Présidentielle: le « made in France » au coeur de la campagne

Cruellement mise en lumière par une grave pénurie de masques au début de la pandémie de Covid-19, la désindustrialisation de la France s’impose comme un thème central de la campagne présidentielle d’avril, où les candidats rivalisent d’idées pour relancer la production nationale.

- Publicité -

Taxe carbone aux frontières, commande publique orientée vers le « made in France », grand emprunt… les propositions sont nombreuses pour faire revenir la France, autrefois quatrième puissance industrielle mondiale, aujourd’hui huitième, dans la cour des grands.

D’autant que l’affaiblissement économique et la désindustrialisation sont les principales sources de préoccupation pour 82% des Français, devant le chômage (77%) ou l’immigration (67%) selon un sondage Ifop début janvier.

La France, qui compte quelque 250.000 entreprises industrielles, a fermé des milliers d’usines depuis 40 ans et le nombre d’emplois industriels est tombé à quelque 3 millions en 2020 contre 5,3 millions en 1980.

Le pays a plus souffert que ses voisins de la désindustrialisation, sous l’effet conjugué de l’essor des services, de la division internationale du travail, mais aussi d’une fiscalité pénalisante, d’impôts de production trop élevés, qui ont conduit les entreprises à délocaliser massivement leur production, selon un rapport de France Stratégie.

– Plans de milliards d’euros –

Le président Emmanuel Macron, qui devrait annoncer prochainement qu’il brigue un second mandat, a reconnu l’an dernier « une erreur fondamentale » des gouvernements successifs. « Nous avons pensé pouvoir faire un pays sans usines », déclarait-il en mai dernier au magazine Zadig.

La pandémie a jeté une lumière crue sur cette réalité: la France a découvert qu’elle ne fabriquait ni masques ni paracétamol, et elle a échoué à figurer parmi les premiers pays à développer un vaccin anti-Covid, une « humiliation » selon Louis Gallois, ancien patron de fleurons comme Airbus, Safran, SNCF ou PSA.

Le gouvernement a présenté en 2020 et 2021 deux plans ambitieux de plus de 130 milliards d’euros au total visant à investir dans les secteurs d’avenir: hydrogène vert, bio-médicaments, intelligence artificielle, robotisation… et à relocaliser quelque 600 projets en France.

A l’image de la production textile, dont le retour en France s’observe par petites touches, mais très loin encore de ses niveaux d’antan.

« Il n’y a aucune fatalité, il faut rêver », assure à l’AFP Pierre Schmitt, qui a sauvé de la liquidation en 2013 une entreprise textile alsacienne qui a fait parler d’elle sept ans plus tard en produisant d’urgence des masques dans la région de Mulhouse (est) alors frappée de plein fouet par le coronavirus.

Mais « produire en France reste trois fois plus cher que produire en Chine », relève Sandrine Conseiller, la patronne de l’entreprise Aigle. Ce groupe français est néanmoins parvenu à relocaliser dans l’Hexagone une partie de sa production asiatique de bottes en caoutchouc.

–  « Souveraineté économique »  –

Les rivaux de M. Macron à la présidentielle ont également avancé plusieurs propositions pour relancer la production industrielle française. La candidate de la droite républicaine Valérie Pécresse s’engage à « défendre la souveraineté économique » du pays et préconise comme nombre d’autres candidats l’introduction « d’une taxe carbone aux frontières de l’Europe ».

Cette taxe imposée à l’entrée du plus grand marché au monde qu’est l’UE – qu’il faudra convaincre – permettrait aux producteurs français de faire face à des pays qui ne respectent pas les mêmes normes sur les émissions de CO2 ou l’utilisation de produits phytosanitaires.

La candidate d’extrême droite Marine Le Pen, qui prône le « patriotisme économique », lancerait pour sa part « un grand emprunt de reconstruction nationale » de 500 milliards d’euros que l’Etat rémunérerait à 2%, pour financer une politique vis à vis des petites, moyennes et très petites entreprises.

Toujours à l’extrême droite, Eric Zemmour entend « privilégier » les entreprises françaises via la commande publique.

A gauche, l’écologiste Yannick Jadot veut une relance verte et promet d’orienter la réindustrialisation vers les énergies renouvelables. Le candidat communiste Fabien Roussel propose la nationalisation de grandes entreprises stratégiques, et le leader de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon préconise la création d' »une agence pour les relocalisations ».

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -