Les deux collèges Mauritius (filles et garçons) seront privés de subvention de l’État dès la prochaine année scolaire. Ce qui est synonyme de fermeture car sans l’aide du gouvernement, qui prend en charge le salaire du personnel et les coûts d’opération, ces collèges ne pourront offrir l’éducation gratuite à leurs élèves. La Fédération des Managers des Collèges Privés maintient que la Private Secondary Education Authority (PSEA) est responsable de la situation, car en tant qu’autorité régulatrice, elle aurait dû intervenir pour régler les problèmes au sein de ces établissements.
Cinq collèges privés devront mettre la clé sous le paillasson à ma rentrée scolaire de 2024, car ils ne seront plus subventionnés par l’État. Si les collèges Merton de Pamplemousses, Medco Cassis et le Lycée de Beau-Bassin n’ont pu admettre le minimum d’élèves requis, le cas des deux collèges Mauritius, avec plus de 350 élèves, suscite de nombreuses réactions.
C’est notamment le cas au niveau de la Fédération des Managers des Collèges Privés (FMCP). Son président, Ramdass Ellayah, se dit choqué par une telle situation. « Depuis un bout de temps, nous évoquions des problèmes aux collèges Mauritius. Qu’a fait la PSEA pendant tout ce temps, pour trouver des solutions ? », se demande-t-il. ?
Il rappelle également que la PSEA Act prévoit que l’autorité régulatrice prenne en charge la gestion d’un collège, où le management n’a plus contrôle de la situation. « Ici, on est allé directement vers l’arrêt de la subvention. Pourquoi n’avoir pas appliqué la loi ? Je suis personnellement choqué devant une telle situation », indique-t-il.
Y avait-il une volonté de laisser pourrir la situation au Mauritius College pour ensuite appliquer le couperet ? La question fait débat dans les milieux de l’éducation.
De même, ajoute Ramdass Ellayah, la PSEA aurait dû engager des discussions avec la Fédération des Managers des Collèges Privés, avant de prendre une décision drastique. « Nous sommes les représentants des collèges privés, je pense que la moindre des choses était de nous mettre au courant de la décision de fermeture de ces collèges. On aurait pu en discuter autour d’une table »,laisse-t-il entendre.
Le président de la FMCP estime que ces événements attire l’attention au sujet de la menace pesant sur les collèges privés. « Avec le New Grant Formula, nous savions que la menace était là, mais nous ne nous attendions pas qu’elle soit mise à exécution aussi vite. Cela nous préoccupe », dénonce-t-il. Ramdass Ellayah dit avoir une pensée spéciale pour tous ces élèves dont la vie estudiantine va basculer et qui devront se retrouver dans d’autres établissements. « Pour moi, c’est un drame », regrette-t-il.
Sollicité pour une réaction, le Manager de Mauritius College a préféré laisser le soin à son conseil légal, Me Narendra Appa Jala, de répondre à la presse. Ce dernier a fait comprendre : « Le panel de juristes de Mauritius College se réunira bientôt pour décider de la marche à suivre. » Il ajoute qu’avec une telle décision, c’est la vie de plus de 350 étudiants qui va basculer. Il garde tout de même espoir en disant : « peut-être que le gouvernement reviendra sur sa décision. »
Ex-président de l’UPSEE
Bhojeparsad Jugdambi : « Dommage d’en être arrivé là ! »
Bhojeparsad Jugdambi, ancien président de l’UPSEE, est celui qui avait mené la bataille dans l’affaire Mauritius College. Sollicité pour une réaction sur la tournure des événements, il explique : « La fermeture des collèges Mauritius est une longue bataille menée par l’UPSEE. Ce n’est un plaisir de voir un collège être privé de subvention et donc aller vers la fermeture. Au contraire, nous vivons cela avec beaucoup de tristesse car le Mauritius College avait une très bonne réputation dans le passé. Malheureusement, la situation a détérioré ces dernières années. »
Le syndicaliste évoque même un environnement malsain, dans lequel évoluaient le personnel et les étudiants. « Le nombre de cas enregistrés dans les différents bureaux de l’emploi donne un aperçu de l’ampleur du problème. Nous avons eu des réunions avec la direction pour leur faire comprendre qu’ils poussaient les collèges vers le précipice, mais on n’a rien voulu écouter. C’est dommage d’en être arrivé là », ajoute-t-il.
Toujours est-il, poursuit Bhojeparsad Jugdambi, que cette décision des autorités est un soulagement pour le personnel qui travaillait dans des conditions difficiles. « C’est justice faite également pour tous ces élèves renvoyés sans raison. Pas plus tard que cette année, le collège a refusé des élèves qui avaient été admis après le PSAC. »
Toute cette situation mène l’ancien président de l’UPSEE à dire : « Nous perdons un grand collège, mais tant pis. Parfois, il faut savoir écouter, collaborer et surtout, accorder un traitement humain à son personnel. »