FOYERS NAMASTÉ: Les lois en faveur des handicapés ne doivent pas rester lettres mortes, selon Jean Alain Antoine

Avec la prise en charge de 51 résidents répartis dans les quatre foyers Namasté de Roches-Brunes (Rose-Hill), d’Albion, de Curepipe et de Valetta, c’est le rêve de Jean-Alain Antoine qui s’est en partie réalisé : mettre ses compétences et son expérience acquises après des études en France au service des personnes handicapées de son pays. En 2007, il fonde le foyer Namasté.
« Depuis mon enfance j’ai été influencé par mes parents Alain et Marlène, aujourd’hui décédés, qui faisaient beaucoup de travail social », raconte le fondateur du foyer Namasté, pour expliquer sa vocation envers les personnes les plus démunies de la société. « Pendant ma scolarité secondaire je consacrais ainsi une partie de mes vacances à visiter les enfants du couvent de Belle-Rose et de Quatre-Bornes », ajoute-t-il.
Pétri de cette culture humaniste dans laquelle il a grandi, Jean-Alain Antoine opte tout naturellement pour la psychologie quand l’heure vient pour lui d’entreprendre des études universitaires. « Je voulais plus particulièrement me former pour m’occuper des personnes avec un handicap mental ».
Après des études universitaires à Montpellier et à Toulouse, il se rend à Paris où il est engagé par l’Arche de Jean Vannier, qui est son maître à penser. Cet humaniste canadien a fondé à travers le monde des foyers qui s’occupent des jeunes adultes avec un handicap mental. « J’ai travaillé comme responsable de foyer pendant quatre ans dans les foyers Namasté et Moriya de l’Arche à Paris, puis un jour je décide de rentrer à Maurice ».
Pourtant, Jean-Alain Antoine était bien en France. « Je faisais un travail que j’aimais dans un environnement professionnel et humain stimulant, mais j’avais besoin de rentrer à Maurice. J’avais envie de mettre mes compétences et mes expériences acquises en France au service de mon pays ».
Dès sa rentrée au pays en 2007, il fonde le foyer Namasté. « J’ai choisi l’appellation Namasté parce que d’une part j’ai travaillé dans des foyers Namasté en France, et d’autre part je voulais rendre un hommage appuyé à Mère Teresa pour qui j’ai une très grande admiration et qui m’inspire dans mon travail ».
Socialisation
Le but de l’association, poursuit son fondateur, est l’hébergement et la prise en charge résidentielle des personnes avec un handicap intellectuel, avec ou sans troubles associés (physiques, psychiques et polyhandicapés).
C’est ainsi que les foyers Namasté prennent plus particulièrement en charge les enfants abandonnés ou orphelins qui ont un handicap mental et qui se retrouvent seuls face aux défis et aux dangers de la vie, ainsi que les jeunes avec un handicap mental qui ne s’adaptent pas dans une école spécialisée.
« Après une étude approfondie et à cause d’une demande excédant nos capacités, nous donnons la priorité aux enfants avec un handicap mental ou trouble de comportement, maltraités, abandonnés, délaissés et orphelins. Actuellement, notre association prend en charge 51 résidents répartis dans quatre foyers. Tous ont un handicap mental sévère ou sont polyhandicapés ou ont des troubles psychologiques. La plupart de nos jeunes ont été abandonnés par leurs proches ».
Les types de handicaps et pathologies dont sont porteurs les résidents des foyers Namasté sont notamment l’infirmité motrice cérébrale, la trisomie 21, l’autisme, la tétraplégie, l’hémiplégie, l’épilepsie, la schizophrénie, tout cela avec ou sans troubles associés.
« Les personnes avec un handicap mental ne doivent pas se sentir abandonnées ou rejetées par la société. Elles sont tout simplement appelées à vivre un autre style de vie, avec un accompagnement individualisé pour une meilleure adaptation, une appartenance à un groupe pour tendre ensemble vers une socialisation », affirme notre interlocuteur. Parmi ces résidents, certains fréquentent les écoles spécialisées en journée, ajoute-t-il. « Nous organisons des activités pour ceux qui restent au foyer. Nous mettons en place des activités qui favorisent l’autonomie et la socialisation ».
Médecin généraliste, psychiatre, psychologue, physiothérapeute, ergothérapeutes, éducateurs, infirmière sont parmi les professionnels qui interviennent dans les foyers Namasté. « Nous travaillons aussi avec quelques médecins de certains hôpitaux, ceux qui sont sensibles au handicap ».
L’association reçoit de l’aide de certaines firmes privées. « Nous avons pu ainsi améliorer la prise en charge des enfants qui nous sont confiés. Mais nous avons besoin de davantage d’aide pour mieux accompagner nos résidents et augmenter même notre capacité d’accueil », affirme notre interlocuteur.
Des produits alimentaires, le financement des salaires du personnel sont les types d’aides que Namasté compte accueillir. « Nous avons aussi besoin d’un véhicule pour pouvoir transporter nos résidents handicapés à leur rendez-vous à l’hôpital ou chez leur médecin ou pour leurs loisirs simplement ».
Atelier occupationnel
Si les difficultés ne manquent pas, l’association connaît aussi ses success stories, « comme le fait que l’un de nos bénéficiaires arrête de porter des couches, ou qu’un autre arrive à manger sans assistance, et autant de petits gestes simples, en apparence, qui prennent parfois des années avant d’être exécutés convenablement par ces enfants. Certains de nos enfants ont pu intégrer une école spécialisée et d’autres vont intégrer une école maternelle. Une valorisation en soi pour eux, comme pour le personnel du centre qui les suit. Si on leur donne les moyens nécessaires, ils vont indéniablement progresser ».
L’association Namasté ambitionne d’ouvrir un atelier occupationnel pour jeunes adultes.
« Je constate, avec tristesse et colère, que certaines personnes croient connaître le handicap et le suivi d’un enfant autrement capable. Mais il y a des étapes à suivre avant de prendre toute décision concernant l’enfant en situation de handicap », insiste notre interlocuteur. Dans ce contexte, il argue que les lois en faveur des personnes handicapées ne doivent pas rester lettres mortes. « Nos lois disent que tous les enfants ont les mêmes droits. Mais trop souvent ces droits ne font que rester sur du papier et ne sont pas appliqués, parce qu’on n’a pas encore compris le handicap, ce qu’est la prise en charge d’un enfant en situation de handicap. Les organisations non-gouvernementales (ONG) qui se sont donné pour mission la prise en charge des enfants ou adultes en situation de handicap doivent continuer à sensibiliser notre société face au handicap et militer pour le droit de ces personnes autrement capables », martèle-t-il.
« Notre association est fière du chemin parcouru en cinq années d’existence. Mais il reste encore beaucoup à faire », confie le fondateur de Namasté.
Pour toute aide, téléphoner au 4491100/01.

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