croyaient-ils pas dans leur idéalisme que boukou ti dimounn kapav fer boukou ti kitsoz dan boukou ti landrwa ?

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