Depuis vendredi dernier : les Mascareignes, un ATR 72-600 de plus… avec des défis qui demeurent

Air Mauritius a franchi une nouvelle étape dans le renouvellement de sa flotte régionale avec l’arrivée, vendredi, d’un nouvel ATR 72-600 baptisé Les Mascareignes. Immatriculé 3B-NCU, l’appareil a quitté Toulouse Francazal pour rejoindre Maurice après plusieurs escales techniques à Athènes, Louxor, Djeddah, Nairobi et Nosy-Be, avant d’atterrir au Sir Seewoosagur Ramgoolam International Airport dans la soirée.
Ce nouvel ATR 72-600, qui remplace un ATR 72-500 vieillissant, symbolise la volonté de modernisation de la compagnie nationale. Configuré spécialement pour Air Mauritius, il peut accueillir jusqu’à 70 passagers dans une cabine entièrement repensée : sièges plus confortables, espace de rangement élargi, insonorisation renforcée, climatisation améliorée et éclairage LED plus agréable.
Le cockpit bénéficie de la suite avionique 3.1, composée de cinq écrans LCD haute définition qui facilitent la navigation et les approches. Certifié ETOPS, l’appareil peut aussi couvrir des trajets prolongés au-dessus de l’océan, un critère important dans la desserte des îles voisines. Enfin, il dispose d’une configuration flexible permettant le transport de fret, de civières et de matériel médical, atout majeur pour la desserte de Rodrigues.
Desserte régionale stratégique
Le Mascareignes sera déployé prioritairement sur la ligne Maurice–Rodrigues, avant d’assurer des rotations vers La-Réunion. Ces dessertes, vitales pour la connectivité régionale, constituent également une dimension politique et sociale : l’ATR ne transporte pas seulement des passagers, mais aussi des denrées, des équipements médicaux et, parfois, des patients nécessitant une évacuation urgente.
Air Mauritius compte aujourd’hui 41 pilotes qualifiés sur ATR, dont 30 Mauriciens, signe d’une expertise locale solide. Et la flotte va encore évoluer : un troisième ATR 72-600 est attendu d’ici à la fin de septembre. Elle comptera alors trois ATR 72-600 et un ATR 72-500, renforçant ainsi la capacité opérationnelle de la compagnie sur les lignes régionales.
Investissement sous surveillance
Mais derrière le discours officiel, plusieurs zones d’ombre subsistent. L’appareil a été acquis en location et les conditions financières du contrat n’ont pas été rendues publiques. Après les milliards injectés par la Mauritius Investment Corporation (MIC) pour sauver la compagnie de la faillite, la question de la soutenabilité de tels investissements se pose. Peut-on moderniser la flotte tout en garantissant un équilibre durable des finances ?
Une flotte encore fragile
Cette arrivée survient aussi dans un contexte délicat. Les incidents à répétition sur les ATR, notamment sur les vols vers Rodrigues, ont fragilisé l’image d’Air Mauritius. Le récent Hard Landing d’un ATR 72-500 à Plaine-Corail, en août, a ravivé les inquiétudes sur la fiabilité des opérations et le niveau de formation des équipages.
La stratégie de MK reste donc sous pression : dépendance excessive à Rodrigues pour rentabiliser les ATR, concurrence d’Air Austral et des Low-Cost sur La-Réunion, et incertitude sur le renouvellement du long-courrier, alors que les A330neo et A350 approchent de lourdes maintenances.

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