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DRAME À CHEBEL CE MATIN : L’épouse de David Donald, « Sov mo dé zanfan Bondié ! »

La famille Donald/Martinet, habitant les Résidences Chebel, vit un véritable drame depuis la nuit dernière. Deux fillettes, âgées de huit ans, les jumelles Kiara et Kayala Donald, ont péri dans un grave incendie, qui a ravagé leur chambre à coucher de même que le domicile de leurs parents à la rue Adiend d’Epinay, peu avant 1 heure ce matin. La Control Room des Government Fire Services a enregistré sur le 115 une alerte à incendie à 00 h 52. Malgré la présence sur place des voisins et des volontaires et subséquemment des équipes de sapeurs-pompiers des casernes de Coromandel, venus à bord de deux camions-citernes et de deux vans, les tentatives en vue de porter secours aux deux fillettes, retenues prisonnières des flammes dans leur chambre, ont été vaines. L’autopsie, pratiquée par le Chief Police Medical Officer, le Dr Sudesh Kumar Gungadin, en vue de confirmer la cause exacte du décès de ces deux innocentes, est prévue pour cet après-midi.
Ce matin, les parents des jumelles, David Donald Martinet, 30 ans et entrepreneur de profession et son épouse, étaient encore l’effet du choc effroyable de perdre leurs deux seuls enfants littéralement sous leurs yeux peu après minuit alors que de grosses averses s’abattaient sur l’île. Croulant sous le poids de la douleur, ils ne sont pas en mesure de faire état de ce traumatisme qui les hante encore. La mère des enfants a dû être encadrée psychologiquement et par sa famille alors que les préparatifs pour les funérailles ont été confiés à d’autres membres de la famille.
En attendant de consigner les versions des faits des parents, les témoignages recueillis par Le Mauricien auprès des voisins et des témoins oculaires de ce sinistre, qui affecte l’ensemble des habitants des Résidences Chebel, permettent de situer les principaux faits de cette nuit d’horreur. Les jumelles Kiara et Kayala dormaient dans la même chambre, séparée de celle de leurs parents.
A un certain moment de la nuit, l’attention du père a été attirée par une odeur de fumée. Dès qu’il se réveille, il se rend compte du grave danger qui menace ses enfants. « Ler li levé li alle guétté ek li rantr dans lasam, li truv ventilater pe prand difé », raconte au Mauricien un des voisins accourus dans la nuit, malgré la pluie, pour porter secours à la famille sinistrée.
Quatre appels aux pompiers
Cette version des faits est corroborée par un des proches parents des victimes. « Les parents ont vu le ventilateur qui se trouvait dans la chambre des filles prendre feu. Lorsque les parents ont tenté de circonscrire le feu, il était déjà trop tard. Le feu s’était propagé aux autres pièces de la maison », fait comprendre le parrain de Kayala, qui se trouvait sur place ce matin.
« Papa-là ine rode teigne difé-là avek delo. Mé difé ine vine pli gran. Pa ine kapav fer nanyen », poursuit ce voisin sur la base des témoignages entendus sur les lieux du drame. Presque au moment où le père des jumelles tentait l’impossible pour sauver ses enfants, la mère s’est retrouvée dans la rue, appelant des voisins au secours avant l’arrivée des sapeurs-pompiers avec des cris ponctués de larmes « difé ! difé ! »
Ces appels à l’aide déchirants de la mère de Kiara et de Kayala allaient réveiller le voisinage, pas encore conscient du drame qui se jouait. « Dans la nwit, mo ine tende ène lavwa ene madam ki pe kryé et ki pe dir sov mo dé zanfan, sov mo dé zanfan Bondié ! » ajoute cette mère de famille, dont la maison jouxte celle des Donald. A ce moment, la maison était déjà la proie des flammes.
« Ler nou ine sorti pou alle guetté ki pe arrivé, difé-là ti mari grand. Ti mari difisil pou rantr andan pour alle sov sa dé inosans-là. Zot pa mérité sa », fait ressortir cet autre voisin, quasiment aux bords des larmes vu la proximité des familles.
Le père des deux enfants se démenait en vue de pouvoir retourner à l’intérieur de la maison pour porter secours à ses enfants. Mais il a été retenu par les voisins et autres secouristes compte tenu du grave danger qui le guettait. « Papa-là ti tode rantré pou alle guette so dé zanfan. Nou pa ine laisse li fer sa. Si li ti rerantr dans lakaz-là, li pa ti pou sorti vivant telma difé là ti gran. Li ti pou ène suisid », ajoute un des voisins.
Des proches de la famille des deux jeunes victimes aussi bien que les voisins réveillés par cet incendie, expriment leur mécontentement devant le délai accumulé pour l’arrivée des sapeurs-pompiers sur les lieux, soit une demi-heure après l’appel initial. Ils font comprendre que le père de la famille sinistrée et des voisins ont dû effectuer des appels téléphoniques à quatre reprises pour réclamer l’intervention des pompiers car il semblerait qu’avec les pluies diluviennes d’hier soir, ils auraient cru que c’était un canular.
Prélèvements d’indices
Aux casernes des sapeurs-pompiers de Coromandel, l’on a fait comprendre qu’un appel au feu a été réceptionné par la Control Room sur le 115 à 00 h 52 et qu’à partir de là, toutes les procédures ont été déclenchées avec l’envoi de deux camions-citernes et deux vans des Government Fire Services de Coromandel. Toutefois, l’incompréhension se lit sur le visage de ceux présents à la rue Adrien d’Epinay, Chebel, au sujet de la rapidité avec laquelle le feu s’est propagé, emportant deux enfants dans leur sommeil.
Les dépouilles des deux victimes ont été transférées à la morgue du Princess Margaret Orthopaedic Centre aux petites heures du matin sur les instructions du Principal Police Medical Officer, le Dr Maxwell Monvoisin, alors des techniciens du Central Electricity Board et du Scene of Crime Office ont également fait le déplacement en vue d’effectuer des prélèvements d’indices pour les besoins d’enquête. Les parents des jumelles seront entendus par les enquêteurs de la police cet après-midi.
Ce matin, les membres de la famille étaient engagés à compléter les démarches en vue des funérailles des jumelles, annoncées initialement pour cet après-midi en l’église du Sacré-Coeur, Beau-Bassin. Néanmoins, à la mi-journée, Le Mauricien a appris que les examens post-mortem sur les jumelles Kiara et Kayala devaient se dérouler à 16 h, bousculant du même coup les plans de la famille.
De nombreux parents et voisins se pressaient ce matin pour apporter du réconfort aux parents accablés par la disparition dramatique et soudaine de leurs enfants. La marraine de Kiara, Anoucheka, se souvient d’elles comme des fillettes joviales, câlines et affectives. En vacances scolaires, elles venaient de compléter leur classe de troisième à l’école St-Enfant Jésus à Rose-Hill. Les jumelles avaient célébré récemment leur première communion.

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