Alors que l’épidémie de Dengue s’étend et a déjà  fait 2 morts : Le tardif come-back  de Kailesh Jagutpal

Quel moustique l’a donc piqué ? Avec quatre sorties en une semaine, le ministre de la Santé, Kailesh Jagutpal, fait son grand come-back sur la scène publique et médiatique. Comme pour le Covid, c’est la dengue qui aura sans doute poussé le ministre à sortir sur le terrain encore plus que d’habitude. Avec la barre des 1 000 cas de dengue atteints et déjà deux morts, l’heure est aux démonstrations de force. Fumigateur à la main, c’est un ministre de la Santé qui se veut engagé et au plus près du peuple qui se dessine, dans une conjoncture préélectorale alors que l’épidémie de Dengue s’étend.

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Jeudi, c’est dans la circonscription N°11 à l’hôpital Jawaharlal Nehru, non loin de sa circonscription (N°13) qu’il fait sa première sortie. À l’inauguration des Ladies’s Ward 1-6 rénovées par ABSA Group Limited jeudi matin, plusieurs personnalités politiques de l’île ont fait le déplacement, dont la nouvelle ministre des Petites et moyennes entreprises, Naveena Ramyad, le ministre de l’Agro-industrie, Mahen Seeruttun, et la PPS Teena Jutton. Avec le nombre crescendo de cas de dengue en toile de fond, Kailesh Jagutpal a l’air pourtant serein et porte un discours rassurant. Comme dirait l’autre, ce fut un événement « picture perfect », malgré les circonstances pesantes.

Plus tard dans la journée de jeudi, c’est à l’hôpital Victoria à Candos qu’il se déplacera pour l’inauguration du Sunlife Children’s Cancer Ward, à l’occasion de la Journée internationale du Cancer de l’Enfant. « La situation est, à ce jour, under control », indiquait-il à la presse, à l’issue de la cérémonie. Toujours aussi calme, il est engageant et se prête au jeu des questions-réponses. Évoquant la pandémie Covid, il explique que les officiers de son ministère aguerris sauront endiguer cette crise (dengue), avec la collaboration des citoyens qui ont une « responsabilité partagée ».

« Kas palto »

Quant à la possibilité d’un troisième décès lié à la dengue rapporté tôt jeudi matin, le ministre de la Santé s’est encore une fois exécuté calmement, rappelant que « nous ne confirmons pas que ce décès soit lié à la dengue et nous devons attendre le rapport de l’autopsie. Vous savez, l’on ne décède pas de la dengue, mais des autres complications de santé qui peuvent en découler, avec la baisse des plaquettes de sang, entre autres. »

Au lendemain, soit vendredi après-midi aux Salines, le ministre de la Santé « kas palto » pour lancer les Vector Control Activities. Après le calme apparent des derniers jours, c’est un Kailesh Jagutpal se montrant déterminé, fumigateur à la main, déclarant « la guerre à la dengue » qui se présente à la presse. Finalement, c’est hier matin à Pamplemousses pour la cérémonie de remise de clés d’ambulance qu’il fera encore une apparition officielle et médiatisée, suivie plus tard dans la journée de la réunion du comité inter-ministériel.

Pour conclure, après l’épisode du Covid, l’on remarque deux choses. D’une part, les officiers aguerris sont mieux équipés (physiquement et, espérons-le, psychologiquement) pour agir sur le terrain avec notamment la mise en place de stratégies. Et d’autre part, l’équipe de communication de la Santé semble avoir bien reçu le mot sur l’importance d’une présence accrue des figures d’autorité sur le terrain en période de crise, surtout lorsequ’on a raté le train au départ. Si ce changement d’opérer relève du damage control, bien imaginé par l’équipe de com du gouvernement surtout dans l’intérêt public, force est de remarquer que paradoxalement ,tout cela tombe à point nommé pour Kailesh Jagutpal, à quelques mois de l’échéance électorale…

DENGUE : Maurice sur le qui-vive

Le nombre de cas dépasse les 1 100

643 demeurent actifs, 80 hospitalisations et deux décès officiels déjà

Maurice fait face à une montée préoccupante des cas de fièvre dengue, avec le cap des 1 100 cas franchi, dont 643 demeurent actifs selon les données enregistrées à vendredi. Cette flambée épidémique suscite des préoccupations croissantes parmi les autorités sanitaires et la population, mettant en évidence la nécessité d’une action urgente et coordonnée pour endiguer la propagation du virus.

Le ministère de la Santé a confirmé que depuis le 11 décembre dernier, 1 109 cas de dengue ont été enregistrés à travers le pays, avec une concentration notable autour de Port-Louis. Rodrigues, bien que moins touchée, compte également 222 cas actifs sur 347. Malheureusement, deux décès ont été officiellement attribués à la maladie jusqu’à présent, un homme de 88 ans et une femme de 48 ans. Un autre décès, celui d’une femme de 33 ans, testée positive à la fièvre, n’est cependant pas comptabilisé comme étant dû à la dengue, selon le ministère de la Santé, soulevant des questions quant à la précision des statistiques et à la reconnaissance des cas.

Jagutpal enfin sur le terrain

Face à cette situation alarmante, le ministère de la Santé a redoublé d’efforts cette semaine, enclenchant enfin une stratégie de lutte pour endiguer la propagation de la maladie. Des exercices de fumigation ont finalement été programmés dans plusieurs régions, notamment à Canal Dayot, Plaine Lauzun, Pailles, et d’autres encore. Une centaine d’officiers ont été mobilisés à cet effet. Vendredi, le ministre de la Santé, Kailesh Jagutpal, a fini par descendre sur le terrain et a participé à une opération de fumigation aux Salines, Port-Louis. Quoiqu’affirmant que “la situation n’est pas alarmante”, Kailesh Jagutpal — estimant que des facteurs tels que le passage du cyclone Belal, avec des accumulations d’eau, des chutes de branches et d’arbres, sans oublier les drains qui ont aussi retenu plusieurs déchets et ont contribué à l’augmentation des cas — insiste sur l’importance de ces actions. Concernant les cas admis dans les hôpitaux, il a déclaré qu’il y a actuellement 80 patients hospitalisés.

Effets de la campagne dans 4 semaines

Le ministre a également ajouté que certains patients atteints de dengue sont autorisés à rentrer chez eux et sont suivis par la Domiciliary Monitoring Unit. Interrogé sur la possibilité d’un mini-confinement en raison de la situation actuelle, il a simplement répondu qu’il est nécessaire d’intensifier les efforts pour identifier les foyers de la maladie.

S’attardant sur la stratégie en cours pour éradiquer la dengue à Maurice, le ministre a souligné que la campagne lancée par son ministère et d’autres autorités produira des résultats positifs dans les quatre prochaines semaines. Plusieurs équipes du ministère de la Santé sont actuellement mobilisées pour lutter contre la maladie, rappelle-t-il, indiquant qu’outre une unité de contrôle des vecteurs chargée d’évaluer la densité des moustiques, d’autres équipes, dont celle de la  Special Mobile Force et de l’Environnement, sont également mobilisées.

L’efficacité des actions remise en cause

Elles mènent des opérations de fumigation dans plusieurs régions quotidiennement. Cependant, les autorités estiment que l’éradication des moustiques qui transmettent la dengue relève également de la responsabilité citoyenne. Les campagnes de fumigation ne s’avéreront efficaces que si les Mauriciens adoptent les bons réflexes, à savoir maintenir leur environnement propre et éviter toute accumulation d’eau chez eux.

Cependant, malgré ces mesures, plusieurs professionnels de santé expriment des inquiétudes quant à l’efficacité des actions entreprises jusqu’à présent. Ils mettent en avant la nécessité d’une approche plus intégrée et proactive, impliquant un comité de haut niveau dirigé par le Premier ministre et engageant plusieurs ministères clés pour une réponse globale à cette crise. Selon ces experts avertis, il est urgent d’adopter une stratégie de surveillance et de contrôle intégrée des vecteurs, tout en renforçant la surveillance génomique du virus pour mieux comprendre sa dynamique et élaborer des réponses adaptées.

Ces professionnels de santé soulignent également l’importance d’une sensibilisation accrue et de la mobilisation de la population pour lutter contre la dengue. Des mesures telles que le maintien d’un environnement propre, la destruction des sites de reproduction des moustiques et l’utilisation de répulsifs sont essentielles pour compléter les efforts des autorités sanitaires. Plus que jamais alors que l’épidémie de dengue continue de se propager à Maurice, une action coordonnée et efficace s’avère indispensable pour contenir la situation et éviter une escalade vers une endémie, aux conséquences potentiellement désastreuses pour la santé publique et l’économie du pays.

Le GM redouble d’efforts, affirme Steven Obeegadoo, PM.i

Alors que des critiques pleuvent quant à la réaction tardives des autorités sanitaires, le Premier ministre par intérim, Steven Obeegadoo affirme lui, que le gouvernement fait de son mieux pour prévenir la propagation de l’épidémie de dengue à Maurice. C’est ce qu’il a déclaré hier après-midi, au New Cancer Hospital. Cela, à la suite d’un comité interministériel chargé de coordonner les actions visant à éviter la prolifération des cas de dengue à Maurice, qu’il avait présidé plus tôt en présence de nombreux ministre et de la représentante de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) à Maurice, le Dr Anne Marie Ancia. Rapellant que le 7 février dernier, le Premier ministre Pravind Jugnauth a présidé une première réunion de coordination avec les parties prenantes concernées afin de mener une réponse efficace à cette menace sanitaire que représente la dengue, Steven Obeegadoo a indiqué avoir fait le point, une semaine plus tard, en vue de voir  l’évolution de l’épidémie, revoir le protocole de santé et discuter des mesures prises dans tout le pays par les ministères et les autorités pour contrôler et combattre la propagation de la maladie ainsi que d’initier une campagne de sensibilisation pour le public.

Le PM par intérim a aussi indiqué que l’assistance du secteur privé serait sollicitée dans cette lutte, rappelant la nécessité de la collaboration de tous pour mettre fin à l’épidémie le plus rapidement possible.

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