Abolition de l’esclavage – Le PM : « Nous pouvons corriger les injustices engendrées par l’histoire »

Navin Ramgoolam : « On parle des députés qui auraient dépassé légèrement la limite des dépenses électorales, mais L’Alliance Lepep a dépensé des milliards lors des dernières élections »

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La commémoration officielle du 190e anniversaire de l’Abolition de l’Esclavage à Le-Morne, samedi, a permis aux principaux intervenants de revenir sur l’importance de la dignité, de la liberté et la solidarité, d’où la nécessité de connaître l’histoire du pays. « Nous ne pouvons changer l’histoire du pays mais nous pouvons corriger les injustices qu’elle a engendrées », affirme le Premier ministre, Navin Ramgoolam. D’autre part, le Premier ministre adjoint, Paul Bérenger, a récusé l’image à l’effet que les esclaves et les travailleurs engagés étaient des moutons. « Au contraire, tout au long de l’histoire, les esclaves et les travailleurs engagés se sont soulevés contre l’esclavage et l’engagisme », dit-il.

La matinée a été marquée par la cérémonie de dépôt de gerbes au monument international de la route des esclaves au pied de la montagne de Le-Morne. Navin Ramgoolam, le vice-président de la république, Robert Hungley, Paul Bérenger ainsi que les ministres Arianne Navarre-Marie, Mahendra  Gondeea, la ministre déléguée à la Culture, Veronique Leu Govind, le leader de l’opposition, Joe Lesjongard, la doyenne du corps diplomatique, Nelly Manzini, le président du conseil de district,  Kemraz Ortoo, et la présidente du conseil de village du Morne Marie Sylvaine Auguste y ont pris part.

De son côté, le Premier ministre a présenté la montagne de Le-Morne comme  le témoin vivant qui raconte une partie de l’histoire du pays. « L’esclavage fait partie de l’histoire du pays. Ce n’est pas l’histoire d’une communauté mais le déroulement de l’histoire du pays. Chaque Mauricien peut imaginer comment vivaient des esclaves à l’époque. Cette montagne est le symbole de résistance et est, dans un sens, la célébration de la liberté. La liberté n’a pas de prix et n’est pas une option », exhorte-t-il.

Pour lui, la montagne du Morne est également un symbole de courage.  « Des esclaves ont sauté de la montagne plutôt que de revivre comme esclave. À ce propos, il a cité une phase célèbre de Patrick Henry, gouverneur de la Virginie, relevant d’un discours prononcé en 1775 dans le contexte de la guerre contre la Grande-Bretagne en faveur de l’indépendance : Give me liberty or give me death », poursuit le Premier ministre.

Par ailleurs, le chef du gouvernement est revenu le sort infligé aux membres de l’opposition entre 2015 et 2024. « Ceux qui militaient contre les abus et l’injustice avaient toutes les chances d’être enfermés comme des criminels », a-t-il mis en avant. Et ce, avant d’ouvrir une parenthèse pour indiquer que « l’on parle de certains députés ayant supposément dépassé légèrement le seuil des dépenses électorales, mais que les tenants de l’ancien régime auraient dépensé des milliards de roupies dans le cadre des dernières élections générales. J’ai une idée du montant qu’ils ont dépensé. »

Le Premier ministre a ajouté que « malgré la propagande et l’argent, les Mauriciens ont choisi la liberté et pas l’argent. Ce qu’a fait la population est admirable. L’Alliance du Changement est parvenue à convaincre la population que la liberté n’a pas de prix. Les dernières élections ont vu la victoire de la liberté mais également de l’unité. Nous pouvons être différents mais nous avons une chose en commun, la dignité. Trois choses sont importantes : la dignité, la liberté et la solidarité. C’est la raison pour laquelle nous devons connaître notre histoire afin de corriger les injustices. » Il a dit avoir pris note les remarques de Marie-Veronique Leu-Govind concernant la situation des habitants du village Le Morne. (Voir plus loin).

Le Premier ministre a également souligné comment la langue créole unit tous les Mauriciens. « Nous parlons tous le kreol. C’est le gouvernement de l’Alliance du Changement qui a pu introduire la langue kreol au niveau du HSC », confirme-t-il. Il a aussi évoqué la création de la Commission Vérité et Justice – sur les conseils de Desmond Tutu – en vue de faire cicatriser les plaies d’injustice et de souffrance du passé.

Par ailleurs, il a rendu hommage au Morne Heritage Trust Fund pour le travail abattu et s’est réjoui d’avoir vu les enfants chanter l’hymne national. « Il faut voir l’avenir. Chaque enfant mauricien doit sentir qu’il appartient à ce pays », a-t-il conclu.

Paul Bérenger a déclaré qu’un pays qui ne connaît pas son histoire est comme un bateau sans gouvernail tout en indiquant que l’esclavage et l’engagisme ont occupé une place importante dans l’histoire du pays. « La résistance contre l’esclavage ainsi que l’engagisme ont marqué l’histoire du pays », a-t-il dit.

À ce propos, le Premier ministre adjoint a trouvé qu’il n’est pas juste de dire que les esclaves et les travailleurs engagés étaient des moutons. Tout au long de l’histoire, les esclaves et les engagés se sont soulevés contre l’esclavage et l’engagisme. Il a cité le cas des esclaves de Haïti, qui ont été les premiers à lutter contre l’esclavage, les Haïtiens ayant même réussi à obtenir l’indépendance de leur pays.

Paul Bérenger a aussi affirmé qu’à leur départ du pays, les colonisateurs hollandais avaient laissé une cinquante d’esclaves à Maurice, qui sont connus comme les esclaves marrons (voir texte plus loin). Pour lui, il est important de savoir que dès l’arrivée des Hollandais à Maurice avant la période française, plusieurs communautés étaient présentes à Maurice dont des Indonésiens, des esclaves venus de Mozambique, de Madagascar et de l’Inde. Il a aussi félicité l’université de Maurice et le ministère de la Culture pour l’organisation d’une conférence sur la Route des esclaves en ce début de semaine.

Pour sa part, le ministre de la Culture Mahen Gondeea a souligné que Le-Morne, en sa qualité de patrimoine mondial de l’UNESCO, est le symbole de la liberté. « La liberté n’est pas une option mais un droit fondamental », a-t-il fait ressortir

Le ministre a remercié tous ceux qui ont permis de faire de la cérémonie organisée, samedi, un succès, dont le Premier ministre et le Premier ministre adjoint ainsi que la ministre déléguée Véronique Leu-Govind et la conseillère culturelle Jasmine Toulouse, qui sera bientôt nommée représentante au regard de l’UNESCO.

La partie spectacle a été marquée par un numéro présenté par les élèves des institutions scolaires de la région. Deux numéros ont été présentés respectivement par Christelle Spéville et par Juguilio Pierre Louis.

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