Sa profession : médecin anesthésiste et réanimateur. Le Dr Reshma Gaya est responsable de l’Intensive Care Unit à Apollo Bramwell Hospital (ABH). Incursion à l’Intensive Care Unit (ICU) où sont pris en charge des malades dans un état critique. Dans cette course contre la montre, le médecin anesthésiste est le chef d’orchestre. « Face à une urgence, il n’y a pas une seconde à perdre », explique le Dr Gaya.
« Nous prenons en charge des patients des patients gravement atteints qui ne peuvent rester en salle », explique le Dr Gaya. L’ICU accueille des patients souffrant de traumatisme crânien sévère, des grands brûlés, des patients ayant eu un accident vasculaire cérébral (thrombose) ou un infarctus, des patients qui ont subi une intervention chirurgicale, un by-pass, un pontage. Le ICU néonatal prend en charge les nouveau-nés prématurés ou quelques jours après leur naissance. « Nous faisons un tri pour déterminer si le patient est dans un état critique. Nous devons intervenir très rapidement pour éviter que le patient n’ait des séquelles. Nous ne pouvons pas laisser son état se détériorer », indique-t-elle. « Le rôle de l’équipe médicale aux urgences est de protéger les organes vitaux du malade, coeur, poumons, jusqu’à ce que le corps guérisse et retrouve son autonomie », explique l’anesthésiste. En attendant, les machines, respirateur artificiel, dialyse, prennent le relais quand les reins, les poumons ne répondent plus. Le malade est alimenté par sonde gastrique ou par perfusion. À l’ICU le malade est sous surveillance toutes les cinq minutes.
En cas d’hémorragie cérébrale, le patient est opéré. L’équipe médicale, pluridisciplinaire, est composée d’une quinzaine de spécialistes différents, radiologue, pharmacien, physiothérapeute, diététicien, orthophoniste, cardiologue, entre autres. Les décisions sont collectives. Il y a aussi la secrétaire, le porteur, le personnel aide-soignant. « Nous agissons selon un protocole strict et nous nous assurons que chacun puisse intervenir dans un très court laps de temps », explique le Dr Gaya. « En cas d’infarctus nous devons agir dans un maximum de 90 minutes, pour un accident vasculaire cérébral (AVC) au moins dans quatre heures au maximum. Une thrombolyse est réalisée pour dissoudre les caillots. Si l’artère est bouchée, le cerveau ne reçoit plus de sang, il y a un risque de séquelles graves », explique l’anesthésiste.
Aux soins intensifs, l’anesthésiste s’occupe souvent des cas les plus délicats. À titre d’exemple, cela faisait une dizaine de jours qu’un patient souffrant du syndrome de Stevens-Johnson, une allergie grave aux médicaments qui ronge la peau petit à petit, était soigné en ICU. Et cela fait deux mois qu’est traité un jeune de 24 ans, défiguré dans un accident de la route, et qui a dû subir pas moins de quatre interventions chirurgicales. « Le métier d’anesthésiste est considéré comme l’un des métiers les plus stressants et les plus à risque », affirme le Dr Gaya. C’est également l’anesthésiste qui est appelé à accompagner à l’étranger les cas critiques qui ne peuvent être traités à Maurice. Il y a quelques mois, le Dr Sundaresan, diplômé en évacuation sanitaire aérienne, a raccompagné chez lui un Indien qui s’était fracturé le cou.
Présents 24 h sur 24, puisqu’ils sont aussi en charge des urgences, les anesthésistes d’Apollo Bramwell sont au nombre de six. « Nous intervenons auprès de patients externes, mais une grosse partie des besoins est interne. Par exemple, un cas de problème respiratoire en maternité, une perte de conscience en salle d’orthopédie, un arrêt cardiaque d’un patient en observation », explique le Dr Gaya. « La complexité du métier tient ainsi au fait que l’anesthésiste doit sinon maîtriser, du moins connaître les bases de toutes les autres disciplines médicales ».
Pour intervenir efficacement là où ses services sont requis hors ICU, l’équipe d’anesthésistes applique le concept MET (Medical Emergency Team). Deux gros sacs à dos rouge et jaune sont posés à l’entrée de la salle principale de l’ICU, et ici et là, dans le service sont disposés des MET kit. Ils sont équipés de tout ce qu’il faut pour ranimer un patient. Il y a une équipe de rapid response sur place 24 heures sur 24. Ses membres doivent pouvoir se libérer immédiatement de toute tâche dès qu’un infirmier ou d’autres membres du personnel donnent l’alerte, afin de stabiliser un patient et communiquer son état au médecin traitant. « Nous insistons beaucoup sur la formation de notre personnel aux urgences. Ils disposent d’une check-list indiquant les étapes à suivre de l’apparition des symptômes à l’administration du traitement », explique le Dr Gaya.
Au bloc opératoire, le médecin anesthésiste n’est pas, comme on le croit souvent, une profession médicale secondaire, un “assistant” au chirurgien. « En somme, l’un est aussi essentiel que l’autre, puisque l’anesthésiste intervient avant, pendant et après les opérations. Il évalue l’état du patient, le stabilise, choisit la technique d’anesthésie qui convient. Pendant l’intervention, il actionne tout un matériel ultrasophistiqué pour maintenir stables les signes vitaux. Notre responsabilité, c’est la prise en charge de la douleur préopératoire, postopératoire et chronique et les soins péri opératoires », explique pour sa part le collègue du Dr Gaya, le Dr Sundaresa. Celui-ci ajoute : « C’est un peu comme en Formule 1. Le champion, c’est le chirurgien. Mais il n’aurait pas remporté la course si le mécanicien ou l’ingénieur ne la contrôlait pas. In fact, we are in charge of making things happen ».
L’Intensive Care Unit de ABH compte une vingtaine de lits, répartis dans une salle principale, une salle réservée aux cardiaques, une autre aux transplantations rénales et une salle d’isolation. Elle est annexée à trois salles d’opération. ABH est aussi en mesure de stocker du sang, contrairement à d’autres établissements privés.
DR RESHMA GAYA (MÉDECIN ANESTHÉSISTE): « Intervenir rapidement pour éviter des séquelles »
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