Secteur Bancaire : À 55 ans, la Banque de Maurice se pare d’une nouvelle jeunesse

— L’ambition de « The Future of Banking in Mauritius » est de doubler la contribution du secteur financier à l’économie et maintenir la réputation d’être « a centre of choice, excellence and repute in the region » — Confirmation du calendrier en vue de l’adoption du nouveau Bank of Mauritius Bill, une exigence du FMI, d’ici à la fin de cette année — En une année, le volume de prêts bancaires a progressé de Rs 25 milliards, dont 40%, un peu plus de Rs 17 milliards, aux ménages

La Banque de Maurice a donné, au cours de la semaine écoulée, le coup d’envoi des célébrations devant mener au 55e anniversaire de l’indépendance du pays du 12 mars 2023. En effet, l’ouverture officielle de la Banque centrale le 1er septembre 1967, sous le stewardship d’Aunauth Beejadhur, intervenant littéralement au lendemain des élections pour l’indépendance du 7 août 1967, avait précédé la première cérémonie officielle du drapeau au Champ de Mars du 12 mars 1968.

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Pour marquer cette occasion, le gouverneur de la Banque de Maurice, Harvesh Seegoolam, a placé ces célébrations sous le thème Adpating to Our Future. La cérémonie protocolaire, se déroulant devant un parterre relevé de représentants de banques centrales venant d’Afrique, d’Asie, du Moyen-Orient et d’Europe de même que des Chief Executive Officers des banques opérant à Maurice, a également vu la remise officielle d’un rapport officiel commandité par la Banque de Maurice auprès de la firme de consultants OliverWyman définissant les contours du Future of Banking in Mauritius.

Une façon de se parer d’une nouvelle jeunesse. Ce document souligne l’ambition de Maurice de doubler la contribution des services financiers au Produit intérieur brut (PIB) tout en s’assurant de maintenir « Mauritius as centre of choice, excellence and repute in the region for the banking services. » Toutefois, dans l’immédiat, la préoccupation demeure la mise en place d’un nouveau cadre légal régissant le secteur bancaire de même que le monitoring de la qualité des crédits bancaires dans un contexte inflationniste avec comme mantra le relèvement des taux d’intérêt bancaires.

Pour ce qui est du nouveau cadre légal, Harvesh Seegoolam a donné la garantie que le calendrier menant à la présentation du nouveau Bank of Mauritius Bill à l’Assemblée nationale à la rentrée du dernier trimestre sera respecté. « Updating our legal framework is key to adapting to evolution. We have already progressed significantly on our proposed new Bank of Mauritius Bill. Engagements are under way with the International Monetary Fund for their views also. We intend to submit a final draft to government for consideration in October », déclare-t-il.

De ce fait, tout laisse croire qu’un ultime round de consultations entre la Banque de Maurice et les représentants du Fonds monétaire international (FMI) pourrait se dérouler à Washington D. C. en marge de la prochaine assemblée générale annuelle de FMI et de la Banque mondiale devant se tenir au début d’octobre. La délégation mauricienne à cette grand-messe des finances sera dirigée par le Grand Argentier, Renganaden Padayachy, et comprendra également le gouverneur de la Banque de Maurice.

Dans la conjoncture post-Covid-19 et surtout après les dernières Article IV Consultations, l’exigence du FMI pour un nouveau Bank of Mauritius Bill est plus qu’évidente, voire une urgence. Le Country Report 22/223 du FMI sur Maurice en date de juillet dernier stipule que « improving the legal framework and addressing some governance issues would be welcome to further safeguard Central Bank independence. The new Act needs to match best international practices and prohibit direct financing of non-banks, other quasi-fiscal activities, and transfers to the government beyond regular profit transfers. The governance of the BOM and the MIC could be usefully reformed to support central bank independence. »

Comme pour répondre à ces recommandations du FMI, le gouverneur de la Banque de Maurice dans son intervention du 55e anniversaire, jeudi dernier, reconnaît que dans la conjoncture de la pandémie de Covid-19, « Central Banks had to be bold in their actions and decisions, while maintaining independence as monetary authorities. Being independent gives Central Banks autonomy for policy making to sustain macroeconomic stability, and to attain this very objective they had to look in the same direction as their government to salvage the economy during the pandemic. »

Pour des observateurs économiques, ces derniers extraits du discours du gouverneur de la Banque centrale pourraient être interprétés comme une salve répondant à l’insistance du FMI pour un divorce avec la Mauritius Investmenbt Corporation Limited. D’ailleurs, de son côté, le Premier ministre, Pravind Jugnauth, est monté au créneau lors de ce même forum des 55 ans de la Banque de Maurice, pour justifier in no uncertain terms les interventions de la Mauritius Investment Corporation Limited à partir d’un War Chest de Rs 82 milliards en devises étrangères, mis à sa disposition par la Banque de Maurice.
Dépréciation
de la roupie
Toujours au chapitre des dossiers les plus pressants, l’évolution des bank loans to other nonfinancial corporations, households and other sectors au cours de la période allant de juillet 2021 à juillet 2022 mérite que l’on s’y attarde. Ainsi, à la fin de juillet dernier, le montant des facilités bancaires accordées par les banques a augmenté de quelque Rs 25 milliards, soit une moyenne mensuelle de Rs 2 milliards, pour atteindre Rs 353,4 milliards, tout en excluant les transactions opérées au nom des entités opérant sous le global business sector. Au cas contraire, cet indicateur des activités économico-bancaires aura déjà crevé la barre des Rs 400 milliards, plus exactement Rs 417,2 milliards.

Néanmoins, le fait qui devra retenir l’attention demeure l’appétit des ménages pour des emprunts auprès des banques. Contrairement à la tendance enregistrée pour d’autres secteurs de l’économie, l’item des Households a connu une progression de l’ordre de Rs 17 milliards, passant de Rs 120,1 milliards à la fin de juillet 2021 pour s’établir à Rs 137,5 milliards en juillet de cette année, soit 38% du montant global des emprunts accordés par les banques commerciales. La principale composante de ces facilités bancaires s’inscrit au compte des besoins de construction résidentielle, soit Rs 95,3 milliards, représentant une augmentation de Rs 15 milliards par rapport à la période correspondante.

Ces facilités bancaires accordées aux ménages représentent l’inverse de la situation par rapport aux opérateurs dans le secteur du tourisme et de l’hôtellerie. L’ardoise auprès des banques de ce dernier secteur a régressé de l’ordre de Rs 6 milliards pour retomber à Rs 50,7 milliards, contre Rs 56,3 milliards l’année dernière. Si pour les prêts aux ménages les transactions en devises étrangères sont considérées comme étant minimes, par contre, pour la filière des accommodation and food service activities, il faudra compter sur presque du 60% en devises étrangères, presque Rs 30 milliards.

L’autre secteur économique ayant profité de la disponibilité des fonds dans le circuit bancaire a été le commerce, avec un montant de Rs 25 milliards, en progression de quelque Rs 3 milliards d’il y a un an. Les indications sont que cette hausse se justifie par la dépréciation de la roupie vis-à-vis des autres devises, car la composante de foreign currencies est passée de Rs 2,2 milliards en juillet de l’année dernière à Rs 4,8 milliards cette année.

La situation dans les autres secteurs de l’économie en matière d’emprunts est relativement timorée avec un ralentissement de 10% pour la filière des professional, scientific and technical activities pour se retrouver à Rs 20 milliards, la construction enregistrant un ajustement nominal pour être calée à Rs 17 milliards ou encore la manufacture avec une légère baisse et toujours sous la barre des Rs 20 milliards.

De son côté, le gouverneur de la Banque de Maurice, conscient du poids du secteur banaciare dans les services financiers et surtout que « we are in a transformative era for the banking sector » mise gros sur le rapport des consultants OIiverWyman, dont les représentants sont actuellement à Maurice pour des discussions en vue d’assurer le Future of Banking in Mauritius. Il ajoute que « the banking sector continues to play a crucial role in the economy of Mauritius, having grown unremittingly over the past three decades to better serve the domestic economy as well as economies in the region through the Mauritius International Financial Centre. »

« Private banking hub for affluent Africans »
Harvesh Seegoolam note dans le foreword de ce rapport que le secteur bancaire, qui dispose d’un « size of over four times the economy, has to remain at the curing edge of innovations and international regulatory developments. » L’élaboration de ce rapport sur l’avenir du secteur bancaire à Maurice a bénéficié de l’étroite collaboration de la Mauritius Bankers Association.

De ce fait, Bonnie Qiu, Chairperson de la MBA, affirme que « the recommendations in this report will provide the Mauritius International Financial Centre with the competitive edge to succeed in terms of strategic vision, new technology and business models as well as well as developing and attracting talent to Mauritius. » La N°1 de la HSBC à Maurice se dit également confiante que « the international vision from the Future of Banking report will positively spin the Mauritius International Financial Centre one of the best in Africa and Asia. »

Les consultants d’OliverWyman soulignent que « the strategy focuses on opportunities to enhance the domestic market while also increasing Mauritius’ connectivity to global markets, underpinned by the creation of strengthening fundamentals in the Mauritius market. » Sur le plan domestique, l’une des principales recommandations vise à bouger vers une cash-lite society en vue de pouvoir tirer avantage de « numerous benefits by leapfrogging the current Mauritian economy and level of sophistication of the domestic banking sector. »

Un autre facteur clé dans la transformation bancaire est d’améliorer le niveau et la qualité des produits « to address the needs of small/medium-sized enterprises to access to credit and to more sophisticated banking services to support growth of domestic companies and of the overall Mauritian economy. »

Au titre de la Global Busines Strategy, la Banque de Maurice envisage de se concentrer pour l’Asie sur une Specailised IFC for Asian Corporates, une Alternative IFC for Overseas Indian Business et d’opérer un Access Point for Asia Corporate Business into and out of Africa.

Par rapport à l’Afrique, la Banque de Maurice ambitonne de se présenter comme « a destination of choice for Africa-literate banking talent to live and work » comme un hub pour les investisseurs intéressés par le potentiel de développement en Afrique, aussi bien qu’une Specialised IFC for African Corporates et un Offshore Centre de même qu’un « private banking hub for affluent Africans. »

Le rapport, qui prévoit également une Actionnable Implementation Roadmap par étapes, maintient que « the initiatives will contribute to delivering the vision and set the Mauritius International Financial Centre on a path of sustained success », alors que’ « the Mauritius financial ecosystem is committed to making the Future of Banking in Mauritius’ strategy a tangible success. »

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