Envoyé Spécial sur France 2, jeudi dernier : Le sacrifice des singes de Maurice pour la recherche médicale en question

🗞 L’image de Maurice écornée par ce reportage diffusé sur une chaîne de grande écoute de notre principal marché touristique 🗞 La multiplication des fermes clandestines et les captures illégales à Maurice dénoncées 🗞 Des voix s’élèvent ici et ailleurs pour mettre un terme à cette activité

A été diffusé dans l’émission Envoyé Spécial sur France 2 un reportage de Nicolas Bertrand pour Caravelle Productions de 26 minutes 59 secondes sur l’élevage controversé des singes de laboratoire, intitulé Le sacrifice des singes. Il est passé jeudi soir à une heure de grande écoute dans le pays qui est le marché principal de l’industrie touristique mauricienne. Autant dire qu’au vu des commentaires qui ont accompagné l’émission, cette activité ne fait pas du bien à l’image de la destination touristique mauricienne.

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L’émission commence par un préambule classique à l’effet que l’île Maurice est connue pour ses plages paradisiaques, moins pour ses élevages de singes de laboratoire, dont, dit le reportage, elle est le deuxième plus grand exportateur mondial, principalement vers les États-Unis et la France. Selon l’émission, en 2022, plus de 12 000 singes mauriciens ont discrètement voyagé « vers la France sous les pieds des touristes dans les avions de grandes compagnies commerciales. Ces animaux sont indispensables à la science, mais pour alimenter ce business de 15 millions d’euros par an, les fermes clandestines et les captures illégales d’animaux sauvages se multiplient. »

Le reportage commence par des déclarations de touristes sur place qui affirment connaître Maurice pour ses plages, son rhum. « 330 km de sable blanc avec des images paradisiaques du pays qui fait rêver les touristes… Mais ce que les touristes ignorent, c’est que l’île Maurice est aussi particulièrement renommée dans la recherche scientifique. Le pays élève des singes de laboratoire à l’abri des regards dans des sites bien gardés », dit la journaliste au début du reportage.

Les habituer à la présence humaine

L’équipe d’Envoyé Spécial a été reçue par Bioculture, l’une des six sociétés qui exploitent cette filière à Maurice, et spécialisée dans l’élevage de singes. C’est Nada Padaychy, l’un des directeurs de Bioculture, qui fait visiter l’un des sites de l’élevage. La journaliste explique que cela a été rendu possible à la suite de discussions d’un mois. « Un peu stressé, car il sait que le sujet est sensible », dit le reportage. Des images de cages colorées, appelées « colonies » par Bioculture, parsèment un espace vu de drone au milieu de nulle part. « Des dizaines de macaques à longue queue y sont gardés à des fins de reproduction », explique le reportage, « où on les habitue surtout à la présence de l’homme ». On y a appris que le marché est colossal et qu’en 2020, la filière mauricienne a engrangé plus de 20 millions d’euros de bénéfices.

Le reportage postule que des macaques sont élevés dans des sites spécialisés ou capturés dans la forêt pour servir de cobayes dans les laboratoires européens de recherche scientifique et se pose la question si c’est « ce sacrifice et les souffrances qui les attendent sont vraiment indispensables ? » Alors que Nada Padayachy, selon le reportage, affirme qu’il n’y a aucun problème d’éthique puisque s’agit avant tout d’aider la recherche. Il explique que pendant la pandémie, des singes ont été envoyés aux États-Unis et ces singes ont contribué à l’élaboration des vaccins Pfizer et Moderna. Et de convaincre ses interlocuteurs que ses 800 employés ont un véritable amour pour ces animaux ! À la question de savoir si c’est singes ne seraient pas plus heureux dans la nature, M. Padayachy affirme « pas nécessairement », puisqu’ils sont tous nés en captivité et « les relâcher serait les livrer à une mort certaine. »

Pas de quota sur le nombre de captures

On y apprend aussi qu’il n’y a pas de quota sur la capture qui se fait par des pièges où de la nourriture a été entreposée et que les « trappeurs » disposent de permis délivrés par les autorités qui encouragent les captures, selon le journaliste d’Envoyé Spécial, qui trouve cela étonnant puisque les macaques à longue queue sont à l’échelle mondiale classés « espèce en danger d’extinction depuis un an ». À Maurice, l’espèce prolifère et est considérée par le gouvernement comme une nuisance, car ces singes ravagent les cultures.
Le reportage affirme que depuis peu à Maurice, des voix s’élèvent contre ces pratiques et ces dérives. Parmi ces militants, Linley Mootien, qui rencontre un informateur anonyme qui lui explique qu’il y a de plus en plus d’anonymes qui installent des cages pour la capture de singes, sans permis. Le militant mauricien contre cette pratique se dit horrifié au micro des reporters d’Envoyé Spécial. S’opposent en fait deux versions, ceux favorables à l’idée que cela aide la médecine et de l’autre que c’est de la souffrance. Le problème c’est que le business semble se démultiplier et que l’espèce finira par s’éteindre.

Selon Linley Mootien, chaque singe attrapé illégalement est vendu 500 euros par les braconniers. L’affaire des 440 singes retrouvés à Jin Fei a aussi été évoquée lors de cette émission. « Les macaques étaient enfermés dans de petites cages sans lumière du jour avec très peu d’eau et de nourriture », expliquent les témoins sur place. Reda Chamroo, activiste défenseur des animaux, dénonce même le fait que des demandes vaines ont été faites au gouvernement pour mettre un terme à ce commerce. « L’exportation de singes gâte l’image de Maurice. Il faut arrêter avec ça ! » dit-il.
Entre-temps, c’est une trentaine de singes qui part chaque jour en avion à destination des laboratoires étrangers, et c’est Air France qui transporte les macaques vers la France, mais la compagnie aérienne vient d’annoncer qu’elle cesserait bientôt cette activité.
Selon France Info, qui commente l’émission, chaque année, 4 000 primates sont utilisés dans les laboratoires français à des fins scientifiques.

Une vie faite de souffrance

Parmi eux, un grand nombre de macaques à longue queue. Ils partagent 90% à 94% de l’ADN de l’homme, ce qui les rend particulièrement intéressants pour la recherche biomédicale. La plupart sont importés de Maurice, le fournisseur numéro un de la France.
Ainsi, ces singes passent pour la plupart la majeure partie de leur vie dans une cage exiguë. Une vie faite de souffrances, causées par les manipulations qu’ils subissent, notamment dans le domaine de la recherche en neurologie. On peut par exemple leur injecter la maladie de Parkinson avant de prélever leur cerveau afin de l’étudier, ou bien leur poser un implant crânien pour tester leurs réflexes, comme le montrent des images tournées en caméra cachée dans un laboratoire allemand il y a quelques années.
Ces pratiques, courantes en Europe, sont dénoncées par des ONG telles que One Voice comme de « la barbarie du siècle passé ». « Ce n’est pas parce qu’en 1960 ou 1970 on a fait des découvertes en martyrisant des macaques que ça doit justifier qu’en 2023, on continue », s’indigne Muriel Arnal, présidente et fondatrice de l’association.
Régulièrement, comme le 24 avril dernier à l’occasion de la Journée mondiale des animaux dans les laboratoires, des actions sont organisées pour sensibiliser le public. Parmi les revendications des militants, l’augmentation du budget consacré à la recherche d’alternatives à l’expérimentation animale. La France est en effet l’un des pays d’Europe qui investissent le moins dans le développement de ces nouvelles approches.

Une recherche biomédicale sans animaux envisagée

Selon France Info, Il existe pourtant des laboratoires qui n’ont plus recours à l’expérimentation animale, comme le centre de cancérologie de l’hôpital Gustave-Roussy, en banlieue parisienne. Au lieu d’implanter aux animaux des tumeurs prélevées sur des patients pour tester des traitements, l’équipe de Fanny Jaulin clone désormais ces tumeurs, qui fabriquent des « mini-cancers » appelés organoïdes. Ces avatars de tumeur représentent une piste scientifique pleine de promesses mais, en l’état actuel des connaissances, ils ne permettent pas de remplacer les animaux dans tous les domaines de recherche, regrette la chercheuse.

France Info conclut que selon un sondage Ipsos paru en avril 2023, 74% des Français seraient opposés à l’expérimentation animale. En 2021, l’Union européenne s’est engagée à renforcer la législation et à améliorer les conditions de vie des animaux utilisés dans les laboratoires. L’objectif est, à terme, de se passer de l’expérimentation animale sans compromettre les avancées scientifiques.

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