Les 50 ans de carrière d’un photographe hors normes, Brahms Mahadea

Brahms Mahadea célèbre ses cinquante ans de carrière en tant que photographe, cette année. Pour marquer l’événement, le Mauritius Institute, plus connu comme le musée de Port-Louis, a récemment accueilli une exposition de photographies retraçant son long parcours, dont les 32 années passées dans la presse au sein du groupe Le Mauricien. Rencontre avec ce photographe aventurier polyglotte, qui a parcouru le monde, de l’Everest au Carnaval de Rio en passant par le Kilimandjaro au Kenya, pour ramener des photos singulières qui lui ont également valu des distinctions sur le plan international.

- Publicité -

Brahms Mahadea, figure très connue dans sa ville natale Vacoas, et que d’aucuns reconnaîtraient par ses longs cheveux et sa barbe ainsi que son cha- peau Bora Bora, qui ne le quitte quasiment jamais, prend la pleine mesure de la puissance de l’objectif à un très jeune âge. « À l’école primaire Aryan Vedic », dira-t-il.

ité à l’école. À la fin du spectacle, je me suis posé la question : qu’est-ce qui reste de ce que j’ai vu ? ». Quelque temps après, il participe à une excursion avec l’école et là, un instituteur, M. Veerapen vient avec un appareil de photographie. « Il avait fait des photos et en les voyant, je me suis dit : c’est ça la vraie magie ! », raconte Brahms Mahadea. « Les enfants qui souhaitaient avoir une photo devaient payer 25 sous ».

Cependant, c’est bien des années plus tard, à l’âge de 16 ans qu’il se rend un jour au studio Mexico à Vacoas pour acheter son premier appareil argentique de la marque Yashica qu’il conserve toujours précieusement. « C’était à Rs 210. Je l’ai payé en trois fois », se souvient-il.

Argentique

France, le responsable du studio, lui montre comment y insérer un rouleau de film et il commence à faire ses premières photos, en noir et blanc. À l’époque, souligne-t-il, c’est ce qui se faisait à Maurice et ça coûtait moins cher. « Pour les photos en couleur, il fallait, en plus, envoyer le film en Afrique du Sud, en Angleterre ou à Hong Kong », précise-t-il.

Ces premières photos n’étaient pas toutes réussies ; cependant, concède t-il, il persévère, s’améliore et très vite en produit de belles images, qu’il nous montre fièrement : l’hôtel Saint Géran, La Pirogue, l’île aux Bernaches… entre autres.

Retour au studio Mexico pour le développement et l’impression. Appréciant la qualité de ses photos, le responsable du studio le met sur quelques pistes qui pourraient soutenir le jeune photographe financièrement. « C’est ainsi que je décroche les premiers contrats pour des photos de mariage ».

Dans un deuxième temps, le photographe autodidacte est invité dans le laboratoire, ou la chambre noire du studio pour assister et aider au développement des films avant de mettre la main à la pâte. Quelques maladresses viennent égratigner ses débuts : « Monn gat 2 roulo ki monn tire avan so letan. Monn pran boukou letan pou aprann develop enn roulo fim ».

Brahms Mahadea se qualifie de photographe généraliste ayant travaillé pour la presse, pour des compagnies engagées dans des projets de développe- ment de grande envergure, ou encore faisant des photos familiales, de mariage et de la nature. « J’aime la photo en général », affirme-t-il.

Si Brahms Mahadea a commencé à faire des photos en tant que professionnel de presse en 1979, c’est en 1990 qu’il fait une demande auprès de feu Jacques Rivet, alors directeur du Mauricien Ltée, pour qui il a une pensée spéciale, pour s’y joindre à plein temps. Être photographe de presse, concède t-il, rapporte en outre une certaine notoriété.

Paysages sauvages

Durant la même année, il effectue son premier voyage. Alors qu’il devait se rendre en Italie, pour la Coupe du monde de football, grande fut la surprise lorsque arrivés à Berlin pour prendre le coach pour y aller, ses amis et lui découvrirent que cela coûtait trop cher. Ce qui les contraint à rester en Allemagne et à suivre les matchs sur des écrans géants sur la voie publique.

Sa passion pour les voyages démarre cependant, lorsque cinq ans plus tard, il décroche une bourse du Media Trust et se rend à Nairobi. La découverte de la capitale kenyane et des paysages sauvages lui injecte le goût de l’aventure ainsi que la recherche des « sujets originaux » « J’adore le safari », confie-t-il. « On a raconté que je courais après un rhinocéros ! C’est tout à fait correct. Je l’ai fait pour que les autres photographes du groupe puissent avoir une photo originale. »

Durant ce voyage, Brahms Mahadea, ayant déjà une longue expérience en tant que photographe professionnel, partage avec ses confrères venus d’ailleurs ses connaissances avec l’autorisation de son tuteur. Après ce séjour, il se rend en Afrique du Sud, notamment à Durban et à Johannesburg, pour faire des photos avant de rentrer au pays.

Brahms Mahadea a visité 27 pays, de la Chine aux pays d’Amérique du Sud en passant par des territoires africains et européens, et en garde à la fois de magnifiques souvenirs et des clichés authentiques. L’un des plus grands moments de sa carrière demeure le Carnaval de Rio et il porte la fierté d’avoir photographié une des reines de la samba ; photo qu’il a d’ailleurs exposée au Mauritius Institute.

« C’était en 2003. J’en avais entendu parler et c’était extraordinaire de vivre toute une soirée de carnaval. C’était spectaculaire », affirme-t-il. Photographier le glacier du Mont Kilimandjaro fut pour Brahms Mahadea un moment fort. Ces clichés lui ont d’ailleurs valu une reconnaissance internationale à la plus grande exposition internationale de photos, Photokina. « Cette photo était parmi les 20 sélectionnées sur plus d’un millier », fait-il ressortir. « J’ai également eu ma cinquième étoile en tant que photographe, de l’Association for the International Cultural Exchange, de Shanghai, en Chine », poursuit-il.

Parcourir le monde pour faire des photos requiert une préparation. Il faut d’abord avoir suffisamment d’argent. « Ena plas pa kapav ale parski tro ser », souligne M. Mahadea. « Il faut aussi faire des demandes de visa ». Parfois le photographe voyage seul, mais pas toujours. « Il faut s’assurer de sa sécurité car il est dangereux de voyager seul dans certains pays. Il faut alors se déplacer en groupe. La plupart du temps, les hôtels organisent les sorties. Cela peut aussi se faire à la demande », fait-il ressortir.

Brahms s’aventure, s’enfonce dans la forêt, se rend au bord des cascades ou sur les sommets pour ramener des photos rares. « Je suis un aventurier dans l’âme. J’aime expérimenter, connaître le parcours et la fatigue pourra mener de belles images ».

Dans le cadre de son ex- position au Mauritius Institute, Brahms Mahadea avait fait une sélection qui regroupe environ 150 photos de Maurice, d’Afrique du Sud, du Kenya, de l’Ouganda, du Brésil, de la Chine, du Népal et de la Tanzanie. Il montrait des photos prises depuis 1970 à 2021 dont l’un des derniers montre le souffle spectaculaire des rochers de Souffleur, dans le sud de l’île.

 

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -