MARCHE SUR LE FEU: Les flammes de la foi

Le Theemedhi (marche sur le feu) fait partie du culte tamoul. Après le Thaipoosam Cavadee, ce sera la prochaine cérémonie célébrée dans plusieurs temples de l’île, à différentes périodes. Cette cérémonie en l’honneur de la déesse Amen est pleine de significations anciennes.
Le Theemedhi est un acte de foi pour remercier la déesse Amen et pour purifier son corps et son âme. Beaucoup de dévots tamouls marchent sur le feu pour honorer une promesse qu’ils ont faite à la déesse Amen. Certains souhaitent se sortir d’une épreuve difficile, d’autres font le voeu d’avoir un enfant, d’autres encore veulent réussir à un examen. Chacun fait la promesse à Amen de marcher sur le feu si son voeu se réalise.
D’autres personnes le font par acte de foi et de dévotion. “J’ai marché sur le feu à 17 reprises, pour me rapprocher de Dieu”, confie Jayvine Chinappen, 27 ans. Il le fait pour se purifier et éloigner la négativité de son corps. Comme lui, Krissen Vencatasawmy marche sur le feu pour se purifier.
Carême.
Dix jours de carême sont observés avant de pouvoir marcher sur le feu. “On ne mange que des légumes, et les repas doivent être préparés uniquement chez soi. Il est important de respecter ce carême pour affronter la braise avec conviction”, souligne Jayvine Chinappen. Le dévot doit observer deux à trois sessions de prières par jour, dormir sur une natte à même le sol, se laver avec une eau mélangée avec du safran et de feuilles de lilas. “On prépare son corps pendant dix jours pour être prêt le jour de la marche”, ajoute Jayvine Chinappen.
Les dévots observent dix jours de carême, mais d’autres le font pendant 18 jours, souligne Krissen Vencatasawmy. “Certains observent le carême pendant 18 jours, ce qui explique pourquoi le tapis de braise fait 18 pieds. Cela varie selon les régions, mais la base reste la même.”
Tapis de braise.
La marche sur le feu est précédée d’une cérémonie et d’un pèlerinage jusqu’au temple. Arrivé au temple, le cortège se répartit autour du brasier. Les prêtres entourent les braises de pétales de flamboyants, de lilas… Ils font plusieurs prières au son des tambours et des chants. Ensuite, les dévots qui vont marcher sur le feu s’avancent vers le tapis de braise. Le prêtre passe en premier. Il bénit ensuite chaque fidèle qui passe (un à un ou par deux) sur ce tapis gris de braises brûlantes. Les dévots marchent, parfois les mains sur la tête, impassibles.
Le tapis de feu se termine toujours par un petit bassin creusé dans la terre et rempli de lait, qui apaise les brûlures. “Ce bassin de lait est aussi une façon de se laver de toutes les négativités après qu’on les a brûlées sur le charbon. On se lave de nos pêchés”, dit Krissen Vencatasawmy.
Promesse.
Victime d’un accident de la route, Sarojeenee Palanee est restée immobile pendant des mois. Ses parents ont fait une promesse à la déesse Amen : leur fille marchera sur le feu après sa guérison. “Quand je me suis remise de ce grave accident et que j’ai pu marcher comme avant, j’ai observé le carême pour marcher sur le feu et honorer la promesse de mes parents”, raconte Sarojeenee. “Beaucoup de dévots marchent sur le feu après la réalisation d’un voeu. C’est une façon pour eux de rendre grâce à la bonté de la déesse Amen”, souligne Jayvine Chinappen.
Purification.
Certains marchent sur le feu pour honorer une promesse faite à la déesse Amen. D’autres, comme Krissen et Jayvine, le font pour se purifier. “En marchant sur le feu, la chaleur absorbe toutes les négativités en nous. Nous nous sentons purifiés et plus proches de Dieu”, confie Jayvine.
Krissen précise que beaucoup de dévots le font par habitude. Pas pour remercier la déesse Amen, mais pour “honorer la victoire du bien sur le mal”. Pour apporter plus de lumière dans leur vie et ceux de leurs proches.
La foi.
“On n’a pas peur quand on se retrouve devant le tapis de braise, car on est guidé par la foi. Si on a observé le carême comme il faut, on ne craint rien”, confie Sarojeenee Palanee. Elle se souvient de sa première fois; elle avait 17 ans (elle en a 25 ans, aujourd’hui) : “J’avais un peu d’appréhension au départ en sortant de la maison. Mais arrivée au temple, lorsque j’ai vu tous ces gens marcher sur le feu, je me suis sentie transportée. Je n’avais plus peur. J’ai traversé ce voile de braise sans aucune peur. La foi est au-dessus de tout.”

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