La farce pré-électorale

Il nous la refait, sa farce pré-électorale! Et il ose croire que la population va gober sa manœuvre grossière. Un peu de sérieux quand même parce que le sujet est l’un des fondements du système démocratique et de son équité.
Le communiqué émis à l’issue de la dernière réunion du Conseil des ministres indique qu’une ébauche de projet de loi sur le financement des partis politiques et de possibles amendements à la constitution sera présentée, afin de recueillir les vues des partis, du secteur privé et de la commission électorale.
At this late hour ? À la veille des échéances comme en 2019. Pourquoi maintenant et pas en début de mandat, dès 2019 ou 2020, en y allant avec méthode et détermination pour obtenir la plus large adhésion possible ? Ces questions sont absolument légitimes dans la mesure où il y a eu un black-out total de la question du financement des partis depuis 5 ans.
Les mesures contraignantes comme le ré-enregistrement des cartes SIM étaient apparemment plus urgentes qu’un indispensable assainissement de nos mœurs politiques, trop longtemps viciées par des financements parfois occultes et, pour certains, entachées parce que provenant du trafic de drogue et autres circuits du blanchiment.
Si le gouvernement était vraiment sérieux sur cette problématique du financement des partis politiques, il s’en serait pris autrement. D’autant que la dernière tentative de 2019 s’était soldée par un échec, faute de consensus à l’Assemblée Nationale. Puisque que le législatif est concerné au premier chef et que le projet requiert une majorité de trois quarts en cas de modification de la constitution, pourquoi ne pas avoir fait comme durant le mandat 2000/2005 ?
Les choses avaient été bien faites à cette époque avec la commission Sachs et ses préconisations sur la réforme électorale et le financement des partis politiques, d’abord, et l’institution, ensuite, de Select Committees pour se pencher sur les deux aspects et affiner les propositions. Même si malheureusement et pour des raisons qui sont du domaine de l’histoire, l’obstruction du MSM, elles n’ont pas été traduites en textes concrets et effectifs.
En attendant de prendre connaissance des nouvelles propositions du gouvernement pour voir plus clair dans ses véritables desseins, la campagne pour le 1 er mai et le coup d’envoi des prochaines législatives sont, eux, loin d’être une farce.
Qu’il y ait des dérapages langagiers de seconds couteaux ou de nouveaux venus ne maîtrisant pas encore la communication, cela peut se comprendre, même si ce n’est en rien excusable, mais qu’un Premier ministre abuse des activités financées par tous les contribuables de ce pays et les plus de 60% qui n’ont pas voté pour lui au dernier scrutin législatif, pour tenir des meetings politiques et choisir un ton aussi hargneux, violent en général et particulièrement obsessionnel à l’encontre de Navin Ramgoolam est inacceptable.
Il va mettre ses adversaires KO, il va “démonter” les dirigeants des Nouveaux Démocrates dont Véronique Leu-Govind, il veut construire des médi-cliniques avec l’argent du coffre du leader du PTr. Son programme est d’une hauteur et d’une finesse inégalées.
Le plus sidérant dans ses interventions politiciennes est qu’il frise souvent le ridicule. Se prenant pour Mike Tyson, Usain Bolt ou Armand Duplantis, il se permet de faire la leçon à tout le monde sur le sport. En justifiant surtout son projet Côte d’Or, tout en omettant de dire qu’en voulant à tout prix rentabiliser son joujou et privilégier sa circonscription, son gouvernement a organisé la décrépitude accélérée des autres complexes sportifs, à commencer par le mythique stade George V, rénové au coût de Rs 92 millions mais vite transformé en piscine lors des JIOI de 2019.
Et le jour où le PM se vantait de ses exploits dans le domaine sportif, les journaux faisaient état des difficultés de trois fédérations au moins pour réunir les sommes devant servir au financement du déplacement de leurs athlètes pour des compétitions régionales ou internationales.
Une toute petite partie des Rs 400 millions de publicité de Liverpool aurait pourtant fait l’affaire. Et s’il veut vraiment connaître son bilan dans le domaine du sport, il peut commencer à relire le dernier rapport de l’audit sur la gestion de son ministre orange intégral.
Que ce soit une médi-clinique ou une structure MUGA de Mauritius Telecom, dont il faudrait un audit pour voir comment sont utilisés ou boudés, entretenus ou dégradés ceux déjà inaugurés en grande pompe, ces dernières années, le thème est invariablement le “coffre” de Navin Ramgoolam.
Sa dernière trouvaille, après le “fizet” de ses questions arrangées au Parlement à ce sujet, c’est qu’avec le contenu du coffre, on aurait pu construire plus d’une médi-clinique. Peut être, s’il est en mesure d’établir que même les dollars jamais utilisés, selon lui, retrouvés dans le coffre provenaient des caisses de l’État. Ce qui paraît invraisemblable.
Mais ce que le public sait, par contre, c’est que le MSM est le seul parti à disposer d’un quartier général, qu’il est le seul à avoir bénéficié de Rs 144 millions pour des structures pourries à la clinique Medpoint, le seul à s’être arrangé pour obtenir des dédommagements de Rs 43 millions après que le ministre de l’Éducation du gouvernement PTr/MMM de ‘95 avait refusé d’aménager au Sun Trust parce que, oui, à cette époque, le MSM louait ses bureaux à l’État. Cherchez le conflit d’intérêt…
Et comme des révélations sont annoncées, nous suggérons que le PM, qui aura certainement à se côtés le folklorique Vikram Hurdoyal, qu’on espère pas en larmes comme à son retour de ministre révoqué, dira enfin pourquoi il a eu besoin de sanctionner son ministre en son absence et pourquoi il n’a pu l’empêcher de démissionner du Parlement. Ce serait bien plus dans l’intérêt public que ces palabres débitées à longueur de sorties publiques.
Josie Lebrasse

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