MARCHANDS AMBULANTS—COMMERÇANTS ET MARAÎCHERS: « Jusqu’au 11 juin pour nettoyer les villes »

Les marchands du marché central et de Rose-Hill, de même que les chauffeurs de taxi, commerçants et opérateurs économiques des cinq villes, lancent en bloc un ultimatum au gouvernement pour « nettoyer les villes » des marchands ambulants, et ce avant le 11 juin, soit trois jours avant les élections municipales.
« Enough is enough », a martelé Raj Appadu, président du FCCM, lors d’une conférence de presse hier, avec, à ses côtés, les dirigeants des associations défendant les intérêts des différents commerces affectés par le problème des marchands illégaux. Les commerçants étudient actuellement un mot d’ordre en vue des prochaines élections municipales. L’enjeu est clair, selon Raj Appadu, qui tient à souligner que ce sont les commerçants et les citadins qui contribuent aux caisses municipales.
Les différents partis représentés lors de cette conférence de presse sont en effet critiques face aux remèdes des autorités pour rétablir le “law & order” dans les villes, mais également envers les politiciens et conseillers. « Leur seul but est d’accéder au pouvoir. Les élections passées, ils ne se prennent plus la tête avec les commerçants et les citadins », déplore Raj Appadu, qui évoque des tiraillements entre certains élus dans certaines villes. Les différents partis politiques n’ont, selon lui, « pu mettre un frein au problème des colporteurs en appliquant le Law & Order comme il se doit ». Raj Appadu va jusqu’à accuser certains politiciens « d’encadrer » les marchands ambulants. « Nous, commerçants, payons deux taxes : les frais de la Mauritius Revenue Authority et le salaire des employés. Les commerçants de rue, eux, ne payent rien. Alors dites-moi : qui sont les mieux lotis ?? » lance le président du FCCM.
Hier, les marchands du marché central de Port-Louis et de Rose-Hill, mais aussi les chauffeurs de taxi, les commerçants et les opérateurs économiques des cinq villes, ont fait force communes pour lancer un défi au gouvernement pour nettoyer les villes. « Il n’est plus question de jouer avec nous. Nous représentons un électorat important », souligne Raj Appadu. Il remarque que plusieurs étals sont inoccupés à ce jour au pont de Paris et au Jardin de la Compagnie pour accueillir les marchands de rues et s’interroge sur la nécessité de construire un autre bâtiment à Trou-Fanfaron avec, dit-il, « l’argent des contribuables ».
Du côté du marché central, que ce soit dans la section fruits et légumes ou celle des souvenirs et produits artisanaux, les revendications sont les mêmes. Isoop Soobedur, président de la Market Traders Association (MTA), mentionne que, la semaine dernière, les maraîchers ont menacé de descendre dans la rue pour vendre leurs fruits et légumes afin d’envoyer un signal fort aux autorités concernant leur ras-le-bol. L’action a cependant été avortée avec l’intervention de la police, qui aurait promis de remédier à la situation. Mais le constat, selon Isoop Soobedur, est toujours déplorable, car, dès 14 h, des marchands ambulants retournaient en force rue Farquhar et rue La Reine. Selon le président de la MTA, les ventes des maraîchers ont chuté de 75% ces dernières années. Une concurrence déloyale qui a également impact sur les recettes des marchands dans la section souvenir, épices et produits artisanaux touristiques au marché central, selon les dires de Varouna Runghen, secrétaire de la MTA.
À Rose-Hill, c’est le même scénario. Selon Kumar Soorjonowa de la Plaine Wilhems Market Traders Association, une vingtaine de marchands opéreraient dans l’illégalité aux abords du marché dans des conditions hygiéniques déplorables, utilisant des instruments n’étant pas dans les normes. « Le Law & Order se dégrade de jour en jour à Rose-Hill », déplore-t-il.
Au tour de Rafick Bahadoor, président de la Taxi Proprietors Union, de dénoncer le « chaos » dans les rues et les trottoirs, engorgés de marchands ambulants. « Il faut un véritable plan pour libérer les rues de Port-Louis, qui n’arrivent plus à respirer et sont impraticables à pied, au point que les piétons sont obligés de marcher sur la chaussée, mettant leur vie en danger », déplore le président de la Taxi Proprietors Union. À la gare de Port-Louis, les taximans ont souvent des prises de bec avec les marchands ambulants, qui empiètent par moments sur la place des taxis. Évoquant « une politique de deux poids, deux mesures », Rafick Bahadoor s’interroge sur les raisons pour lesquelles les chauffeurs de taxi sont pénalisés lorsqu’ils écrasent une ligne jaune « alors que les marchands ambulants, eux, occupent des places de parking durant des journées entières et garent aussi leurs véhicules sur les lignes jaunes », sans être tracassés pour autant.

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