Exportation des macaques vers les USA en 2022 : 4,000 macaques prélevés dans la nature

Des prélèvements directs de 4,387 macaques dans la nature ont été effectués, de janvier 2022 à février 2023, pour l’exportation vers les Etats-Unis. C’est ce que révèle les données annuelles reçues par Action for Primates.

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Le mouvement international avait soumis une demande concernant les exportations de primates vers les États-Unis en vertu de la Freedom of Information Act (FOIA) pour 2022. Selon ces données, la compagnie a également exporté 1,478 autres primates non humains (PNH) élevés ou nés en captivité vers ce pays. Ce qui ramène à un total de 5,865 macaques exportés en 2022 par Bioculture.

Pour les besoins de recherches, les Primates non humains (PNH) exportés ne sont pas toujours ceux qui sont nés ou élevés en captivité. Le document que nous avons reçu – qui répertorie les détails sur toutes les importations et les données annuelles sur les exportations de macaques sauvages déclarées par Maurice de 2015 à 2021 – montre que nombre d’entre eux sont prélevés directement dans la nature.

En 2022, les États-Unis ont importé de Maurice 4,387 individus capturés dans la nature. Tous ces singes ont été fournis par Bioculture Mauritius Ltd. Les entreprises américaines qui ont importé des macaques à longue queue sauvages, cette année-là, sont Worldwide Primates (un revendeur basé en Floride): 2,016 primates, BC US LLC (installation de Bioculture en Floride): 1,431 primates, Alpha Genesis (centre de tests sous contrat): 650 primates, LC Preclinical Research: 190 primates, et PreLabs: 100 primates.

Bioculture a également exporté 1,478 macaques à longue queue supplémentaires vers les États-Unis (855 nés en captivité et 623 élevés en captivité). Au total, a exporté 5,865 macaques à longue queue vers les États-Unis en 2022.

« Pas de nombre limite pour la capture »

Les autres centres d’élevage mauriciens qui ont exporté des singes vers les États-Unis en 2022 sont Noveprim, Le Tamarinier, Les Campeches Ltée et Cynologics. Ces singes sont soit nés en captivité (F), soit élevés en captivité (C). Un total de 8,064 singes ont été exportés vers les USA en 2022 par toutes ces fermes locales.

Par ailleurs, les autres entreprises américaines ayant acheminé des singes de Maurice en 2022 sont les importateurs américains et les sociétés mondiales de tests sous contrat, dont Charles River Laboratories, Envigo Global Services et l’Université de Louisiane. Si l’Union Européenne interdit l’importation de primates non humains capturés dans la nature pour les laboratoires, il ne semble avoir aucune limitation pour les États-Unis. C’est ce que nous affirme Nada Padayatchy, directeur de Bioculture : « S’agissant de l’Union européenne, la législation exige que des animaux soient nés en captivité. En revanche, pour l’Amérique du Nord, il n’y a pas cette limitation. Donc, une partie minime des animaux sur cette destination sont effectivement des animaux de capture exportés après la période de conditionnement et de quarantaine », dit-il.

Selon le directeur de cette compagnie, les singes sont capturés « un peu partout à travers l’île dans les zones où il y a une menace pour la biodiversité et l’agriculture. » Il précise qu’il « n’y a pas de nombre limite pour la capture » et que la compagnie détient un permis délivré par le ministère de l’Agro Industrie. Par ailleurs, concernant les trappes découvertes à Grand-Bassin, il indique que : « Nous ne capturons pas dans un rayon de 2.5 km. D’abord, pour des raisons sanitaires, mais surtout pour respecter l’aspect socio culturel du lieu ».

Réagissant à ces donnés qui lui ont été soumis, Sarah Kite, co-fondatrice d’Action for Primates a déclaré : « Maurice est le plus grand exportateur mondial de singes capturés dans la nature destinés à l’industrie de la recherche et des tests de toxicité (empoisonnement). Malgré les inquiétudes mondiales généralisées des scientifiques et des groupes de protection animale, ce commerce brutal à Maurice s’est intensifié ces dernières années. Les 4,387 individus capturés dans la nature et exportés par Maurice en 2022 représentent un immense niveau de souffrance et de détresse. Permettre à nos plus proches parents vivants dans le règne animal d’être maltraités de cette manière est inhumain et honteux ! »

Elle ajoute « La capture de singes dans la nature provoque inévitablement des souffrances importantes pour les singes et est intrinsèquement inhumaine. Les singes peuvent être blessés ou tués lors du piégeage, mais ce n’est pas la pire de ce qu’ils vivent. Les singes sont des animaux très sociaux dont le bien-être – comme celui des êtres humains – dépend fortement et inextricablement d’une famille intacte et d’une structure sociale similaire. L’éloignement des individus du groupe social entraîne une rupture des familles et des liens sociaux. Cela provoque un stress et une détresse extrêmes pour ceux qui sont pris ainsi que pour ceux qui restent. »
L’impact négatif substantiel causé par le piégeage et le retrait des singes sauvages de leur habitat naturel et de leurs groupes sociaux est universellement reconnu par les organisations et organismes officiels concernés. Parmi eux, l’Union Européenne (UE) et la Société internationale de primatologie. L’UE interdit l’importation de primates non humains capturés dans la nature pour les laboratoires.

Sur leur site, nous pouvons lire : « La capture de primates non humains dans la nature est très stressante pour les animaux concernés et comporte un risque élevé de blessures et de souffrances pendant la capture et le transport. Afin de mettre fin à la capture d’animaux sauvages à des fins de reproduction, seuls les animaux élevés en captivité ou issus de colonies autonomes devraient être utilisés dans les procédures après une transition appropriée. Une étude de faisabilité devrait être réalisée à cet effet et la période de transition adoptée, si nécessaire. La faisabilité de s’approvisionner en primates non humains uniquement auprès de colonies autonomes comme objectif ultime devrait également être examinée. »

Transition appropriée
Quant à l’International Primatological Society, elle déclare que : « Considérant que le commerce des primates vivants constitue une menace majeure pour la conservation des primates. Que l’utilisation de primates non humains dans les tests biomédicaux précliniques semble augmenter malgré la promotion des trois R (replace, reduce, refine) et le développement de nouvelles méthodes de recherche ne nécessitant pas de sujets vivants. Considérant qu’au cours de la dernière décennie, et en particulier depuis le début de la pandémie de COVID-19, plusieurs primatologues ont noté une augmentation de la capture de primates sauvages à des fins d’essais précliniques et que les pays ont commencé à rétablir des quotas de prélèvement dans la nature pour répondre à une demande croissante. Les centres d’élevage exportant des primates élevés en captivité peuvent blanchir les primates sauvages élevés en captivité et récolter régulièrement des primates sauvages pour leur entretien. »

L’institution explique « Considérant que le prélèvement légal et la forte demande encouragent et fournissent une couverture au commerce illégal, ajoutant ainsi à l’impact néfaste sur les populations sauvages. La Société Internationale de Primatologie recommande, donc : que les installations de recherche biomédicale cessent d’utiliser des primates capturés dans la nature, y compris ceux destinés à la collecte d’échantillons biologiques (sang, tissus, etc.), lorsque cela nécessite le retrait prolongé ou permanent d’individus de leurs populations ; que les installations de recherche biomédicale examinent attentivement la provenance des primates qu’elles acquièrent et utilisent ; que les éditeurs de revues scientifiques refusent de publier des recherches biomédicales menées sur des primates issus de populations sauvages, ou susceptibles de nuire de quelque manière que ce soit aux populations sauvages ; que les installations de recherche biomédicale et les autorités compétentes collaborent à l’utilisation et à la promotion de stratégies de recherche alternatives n’impliquant pas la capture de primates non humains sauvages, et s’engagent ainsi en tant qu’acteurs actifs dans la conservation des primates. »

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