MONDE DU TRAVAIL : Un programme de formation pour réhabiliter les handicapés

Améliorer l’employabilité des handicapés. Tel est en partie l’objectif que vise le MEF CSR Fund à travers son Office and IT Skills Programme. Il y a quelques semaines, les bénéficiaires de ces cours ont reçu leur certificat et ont débuté un stage en entreprise et certains ont reçu une proposition d’embauche. Nitish Ramanna, Hritesh Beetun, Genita Cohanoo, Benjamin Mervin, et Yaven Samy, qui ont participé à cette formation, nous en disent davantage.
Chaque entreprise a un rôle citoyen et à travers le MEF CSR Fund, la MEF s’est donnée les moyens de mieux coordonner les initiatives des employeurs dans le contexte social. Le MEF CSR Fund a été créé en mars 2010 dans le but d’aider les entreprises à mieux remplir leurs obligations légales à l’égard de la Corporate Social Responsibility (CSR). Il a pour objectifs de mettre en oeuvre des projets CSR en ligne avec ses principaux domaines d’intervention que sont la formation et l’intégration des personnes handicapées ; l’entrepreneuriat et le développement des PME ; la formation en Life Skills et alphabétisation fonctionnelle ; le soutien aux étudiants nécessiteux ; la protection et la préservation de l’environnement et le VIH/sida.
Il y a quelques mois, le MEF CSR Fund a mis en place un programme à l’intention des handicapés afin de leur redonner confiance en eux, les former en vue d’un placement en entreprise. Un psychologue a également suivi les 20 participants tout au long de la formation. «  Au sein du MEF CSR Fund, nous croyons que la formation et l’intégration des personnes handicapées dans le monde du travail sont essentielles pour leur permettre de vivre une vie pleine et indépendante et pour la construction d’une société mauricienne inclusive et équitable. C’est dans cette optique que nous avons élaboré ce programme de formation et de stage avec le soutien de la Mauritius Telecom Foundation. Le programme tient en considération deux volets majeurs que sont la formation et le placement en entreprise. Pour rappel, la formation a été échelonnée sur cinq mois, de février à juin 2013. Il est important de souligner que les bénéficiaires ont pris part à un examen à la fin. Ce projet vise à l’amélioration des chances d’épanouissement des personnes vulnérables et à faciliter davantage leurs possibilités de formation et d’emploi dans le but de rendre le marché de l’emploi plus inclusif », soutient Luvna Arnassalon, coordinatrice du projet.
La formation, une aubaine pour les personnes vulnérables
Pour Genitabye Cohanoo, grâce à cette formation, elle a repris confiance en elle : «  Avant, j’avais très peur d’être jugée. Au début, j’étais très timide mais quand j’ai réalisé que les autres personnes étaient atteintes également d’un handicap, j’ai commencé petit à petit à m’ouvrir aux autres et je me suis fait des amis. D’ailleurs, je me suis beaucoup attachée à quelques-uns. Ils m’encouragent à avancer. »  Nitish Ramanna nous explique pour sa part que « la société a encore du mal à accepter les handicapés. Je pense que cela prendra un certain temps avant que les mentalités ne changent. Mais grâce à cette formation, nous avons une meilleure connaissance du monde du travail, et aussi comment prendre sa vie en main. Pour cela, il nous a fallu accepter nos différences afin de s’ouvrir aux autres. Mais au fil des séances, personne ne faisait plus attention aux handicaps des autres ; nous étions tous “normaux”. Après la formation, j’ai effectué un stage en entreprise. Les premiers jours j’avais très peur mais par la suite, j’ai été agréablement surpris de voir que les gens m’acceptaient. J’ai pu faire mon stage sereinement et mettre en avant mes compétences pour pouvoir décrocher un emploi fixe. Je dois dire que je ne me sens pas vraiment différent quand je vais travailler. Je suis même très à l’aise. »
Benjamin Mervin nous a également donné son assentiment sur la formation : « Ce que j’ai retenu de la formation c’est la manière d’expliquer mon handicap et comment me comporter lors d’un entretien d’embauche. Cela m’a aidé à me retrouver dans une classe entouré de personnes atteintes également d’un handicap. Je ne me suis pas senti exclu, au contraire, j’ai pu poser toutes les questions que je voulais sans aucune honte ni appréhension. Je pense qu’il n’y a pas assez de formations de ce genre à Maurice. Mais, c’est déjà un bon début. Mon stage se passe très bien et j’ai de la chance d’être entouré. J’encourage d’autres handicapés à s’inscrire à ces cours. Cela en vaut vraiment la peine. »
Par ailleurs, ce sont surtout les cours dispensés en communication et en bureautique qui ont le plus plu. « En informatique et en communication, on pouvait s’exprimer et apprendre dans une bonne ambiance. Les professeurs étaient ouverts à tous les sujets. Ils nous comprenaient facilement, aussi ne nous sentions-nous pas différents des autres, ce qui nous a aidés », témoigne de son côté Yaven Samy.
Rapport du psychologique
Le psychologue Sadasiven Coopoosamy  a effectué trois sessions de groupe avec les participants. « À la première session, tous avaient plus ou moins une mauvaise image d’eux, des sentiments d’infériorité. Certains n’avaient pas d’amis. Nous avons alors abordé des thèmes comme “Connais-toi – une approche holistique” ;  “Description du poste de psychologue et de psychiatre” ; “Le monde du travail” ; “Complexe d’infériorité et de supériorité” ; “La timidité et le manque de confiance en soi” ainsi que “La sexualité”. » Par la suite, les participants ont appris des techniques de relaxation et à surmonter les pensées négatives, dit-il. « Par exemple, au lieu de se focaliser sur leur handicap, ils ont été invités à trouver d’autres domaines en dehors de leur emploi dans lesquels ils peuvent exceller — le dessin, la peinture, le bricolage, le chant, la danse, le travail social, entre autres, et ainsi obtenir la reconnaissance, permettant de ce fait de renforcer l’estime de soi. Les bénéficiaires de ce programme ont été également encouragés à communiquer avec le Service d’orientation professionnelle à Rose-Hill. »
Par ailleurs, Sadasiven Coopoosamy dit rester à la disposition des titulaires du cours. « Il est très important d’être là pour eux en particulier maintenant qu’ils sont en stage. C’est là qu’ils mettent en pratique ce qu’ils ont appris. Je me tiens à leur disposition s’ils ressentent le besoin de s’exprimer. »

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