(Chagos) Charles Telfair Campus : Philippe Sands incite Maurice à maintenir sa pression sur la GB…

… par le biais des agences internationales spécialisées

Le professeur Philippe Sands a conquis mercredi l’assistance du Charles Telfair Campus à l’occasion de sa conférence sur le thème « A short story of colonialism, a modern crime against Humanity. Chagos archipelago : the last british colony in Africa ». « Je voulais raconter l’histoire des Chagos », a-t-il déclaré en s’appesantissant sur le fait qu’« à l’exception de la Grande-Bretagne, des États-Unis et de trois autres pays, tous les territoires reconnaissent que l’ère du colonialisme est terminée pour Maurice. »

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« Les Mauriciens doivent être un peu fiers de ce que Maurice a obtenu contre les grands pays »,fait ressortir Philippe Sands. Il souligne que les autorités mauriciennes peuvent continuer à exercer la pression sur la Grande-Bretagne par l’entremise des agences internationales spécialisées. Il a incité Maurice à poursuivre son action diplomatique en ce sens.

Pour lui, « adviendra le jour où la Grande-Bretagne craquera ». Le juriste de renommée international fait ressortir que les Chagos sont actuellement desservis de manière illégale par les services de communications. Il a aussi noté que Sportbet.io opère en toute illégalité car cette agence n’a pas le droit d’utiliser le domain name .IO qui veut dire océan Indien.

Il est revenu sur les raisons pour lesquelles, il tient la déportation des Chagossiens à cœur. Ses grands-parents avaient été déportés de Vienne durant la Seconde Guerre mondiale. Il évoque cette histoire dans son livre intitulé East West Street. La raison, sans doute, pour laquelle il considère que la déportation des Chagossiens est un crime contre l’humanité.
Au cours de son intervention, Philippe Sands a retracé les circonstances dans lesquelles les Chagos avaient été détachés de Maurice. La Grande-Bretagne avait conclu secrètement un accord avec les États-Unis quant à la mise à disposition de Diego Garcia. Afin de justifier leur démarche, les Britanniques ont tout fait pour mentir à la Communauté internationale et faire accroire qu’il n’y avait pas de population indigène aux Chagos à l’exception de quelques Tarzan et Men Friday.

Philippe Sands a démontré que non seulement il y avait une population indigène aux Chagos mais les parents et les grands-parents de Mme Elysé sont nés aux Chagos. Il a, à ce propos, rediffusé les propos tenus dans une vidéo projetée à la Cour internationale de justice, pour exprimer sa volonté de retourner dans sa terre natale où elle souhaite être enterrée.

Concernant le « consent » donné par Maurice au regard des Chagos avant son accession à l’indépendance en 1968, Philippe Sands a expliqué que la CIJ a démontré qu’il était nul and void» car Maurice – qui était encore colonie britannique – n’était pas en position de s’opposer à la pression britannique. Pour lui, dès le départ le fait que l’excision des Chagos était illégale et condamnée par deux résolutions des Nations unies fait que les compensations accordées à différents moments à Maurice et aux Chagossiens n’ont aucune importance.

Philippe Sands a évoqué la démarche de sir Anerood Jugnauth de réclamer le retour des Chagos à la souveraineté mauricienne aux Nations unies en 1982 et les tentatives de porter l’affaire devant la Cour internationale de justice.

Pour sa part, Jagdish Koonjal, ambassadeur de Maurice à New York, a expliqué qu’il n’était pas possible de présenter une résolution dans ce sens à l’Assemblée générale des Nations unies en 2016. C’est d’ailleurs à cette époque que Philippe Sands a commencé à s’intéresser à ce dossier.

Un autre moment fort de la lutte en vue d’obtenir le retour des Chagos a été lors de la décision de la Grande-Bretagne de proclamer les eaux territoriales des Chagos Marine Protected Area. Devant le Tribunal des Droits de la mer, Maurice a obtenu que cette décision était illégale et que seule Maurice avait le droit de prendre une telle décision.

Philippe Sands reconnaît que ce jugement est fondamental par la suite dans le cadre de la préparation des dossiers en vue de compléter la décolonisation de Maurice. Il a aussi rappelé le rôle joué par SAJ lors de son plaidoyer devant la Cour Internationale de Justice.
À la question de savoir s’il n’aurait pas été mieux de trouver les moyens d’un arbitrage pour régler le contentieux entre Maurice et la Grande-Bretagne, Philippe Sands estime que cela n’a pas sa raison d’être car les Nations unies reconnaissent que Maurice a le droit de souveraineté sur les Chagos.

« C’est cela qui est important », a-t-il dit. L’avocat estime que Maurice doit poursuivre son action diplomatique en amenant les institutions spécialisées à reconnaitre la souveraineté de Maurice. Il s’est dit convaincu qu’un jour ou l’autre que l’on pourra se rendre aux Chagos.

S’agissant de la question de savoir si Maurice doit exercer sa souveraineté sur toutes les îles des Chagos sauf Diego Garcia, le professeur Sands a précisé que la souveraineté de Maurice concerne tout l’archipel des Chagos.

Dr Myriam Blin, directeur de Charles Telfair Campus, a remercié Philippe Sands pour cette conférence magistrale. Elle a souhaité que le professeur britannique donne une nouvelle conférence le jour où il sera en route vers les Chagos en compagnie des Chagossiens.

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