Patients dialysés : la RDPA dénonce la situation prévalant à l’hôpital de Souillac

Quatre nouveaux décès enregistrés ces dernières semaines

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Une marche ce samedi pour rendre hommage aux patients décédés en 2021

Le décès récent de quatre patients, suivant des traitements de dialyse à l’hôpital de Souillac, suscite de nombreuses interrogations. La Renal Disease Patient’s Association (RDPA) tire la sonnette d’alarme quant aux conditions de traitement dans cet établissement de santé publique. Bose Soonarane, le président, met en cause la mauvaise qualité de l’eau. Il souligne également que 11 patients dialysés de l’hôpital de Souillac sont décédés pendant la pandémie de Covid-19 et que les proches attendent toujours des explications officielles du ministère de la Santé.

La RDPA fait ressortir que 1 500 personnes suivent de traitement de dialyse actuellement à Maurice. Dans la majorité des hôpitaux, les séances se font dans de bonnes conditions. Toutefois, il existe quelques problèmes à l’hôpital de Souillac. Après 11 décès enregistrés pendant la pandémie de Covid-19, quatre nouveaux patients en traitement dans le même centre ont perdu la vie récemment. Ce qui relance la polémique.

Bose Soonarane, de la RDPA, explique : « Nous attribuons ces décès à la mauvaise qualité de l’eau. Chaque centre de dialyse a un Water Treatment Plant. La qualité de l’eau doit être propre, sans bactérie. Lors des tests de la qualité, la Colony Forming Unit (CFU) est généralement sous 10. Dans le centre de Souillac, vers fin février, la CFU était à 85. »

Il précise que d’après le protocole, il est toujours possible d’utiliser l’eau pour la dialyse même quand la CFU affiche 200 au maximum. Toutefois, se demande-t-il, étant donné que pour ce test de la qualité de l’eau, il faut s’adonner à une culture, ce qui prend au moins une semaine, le chiffre a pu évoluer. « Que s’est-il passé entre le moment où l’on a prélevé l’échantillonnage pour le test et celui où l’on a reçu les résultats ? Est-ce que la CFU est restée à 85 ou a-t-elle dépassé les 200 ? C’est la question que nous posons au ministère de la Santé. Les proches des patients décédés attendent une réponse », dénonce-t-il.

Pour le président de la RDPA, la mauvaise qualité de l’eau a été fatale aux patients les plus fragiles. « Il y a eu trois décès en deux jours, et trois autres ont été admis à l’hôpital de Rose-Belle. Malheureusement, en début de semaine, l’un d’eux est décédé », lance Bose Soonarane, qui ajoute que les proches sont dans l’incompréhension. Il avance qu’il n’y a pas eu d’amélioration depuis les douloureux événements survenus pendant la pandémie de Covid-19.

À l’approche de la présentation du budget 2024-2025, il lance un appel en faveur du recrutement de néphrologues additionnels. « Celui qui est de service à Souillac vient de l’hôpital de Rose-Belle. Nous aurions préféré avoir des spécialistes en maladies rénales. Le ministre de la Santé a lui-même reconnu que quelque 130 000 personnes à Maurice ont potentiellement un problème rénal », dit-il.

Bose Soonarane critique également le transfert d’un Charge Nurse, qui a été promu Ward Manager et qui n’est donc plus affecté au service de dialyse. Ce dernier, dit-il, avait une synergie avec les patients. Il établit un parallèle avec le centre de Riche-Mare, où le Ward Manager est resté attaché au service de dialyse.

Didier Lesage, patient sous dialyse à Souillac depuis huit ans, dit être un « rescapé » du drame de la pandémie de Covid-19. « Nous avons vécu des événements traumatisants, qui nous ont marqués à vie» , confie-t-il. Il dénonce la situation qui prévaut actuellement à l’hôpital de Souillac. « Il y avait quelqu’un qui était là avant, et tout se passait bien. Malheureusement, il a été promu et affecté ailleurs. Sa remplaçante n’a pas la même approche. Tout a changé. Auparavant, le néphrologue passait nous voir. Maintenant, quand on termine sa séance, à 11h, on doit attendre jusqu’à 14h pour aller la voir. La dernière fois, une quinzaine de patients avaient terminé leur séance, mais il n’y avait personne dans la salle pour s’occuper de nous, parce qu’il y avait une réunion en même temps », poursuit-il.

Didier Lesage réclame de meilleures conditions de traitement. Pour lui, il y a également une grande démotivation de la part du personnel : « Ce sont les patients qui sont les perdants dans cette situation. » Il se demande ainsi pourquoi rien n’a été fait en dépit du fait que les autorités ont été alertées sur la situation.

Bose Soonarane s’appesantit aussi sur le fait que les proches des patients décédés pendant le Covid-19 demeurent dans l’attente de réponses : « Les rapports des enquêtes initiées n’ont jamais été rendus publics. Les proches attendent des explications pour faire leur deuil », s’indigne-t-il. Il est donc urgent, fait-il ressortir, de remédier aux problèmes à Souillac pour qu’il n’y ait pas d’autres décès.

La RDPA tient une marche ce samedi 13 à Souillac, à partir de l’hôpital, pour rendre hommage aux patients décédés en 2021.

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