Covid-19 : une maman de 20 ans meurt quelques jours après son accouchement

Elle n’a pas pu tenir son bébé dans les bras avant de décéder.

« Li pa finn konn ni lavi maryaz ni lavi mama. Li’nn kit nou li’nn ale », pleure Parweeza Deensah. Cette maman arrive difficilement à réprimer sa douleur d’avoir perdu sa fille aînée, Suhaylah, âgée de 20 ans seulement. La jeune fille, qui a accouché de son bébé par césarienne, n’a pu tenir son enfant dans ses bras. Elle a succombé au Covid quelques jours après avoir donné naissance à un petit Adyan, qui ne connaîtra pas sa mère. Pour la famille, c’est le choc.

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Suhaylah, qui s’était mariée à Abouzaar Naudeer en janvier dernier, attendait son accouchement avec impatience. La naissance du bébé était prévue pour la fin du mois de novembre. « Elle avait tout préparé pour l’arrivée du bébé. Elle était contente de devenir maman et elle prenait toutes les précautions pour n’attraper aucune maladie », dit sa mère.

D’ailleurs, en raison de son état, elle n’avait pu se faire vacciner contre le Covid. « Elle avait dit que dès qu’elle aurait accouché, elle allait se faire vacciner pour se protéger. En attendant, elle prenait des précautions », dit Parweeza.

Cependant, elle a dû se rendre à son rendez-vous à l’hôpital. C’était le troisième rendez-vous auquel elle se rendait. C’était le 10 novembre. « Elle ne voulait pas y aller parce qu’elle avait peur d’attraper le virus là-bas. Mais je l’ai convaincue, car elle arrivait bientôt au terme de sa grossesse et c’est important de faire le suivi », dit sa mère.

Test antigène négatifCe jour-là, Suhaylah est conduite à l’hôpital Jeetoo par son oncle. Mais au retour, ses proches n’étant pas libres, elle rentre en taxi. Il est midi. Quelques minutes après son retour à la maison, elle confie à sa mère qu’elle se sent fatiguée. Elle a aussi les pieds enflés. Ce qui est chose normale quand on est enceinte, pense Parweeza. Dans la nuit toutefois, la jeune femme souffre davantage de ses pieds. Le lendemain matin, sa famille fait appel à un médecin de la famille qui pense aussi que c’est sa grossesse qui lui donne ces douleurs aux pieds.

« Dokter dir li pa kapav donn li medikaman akoz bebe dan so vant. Li’nn dir li repoze boukou », se souvient Parweeza. Or, à samedi, les pieds de Suhaylah n’avaient pas désenflé et ses douleurs ne s’étaient pas estompées. Elle était toujours dans un état de grosse fatigue. Au vu de la situation sanitaire dans le pays, sa famille pense qu’il est bon qu’elle fasse un test antigène. Surtout qu’elle s’est rendue dans un lieu public à l’hôpital et qu’elle a voyagé en taxi. Le résultat du test antigène est négatif. Mais Suhaylah continue de se sentir mal.

Ses proches l’emmènent alors chez son gynécologue privé qui est aussi celui qui la suit à l’hôpital. Après une consultation, le spécialiste, qui constate que l’accouchement est encore loin, recommande que Suhaylah se rende à l’hôpital, car elle fait un peu de température. « Li’nn extra plore, li pa ti le al lopital. Me parski nou ti pe per pou li, nou finn amenn li », dit Parweeza.

Protocole sanitaire oblige, avant son admission à l’hôpital Jeetoo, la jeune femme est soumise à un test PCR qui se révèle positif. Un choc pour la famille, qui reste tout de même confiante que Suhaylah serait vite remise. « Ce jour-là, nous étions aussi occupés avec le départ de ma cadette pour l’Angleterre. Nous avons fait un appel vidéo pour que Suhaylah voie sa sœur en train de prendre l’avion. Li’nn fer nou salam. À aucun moment nous n’avons pensé qu’elle allait nous quitter bientôt », dit sa mère.

La jeune femme est placée en Isolation Ward. « Mo panse pou plis prekosion, zot inn met li laba », confie Parweeza. Plusieurs fois, sa fille lui enverra des messages pour lui dire qu’elle a terriblement chaud dans cette salle. Le dimanche, elle dira à sa mère qu’elle tousse beaucoup et qu’elle a meme craché du sang. « Ma, mari touse pe gagne. Pe kras disan. Mari malad-la », écrit Suhaylah. Ce sera le dernier message qu’elle enverra à sa mère.

Au vu de la détérioration de son état, les autorités sanitaires décident de son transfert pour l’hôpital ENT. Cependant par manque de spécialiste pour la gynécologie à ENT, Suhaylah est finalement placée aux soins intensifs de l’hôpital Jeetoo. Les poumons de la jeune femme sont affectés, apprennent ses proches. « Nous nous sommes réunis à l’hôpital avec la famille. Nous étions paniqués et ne savions pas ce qui se passait. C’était un moment terrible », raconte Parweeza. De loin, elle arrive à voir sa fille. « Li’nn get mwa derier so zepol li fer moi salam », pleure Parweeza.

Un petit Adyan

Le lundi, aux alentours de 9h, les médecins décident de pratiquer une césarienne pour sauver le bébé de Suhaylah. Après deux heures, la famille apprend que l’opération s’est bien passée. Suhaylah a accouché d’un petit garçon qui est en bonne santé. Il s’appellera Adyan, comme le souhaitait sa mère. Le bébé est placé en incubateur. Suhaylah elle est à nouveau admise aux soins intensifs. Les médecins confient à la famille qu’elle est en détresse respiratoire et nécessite des soins poussés.

Deux jours plus tard, ils apprennent que l’état de santé de Suhaylah se détériore. « Bann dokter inn dir nou so ka difisil ek ki nou bizin atann nou a enn movez nouvel ». Son cœur est faible, apprennent les proches de la jeune femme. Mais la famille ne s’avoue pas vaincue. Elle multiplie les démarches pour que Suhaylah obtienne les meilleurs soins, quitte à dépenser une fortune pour qu’elle obtienne un vaccin, le Tocilizumab, qui semble efficace pour lutter contre le Covid.

Durant le week-end, la famille n’aura pas d’autres nouvelles, si ce n’est que l’état de santé de Suhaylah, toujours critique, est tout de même stable. « Pa ti ena ameliorasion ni deteriorasion », dit sa mère. Mais Suhayla n’a pu être sauvée. Mercredi soir, les médecins ont fait venir la famille à l’hôpital pour expliquer que l’état de l’habitante de Vallée des Prêtres continuait à s’aggraver. « Dokter inn apel mwa dan ICU. Mo pa ti pe kapav get mo zanfan. Li pa fasil pou enn mama trouv so tifi pe soufer », raconte Parweeza.

Surtout que les médecins ont expliqué à la famille que l’état de Suhaylah était préoccupant : « Zot finn dir ki zot finn fer tou me pena okenn solision… Disan ti pe fer kayo andan ek so bann lezot lorgan ti pe dekonekte. » Les médecins demandent à la famille de s’en remettre à Dieu. « Zot inn dir nou zot inn refer test PCR avek Suhaylah ek ki li ankor pozitif Covid. Ek zot inn dir nou aster tou dan lame bondie », raconte Parweeza.

Malgré tout, Parweeza garde espoir. « Enn mama pa kapav panse so zanfan pou kit li. Tank ki leker pe bate, nou bizin krwar », dit-elle. Hélais, quelques heures plus tard, vers une heure du matin ce jeudi, alors que Parweeza discute en videocall avec sa cadette en Angleterre, son gendre recevra un appel de l’hôpital. « Mo lot tifi inn viv sa an direk kanmo zann inn dir nou ki lopital inn telefone pou dir Suhaylah inn ale », pleure la maman.
La famille n’en revient toujours pas de ce départ subit. Surtout que Suhaylah n’avait aucune comorbidité. « Zame li pa’nn malad. Li ti pran boukou prekosion,sirtou depi li kone li ansint. Zis li pa ti fer vaksin akoz li ansint », dit sa mère, qui ne comprend pas, comme les autres membres de la famille, comment la jeune femme a été infectée.

« Sirma lopital ou swa dan taxi », pensent ses proches, qui demandent à la population de faire très attention quant aux gestes barrières. « Get kinn ariv nou Suhaylah. Sa varian Delta-la inn detrir tou so andan. Nou bizin fer bien atansion, sirtou ki li kapav ninport kot sa », préviennent-ils. Le regard perdu dans le vide, la mère de Suhaylah murmure : « Sa ti baba-la zame pa pou konn so mama. Li pa fasil, me nou pou get li kouma nou de lizie. Parey kouma so mama ti pou fer. »

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