DROGUES ET VIH/SIDA : La guerre n’est pas finie

Il était attendu que la visite d’Anil Gayan chez PILS, vendredi dernier, contribue à remettre les compteurs à zéro afin que le ministère de la Santé et les ONG puissent avancer dans un esprit de partenariat, essentiel pour affronter la complexité de la situation qui découle des drogues et du VIH/Sida. Mais après une heure de franche discussion, il faut constater que ce qu’Anil Gayan a appelé “la guerre” ne peut être déclaré finie et qu’il ne serait peut-être même pas avisé d’enterrer la hache…
Après des mois de tension provoquée par les changements décidés par le ministère sur la méthadone et l’échange de seringues, PILS espérait qu’un face-à-face dans ses locaux permettrait de rétablir le dialogue et le partage des opinions. Face à des insinuations complexes balancées par Anil Gayan, l’association a aussi ouvert son plan stratégique et son livre de comptes pour dissiper les flous qui pouvaient exister.
À table, le ministre de la Santé a écouté. Mais la teneur de sa réponse n’était peut-être pas ce qui était attendu. “Je ne suis pas là pour faire le procès de qui que ce soit”, a-t-il tenu à faire ressortir. Mais le ton était plus au règlement de comptes qu’au dialogue. Anil Gayan l’a ainsi expliqué : il est venu chez PILS parce qu’il était mécontent des propos tenus à son égard par les ONG lors d’une conférence de presse dénonçant les nouvelles mesures préconisées par le ministère. Les travailleurs sociaux avaient critiqué la Santé pour avoir pris des décisions ne correspondant pas aux besoins du terrain et pour le refus du ministère de les considérer comme des partenaires. “Nous ne sommes pas en guerre contre les ONG, mais il semblerait que les ONG aient déclaré la guerre contre le ministère, et surtout le ministre”, a déclaré Anil Gayan. Voilà donc comment le ministre a pris la chose lorsque de pressants appels lui ont été lancés de revoir sa décision qui, sur le terrain, continue à causer plus de mal que de bien.
Plusieurs critiques ont été lancées par le ministre à l’égard des ONG, lors de cette rencontre chez PILS. Parmi, son affirmation à l’effet que “le programme de la méthadone n’a pas marché parce que les ONG n’ont pas joué le jeu dans leur rôle d’accompagnement psychosocial. Quand je dis ça, je suis méchant”. Or, quiconque aura suivi ce dossier sait que, depuis 2006, la société civile n’a cessé de réclamer des autorités gouvernementales qu’elles mettent sur pied la partie marquante du programme de méthadone. À savoir un système plus efficace pour l’accompagnement psychosocial et un vrai programme de réinsertion. Chose qui n’a pas été faite. Il est ironique qu’Anil Gayan vienne aujourd’hui jeter le blâme sur les ONG pour justifier sa décision de mettre un terme à ce programme, qui méritait d’être renforcé pour devenir plus efficace. Et tandis que les ONG militent pour le maintien du programme, Anil Gayan leur demande d’aller sur le terrain pour décourager les usagers de choisir cette option.
Du côté de PILS, il n’y a pas eu de véritables réponses sur les points mis en avant par Anil Gayan. L’association a préféré saisir la perche pour un nouveau départ. Mais de nombreuses questions essentielles restent en suspens, et le dialogue sur les dossiers qui opposent les deux parties n’a toujours pas eu lieu. Pas sûr que vendredi dernier, Anil Gayan était en état de discuter et de partager les idées. Il ne semblait pas être venu chez PILS avec cet objectif.
Dans le milieu, les mêmes questions et les mêmes divergences demeurent. Certaines inquiétudes sont même renforcées devant l’obstination d’un homme qui ne veut rien entendre. Raison pour laquelle, malgré ses affirmations, la guerre n’est pas finie.

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