ENVIRONNEMENT: Dégraissage au Jardin de Pamplemousses

Après le limogeage du directeur du Jardin de Pamplemousses, Chetanand Ramgoolam, suivant une décision du conseil d’administration, c’est au tour de deux autres employés de prendre la porte de sortie.
Les deux employés affectés à département de maintenance du Jardin, ont reçu leur lettre de révocation en début de semaine. Le board leur a fait comprendre que le Jardin de Pamplemousses se passerait de leurs services car il n’était pas satisfait de leur travail. Raison qui provoque la consternation des licenciés, ces derniers déplorant que « pendant toutes ces années, il n’y avait rien eu àre dire, aucune remarque, et là, d’un coup, notre travail n’est plus satisfaisant. » Ils s’insurgent de cette décision du board, d’autant qu’ils n’obtiendront aucune compensation et encore moins leur boni de fin d’année. Par ailleurs, selon nos informations, il s’agit d’une première vague de licenciements car, outre le board qui devrait être dissous, d’autres révocations sont à venir.
« Kouma mo pou paye mo loan ? Madam pa travay. Zanfan encor lékol. Pa facil pou gagn enn travay sofer zordi zour », explique un de ces licenciés que Week-End a interrogé. Si au niveau du ministère de l’Agro-industrie on précise que « les deux employés concernés ont été licenciés pour cause de performances non satisfaisantes dans l’exercice de leurs fonctions », notre interlocuteur fait lui ressortir que pendant trois ans et demi qu’il a travaillé pour le compte du Jardin de Pamplemousses, il n’a jamais été réprimandé pour son travail.
« Au contraire, depuis février 2012, mo travay finn augmenté. Monn gagn lot responsabilité. Pa ti éna personn » pou control travay ki ti donn bann contracter. C’est moi ki finn gagn sa responsabilité-là », dit-il. Et d’ajouter : « Zordi guet résilta. Met moi déhor. » Comme lui, l’autre employé licencié ne percevra aucune compensation. « Sa période lané-là mett dimoun dehor dan travay. Pa enn sou compensation nou pou gagné. Pa pou gagn 13e mois. Pa pou gagn PRB nanien. Kouma pou fer pou roul lakaz ? »
Il souligne que de 125 employés à une certaine époque, aujourd’hui le Jardin de Pamplemousses n’en compte que 90, dont 17 affectés au département de maintenance et nettoyage. « Zot dir manque dimoun pou travay dan zardin. Zot dir travay pa pé fonctionné parski péna dimoun pou travay. Mé zot mett dimoun ki dévoué à zot travay déhor. » Il fait également ressortir que si les ordres de travail venaient de l’ancien directeur du jardin, « tou décision c’est board ki ti pé pran. C’est zot ki décide tou fonctionneman zardin. Kouma pandan tou sa létan-là pa ti éna repross ? M. Ramgoolam ti pé fer so travay kouma bizin. Zot ti pé donn li lord pou implementé kan conseil fini décidé. Kifer pé rass nou travay zordi alor ki c’est zot ki ti pé pran tou décision couma travay-là bizin fer ? »
Interrogations soulevées également par plusieurs autres observateurs qui remarquent que ce n’est pas en quelques jours que l’état du Jardin de Pamplemousses s’est détérioré. Il a ainsi fallu les révélations de Week-End dans son édition du dimanche 25 août, avec l’alerte quant à la dévastation des larges feuilles de nénuphars mondialement célèbres et qui font la réputation du Jardin de Pamplemousses par des Golden Apple Snails pour que les autorités réagissent.
Outre l’exercice de dégraissage entamé et qui devrait, selon nos informations, se poursuivre avec d’autres licenciements en sus de la dissolution du conseil d’administration, on apprend que la task force instituée pour se pencher sur les manquements rapportés dans la presse quant à la gestion du Jardin Botanique SSR a établi un plan d’action. Depuis le début d’octobre, cette task force, qui comprend les représentants de l’Agricultural & Research Extension Unit (AREU), la Mauritius Cane Industry Authority, du National Parks & Conservation Service (NPCS), et du ministère de l’Agro-industrie et ses services agricoles, du ministère de l’Environnement et du Service des Bois et Forêts, a ainsi procédé à une évaluation de la situation.
Selon le constat effectué, les manquements se situent principalement au niveau de la maintenance et de la propreté du jardin et de l’infestation de ses cours d’eau y compris tous ses bassins par des Golden Apple Snails qui ont gravement affecté les nénuphars. De même, la task force a constaté que : les arbres n’étaient plus élagués et des lianes filantes en tuaient quelques-uns ; les canaux transportant l’eau destinée à l’irrigation n’étaient pas maintenus convenablement ; l’infestation sévère de nombreux arbres par des termites ; le manque d’entretien des voies d’accès et allées à l’intérieur du jardin ; la présence de quelques chiens errants et la clôture endommagée à plusieurs endroits.
« Une situation qui a perduré depuis un bon bout de temps », estiment les membres de la task force, qui ont recommandé des actions immédiates pour remédier à la situation. Parmi les mesures d’urgence prises : un contrôle systématique de l’escargot ravageur par des moyens physiques et naturels comme recommandés par l’AREU, l’analyse de la qualité de l’eau du bassin de nénuphars par le ministère de l’Environnement, avec en l’occurrence la confirmation que les dégâts causés aux nénuphars n’étaient pas d’ordre pathologique, ainsi qu’une utilisation d’eau souterraine pour l’alimentation du bassin des nénuphars.
Outre l’installation de tamis appropriés dans les cours d’eau pour empêcher l’introduction de nouveaux escargots, le contrôle chimique des termites par la division d’entomologie des Services agricoles, la réhabilitation des canaux et l’introduction de la semaine de six jours pour mieux gérer le jardin, la task force a également décidé de remettre l’entretien général du jardin à la main d’oeuvre fournie par le Service des Bois et Forêts et le NPCS. Selon le comité, de nettes améliorations sont déjà visibles tant au niveau de l’apparence du jardin qu’à celui de la pousse des nénuphars, alors que d’autres chantiers sont toujours en cours…

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