Milan Meetarbhan, qui animait une conférence sur le thème « SSR et les développements constitutionnels à Maurice », mercredi, à l’auditorium Octave Wiehe, a présenté sir Seewoosagur Ramgoolam comme la Towering Figure du XXe siècle pour Maurice.
Dans son intervention de près d’une heure, Milan Meetarbhan, qui est également l’auteur d’un livre sur la Constitution de Maurice, a brossé les grandes lignes de la carrière du Père de la Nation. Il a relevé que dès 1936, soit une année après son retour au pays, dans un article publié dans la presse pour marquer l’arrivée des immigrants indiens à Maurice, il avait présenté ce qui peut être qualifié de « manifeste pour le développement de Maurice ».
En 1945, sir Seewoosagur Ramgoolam avait fait partie d’une commission consultative sur la Constitution de Maurice, témoignant dès lors de son intérêt pour le développement constitutionnel. Et en 1948, il entre au Parlement comme représentant de la circonscription Pamplemousses/Rivière-du-Rempart.
« En 1951, il occupe la fonction de Liaison Officer pour l’Education. Il avait accepté cette fonction parce qu’il était conscient de l’importance de l’éducation comme la clé pour l’émancipation des travailleurs et de la population. Il devait être, par la suite, un des artisans de l’introduction du suffrage universel à Maurice lors des élections générales de 1958. Il a été maire de la ville de Port-Louis, avant de devenir Premier du pays et ensuite Premier ministre après l’accession de l’île à l’indépendance en 1968 et finalement gouverneur général en 1983 », soutient l’intervenant.
Milan Meetarbhan a choisi, afin de mieux cerner la personnalité de SSR, de diviser son intervention en trois décennies, à savoir les tranches de 1938-1948, de 1948-1958 et de 1958-1968. Pour lui, dès le début, l’Ethnic Politics a été un Dominant Feature dans la vie politique et constitutionnelle du pays. « Il y a eu, dans un premier temps, la division entre les oligarques blancs et les colons. Dans le cadre des débats, un courant en faveur de la rétrocession de Maurice à la France avait émergé en 1912. Par la suite, il y a eu le péril hindou, caractérisé par les attaques de NMU contre les leaders hindous et contre l’introduction du suffrage universel. Ce qui n’a pas empêché l’introduction du suffrage universel à Maurice en 1958 », rappelle-t-il.
Milan Meetarbhan a expliqué les raisons pour lesquelles feu sir Seewoosagur était contre les recommandations de Banwell concernant l’introduction de la représentation proportionnelle. « Cela aurait divisé le pays sur une base communale. »
La lutte pour l’indépendance devait également donner lieu à une polarisation ethnique. « C’est la raison pour laquelle la Constitution de Maurice contient des garde-fous qui n’existent dans aucune colonie britannique qui a obtenu son indépendance. » Il a cité, entre autres, l’indépendance de la police et du Directeur des Poursuites Publiques (DPP), de la Public Service Commission et finalement le système de Best Loser. « Dans le but de rassurer la population, le Premier ministre mauricien devait disposer de moins de pouvoir que ceux que détenaient les chefs de gouvernement des autres ex-colonies britanniques », fait-il comprendre.
Milan Meetarbhan a aussi profité de l’occasion pour briser plusieurs mythes concernant sir Seewoosagur. C’est ainsi qu’il a fait comprendre qu’il n’est pas vrai de dire que « SSR était une fabrication des Anglais ». Il a rappelé l’engagement de SSR, entre autres, auprès du Parti du Congrès indien. Ce qui lui avait permis d’être en contact avec des dirigeants indiens. « Il n’est pas vrai non plus de dire que SSR était contre les droits de vote aux femmes. » La vérité dans les années 40, selon Milan Meetarbhan, était qu’il était pour l’éducation des femmes. « Toutefois, il se trouvait qu’en 1948, c’était uniquement les femmes de la bourgeoisie qui étaient éduquées et pouvaient voter. Ce qui, au lieu de créer l’équité, aurait créé un déséquilibre. » Il a rappelé qu’avec l’introduction du suffrage universel, hommes et femmes étaient en mesure de voter.
Qui plus est, Milan Meetarbhan a réfuté les arguments selon lesquels SSR aurait vendu les Chagos aux Britanniques. « Il est impossible d’imaginer qu’une colonie aurait pu vendre son territoire à une puissance coloniale. » Il a terminé sa conférence en citant une série de citations faisant les éloges de SSR dont celle de Cyril Leckning, de Malcolm de Chazal, d’Henri Souchon et, finalement, de sir Anerood Jugnauth. Et ce, en se posant la question de ce qu’aurait été le pays sans sir Seewoosagur Ramgoolam…