Les nouveaux maires et adjoint maires, élus mercredi en grande pompe, sont attendus au tournant compte tenu des débats houleux qui s’annoncent face aux élus du PMSD pressés d’apporter de l’eau au moulin de Xavier Duval, qui a refusé d’appeler à la démission de ses poulains en guise de protestation contre le report des élections municipales. Des protestations, il y en a eu en marge des cérémonies d’investiture, avec les dirigeants de Linion Pep Morisien (LPM) qui ont manifesté leur courroux devant les cinq mairies.
Port-Louis—Issoop Nujuraully, un vieux de la vieille
La bataille au rang de lord-maire a été serrée entre Issoop Nujuraully, 74 ans, et Javed Codabux, deux élus très actifs dans leur arrondissement, mais c’est le premier nommé qui a obtenu la faveur des ténors du MSM pour prendre le relais de Mahfooz Moussa Cadersaib. Le nouveau lord-maire est un vieux de la vieille qui a fait ses premières armes en politique au sein du MSM dès la création du parti en 1983, une année durant laquelle il participe pour la première fois à une élection municipale, où il connaît la défaite. 40 ans plus tard, cette consécration sonne comme une revanche personnelle : « Je viens d’une famille modeste, mon père étant un marchand de lait et ma mère une femme au foyer, mais j’ai toujours eu la foi. On doit toujours avoir la foi. »
Issoop Nujuraully soutient qu’il poursuivra « le bon travail » entrepris par ses prédécesseurs et par les conseillers. Outre l’amélioration des infrastructures, notamment la construction de drains, une de ses priorités demeure la rénovation d’une aile du marché central. C’est Aurélie Francesca Christabelle Dookhee qui a été élue adjointe au lord-maire.
Beau-Bassin/Rose-Hill — Rajenee Mootoo-Caroopen, 17 ans après Mirella Chauvin (MR)
C’est Rajenee Mootoo-Caroopen (MSM) qui a été désignée maire de Beau-Bassin/Rose-Hill. 17 ans après Mirella Chauvin (MR), une femme prend donc les rênes de la mairie… dans la controverse, selon les bruits de couloir, dans la mesure où tout le monde avait vu en Anil Dewee, fidèle au MSM depuis 1992, la personne la plus apte à devenir le deuxième maire orange de l’histoire des villes sœurs après Rashid Daureeawoo (2013-14). Certains conseillers voient d’un mauvais œil l’élection de Rajenee Mootoo-Caroopen au motif qu’elle n’a intégré le conseil qu’en septembre 2021 pour supplanter l’élue Elvany Anamalay, qui avait démissionné de son poste pour des raisons professionnelles.
À en croire un élu orange, la nomination de Rajenee Mootoo-Caroopen laisse plus que perplexe compte tenu de son « manque d’expérience et de sa nature timorée qui pourraient lui être préjudiciable face aux coups de boutoir des conseillers du PMSD. » Rajenee Mootoo-Caroopen pourra toujours compter sur le soutien de Mahen Choolun (ML), qui a été adoubé au rang d’adjoint maire pour la deuxième fois de sa longue carrière politique après 2013 (MMM). La nouvelle maire a fait de la rénovation du bazar et du projet de l’Urban Terminal ses priorités.
Curepipe — Devika Pabaroo veut la baguette magique du PM !
Devika Pabaroo a fait sont baptême du feu en politique en 1995 au sein du parti soleil, qui l’a récompensée de la plus belle des manières en la désignant comme maire de Curepipe, quand bien même le nom d’Irène Coret est revenu avec insistance pour succéder à Hans Marguerite. Cette retraitée, dont tous les conseillers disent du bien, eu égard à sa propension à manifester sa bonne humeur à chaque séance du conseil, aura en face d’elle l’ex-maire Nathalie Gopee (PMSD), qui a donné bien du fil à retordre à Hans Marguerite depuis 2017.
« C’est une personne intelligente et dévouée, sauf qu’elle n’a pas le caractère trempé d’Hans Marguerite, qui a su tant bien que mal faire face aux répliques cinglantes de Gopee. Mais la nouvelle maire pourra compter sur notre soutien indéfectible », confie un élu orange. Devika Pabaroo pourra compter sur l’appui de son adjoint, Samy Chellen, qui rempile pour un second mandat à ce poste. À la presse, la nouvelle maire a soutenu que « je vais donner le meilleur de moi. Notre Premier ministre a une baguette magique ! Quand il fait un projet, celui-ci se réalise vite. Alors, j’espère qu’il pourra me céder cette baguette magique afin que je contribue à redonner son éclat à Curepipe. »
Quatre-Bornes — Dooshiant Ramluckhun ou le culot en plus
L’élection de Dooshiant Ramluckhun (MSM), 39 ans, au poste de premier magistrat de la ville des fleurs, ne souffre d’aucune contestation, à en croire les élus de son parti. Directeur d’un supermarché à Sodnac, le jeune élu n’a jamais fait grand mystère de ses envies de prendre les rênes de la mairie en arborant notamment un visage fermé le jour de son accession au poste d’adjoint maire le 25 juin 2019, alors que tous les pronostics lui prédisaient la victoire, qui était finalement revenue à Nagen Mootoosamy. « Il a du culot, mais il sait qu’il est désormais attendu au tournant. À lui de prouver qu’il a les épaules solides », confie un conseiller orange.
Avec le franc-parler et le dynamise qui le caractérisent, selon ses pairs, Dooshiant Ramluckhun s’était fait remarquer le mois dernier lors d’une émission radiophonique durant laquelle il avait contredit avec force la députée Tania Diolle et critiqué la Land Drainage Authority (LDA) sur les retards dans la mise en œuvre des travaux de drains dans la ville. Le nouveau maire fait d’ailleurs de ce projet son cheval de bataille. Le projet du terminal urbain fait également partie de ses priorités. Dooshiant Ramluckhun aura comme adjointe Pamela Ayacanou (ML), qui avait déjà occupé ce poste en 2017.
Vacoas-Phœnix —Mike Mungur, pour sauver l’honneur…
C’était la jubilation dans le camp du ML lors de la cérémonie d’investiture du nouveau maire et adjoint-maire de la ville de Vacoas-Phoenix, qui a vu l’élection de Mike Mungur, issu des rangs du parti d’Ivan Collendavelloo, qui se console d’avoir perdu les rênes des villes sœurs. Entrepreneur dans la restauration, Mike Mungur était adjoint maire depuis 2019. Il aura la lourde tâche de régler l’épineuse question du projet de l’Urban Terminal de Vacoas, qui a pris du plomb dans l’aile après la mise à l’écart du consortium Laxmanbhai-Manser Saxon suite au litige l’opposant au ministre des Collectivités locales, Anwar Husnoo. Outre le projet du terminal urbain, le nouveau maire soutient vouloir accentuer la promotion des arts et la culture dans la ville : « Pourquoi pas un théâtre municipal à Vacoas ? » a-t-il lancé aux journalistes. Mike Mungur aura pour adjointe Devianee Ramchurn, qui a confié vouloir concentrer ses efforts pour encourager la pratique du sport chez les enfants. Sans oublier les femmes entrepreneures.