Inscrit à l’Unesco : Coup d’accélérateur à la sauvegarde du sega tipik

Lasosiasion Pratikan Sega Tipik lance une série d’événements pour la promotion, la collecte et l’archivage du patrimoine culturel immatériel

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Une exposition et une conférence au Caudan Arts Centre mardi prochain

Inscrit au patrimoine immatériel de l’Unesco depuis novembre 2015, le sega tipik a souvent souffert d’une absence de promotion au-devant de la scène. Mais tel le levain dans la pâte, Lasosiasion Pratikan Sega Tipik (LaPrast), mise sur pied sous l’impulsion du groupe Abaim, œuvrait dans l’ombre pour faire vivre la tradition. Les premiers résultats seront dévoilés au public à partir de mardi. C’est l’occasion également de poursuivre le travail de collectage et d’archivage du sega tipik.

Une inscription sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l’Unesco n’est pas une fin en soi. Il y a un devoir de faire perdurer la tradition à travers les générations. C’est le but que s’est fixé LaPrast depuis sa création en 2016, multipliant les initiatives pour garder la tradition vivante.

Ce collectif réunit 11 groupes, tous des pratiquants et des héritiers de familles connues pour leurs contributions dans la construction de ce patrimoine. On y retrouve les Group Zenerasion Cassambo, Group Mazavarou, Group Ala mo la, Group Rosemonde Verloppe, Group Etwal

Filant, Group Zans Anba, Group Revelasion Ti frer, Group José Legris, Group Korperasion Tipik, Group Zenerasion Osean et Group Abaim.

Après des années de recherches et de travail, les premiers résultats seront présentés au public bientôt. Le coup d’envoi sera donné à travers une exposition et une conférence au Caudan Arts Centre mardi de 14h à 16h. Le thème de la conférence est Linportans dokimantasion ek arsivaz patrimwann kiltirel intanzib. L’accent sera bien entendu mis sur le sega tipik.

Marousia Bouvéry, du groupe Abaim, explique : « le sega tipik relève de nos traditions orales. Pour les préserver, il est important de les collecter et les archiver. Cela devient de plus en plus important dans un contexte de développement durable. On peut dire que les pratiquants étaient en avance dans ce domaine. Bien avant l’élaboration du concept du développement durable. »

La Convention sur la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel de l’Unesco définit de telles pratiques comme un « creuset de la diversité culturelle et garant du développement durable ». Particulièrement dans un contexte de mondialisation. LaPrast s’est aussi engagée à œuvrer dans ce sens.

« Pour prendre conscience de son importance, il faut engager la réflexion et la discussion. C’est ce que nous allons faire justement mardi prochain. Il ne s’agit pas uniquement de chansons, mais aussi de la langue kreol. Nous invitons les artistes, les enseignants et les chercheurs, entre autres, à venir. Il faut prendre conscience de notre richesse », s’appesantissent les promoteurs de cette démarche culturelle.

Interviendront sur ce thème l’ingénieur du son et collecteur Philippe de Magnée, qui a enregistré plusieurs groupes mauriciens; Fareed Chuttun, ancien Permanent Secretary du ministère des Arts et de la Culture, qui avait travaillé sur le dossier du sega tipik, déposé à l’Unesco; Stéphanie Tamby, historienne et directrice du Morne Heritage Trust Fund; Venecia Mungapen, chercheuse du National Heritage Fund; et Alain Muneean, d’Abaim, activement engagé dans la collecte du patrimoine.

Marousia Bouvéry ajoute qu’une exposition photos, audio et vidéos se tiendra en parallèle le même jour de 14h à 16h. Elle est ouverte gratuitement au public. « Cet événement est le lancement d’une série d’activités autour du sega tipik. Bientôt, un livre, qui mettra en valeur les pionniers dans ce domaine, sera lancé. C’est un hommage que nous voulons leur rendre pour l’héritage qu’il nous a laissés », fait-elle comprendre.

Elle cite en exemple Fanfan, décédé en août 2018, et connu pour être un conteur, en plus d’être ségatier. « Pour nous, Fanfan est une légende, une vraie. Sa maîtrise de la ravanne, ses histoires et ses expressions sont des trésors de notre patrimoine qu’il faut préserver et valoriser. Cet hommage pour les anciens, est aussi une occasion de nous poser la question : Et nous, qu’allons-nous laisser ? » se demande-t-elle.

Le livre a été réalisé avec le soutien du National Arts Fund à hauteur de 60%. Le groupe IBL et la Mauritius Tourism Promotion Authority (MTPA) ont également apporté leur collaboration. « Nous sommes toujours en quête de soutien, car c’est un projet d’envergure à dimension nationale et pour le patrimoine », laisse-t-on entendre.

Un album réunissant les 11 groupes de LaPrast sera également bientôt lancé, ainsi qu’une vidéo. Des concerts dans différents endroits à travers l’île sont également au programme.

Soulignons qu’à part le sega tipik, le geet gawai et le sega tambour de Rodrigues sont aussi inscrits sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l’Unesco.

ENCART

Ce que dit la Convention de l’Unesco

La Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel adoptée par l’Unesco en 2003 identifie cinq domaines dans lesquels se manifeste le patrimoine culturel immatériel : les traditions et expressions orales, y compris la langue, comme vecteur du patrimoine culturel immatériel; les arts du spectacle; les pratiques sociales, rituels et événements festifs; les connaissances et pratiques concernant la nature et l’univers; et les savoir-faire liés à l’artisanat traditionnel.

La Convention précise : « La protection et la sauvegarde du patrimoine culturel et naturel mondial, et le soutien à la créativité et aux secteurs culturels dynamiques, sont fondamentaux pour relever les défis de notre époque, du changement climatique à la pauvreté, en passant par les inégalités, la fracture numérique et les urgences et conflits toujours plus complexes. L’Unesco est convaincue qu’aucun développement ne peut être durable sans une forte composante culturelle. »

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