Lors de son intronisation comme lord-maire de Port-Louis mercredi à la municipalité de Port-Louis, Aslam Hossenally, qui connaît bien le terrain pour avoir été élu lord-maire également en 2012, veut rester à l’écoute de chaque Portlouisien en servant avec dévouement et impartialité tout au long de son mandat. Il estime que les habitants de la capitale doivent pouvoir faire entendre leur voix, et souhaite redonner à la ville tout son éclat à travers des projets porteurs de sens, dans l’esprit du thème choisi pour ce mandat à travers le slogan : « Rénover et innover pour de nouvelles villes ».
Vous n’en êtes pas à votre premier fauteuil mairal. Qu’est-ce qui explique cette fois encore que les citadins ont cru en vous et qu’est-ce qui a changé depuis votre dernier mandat ?
Du 18 décembre 2012 au 23 décembre 2013, j’ai occupé le fauteuil mairal de Port-Louis. C’est assez difficile de répondre sur ce qui a changé; il faudrait faire un constat. Mais disons qu’il y a eu beaucoup de négligences. À titre d’exemple, le terrain d’enfants est inexistant. Beaucoup de terrains synthétiques sont en mauvais état. Nous connaissons aussi l’état de la mairie après ces dix dernières années, où les Mauriciens n’ont pu faire entendre leur voix pour les élections municipales.
Aujourd’hui, tout doit être axé sur le développement et, avec une équipe soudée, je souhaite avoir le soutien indéfectible de tous les citadins et des opérateurs économiques, que j’inclus aussi dans la grande famille portlouisienne. Je veux avant tout qu’on travaille de concert pour donner plus d’éclat à la ville de Port-Louis. Nos défis actuels, comme programme municipal, reposent sur le slogan Rénover et innover pour des villes nouvelles, et ces innovations seront perçues dans les mois à venir.
Lors de votre intronisation comme lord-maire, on a pu entendre une femme crier : « Retourn nou ansien lemer, aster-la travay-la pou fer. » Quelles sont les attentes des Portlouisiens par rapport à cette élection et qu’est-ce qui définit votre popularité ?
C’est avant tout un travail d’équipe. Sans les citadins, la municipalité ne peut avancer. Les Portlouisiens doivent pouvoir faire entendre leur voix et il est essentiel d’être à l’écoute des doléances des citadins, de rétablir un dialogue franc, ouvert et constructif entre les citoyens et leur conseil municipal. S’il n’y a pas cette interaction entre le public et nous, nous pouvons parfois ne pas prendre de bonnes décisions. Travaillons ensemble pour faire de Port-Louis une ville moderne, attractive et à la hauteur des aspirations de ses habitants.
À un moment de votre discours, vous évoquiez la création d’un Night Market pour la capitale. Quelle sera votre approche ?
L’année dernière, après la victoire de l’Alliance du Changement lors des élections générales, on a vu la belle animation qui s’est tenue rue Desforges, et c’est venu enrichir notre capitale. Et dans le même élan, je vais venir de l’avant avec un Night Market. Nous allons finaliser les modalités dans les jours à venir. Nous espérons démarrer le Night Market au plus tard dans les périodes de festivités de fin d’année. L’idéal serait de positionner ce Night Market tous les week-ends, du vendredi au dimanche.
Nous devons d’abord travailler sur ce projet, mais je peux dire d’ores et déjà qu’il y a un enthousiasme au niveau du conseil et auprès des commerçants. Nous voulons revoir les rues de Port-Louis animées et que les commerces profitent aussi de ces soirées pour évoluer dans leur entreprise. Ce Night Market se fera aussi de manière concertée avec les autorités, sans négliger l’aspect sécurité. Nous comptons le faire dans les rues latérales, et non les artères principales, et ce, pour permettre une meilleure fluidité du trafic.
Pourquoi ce slogan, « Rénover et innover pour des villes nouvelles » ?
Nous avons la ferme intention de respecter ce slogan. Li pa la zis pou fer zoli. C’est un thème choisi pour donner un nouveau souffle et un nouveau dynamisme à Port-Louis, notre capitale. C’est un thème choisi aussi en ayant à l’esprit nos citadins. Nous allons nous assurer à la municipalité de Port-Louis que tous les grands événements, surtout d’ordre sportif, puissent être vécus avec les Portlouisiens dans une ambiance festive à travers des écrans géants, et nous ferons en sorte que ces animations se passent dans la joie et la bonne humeur.
Sur le plan culturel, nous misons sur la rénovation du théâtre de Port-Louis. Et pour le plaisir des Portlouisiens, nous lancerons en parallèle un festival de théâtre pour encourager la création artistique dans toutes les langues, histoire de redynamiser le centre-ville et enrichir la vie culturelle des citadins.
Dix ans d’attente pour pouvoir enfin aspirer aux municipales… Comment se fera le redressement de la municipalité et qu’en est-il des moyens financiers ?
Nous devons avoir des moyens adéquats pour pouvoir mener à terme notre mission mairale. Mais nous essayons déjà, dans le contexte actuel et avec les moyens du bord, de relever le défi. Et dans les années à venir, avec l’autonomie de la mairie, qui sera renforcée, comme mentionné dans le programme gouvernemental, il y aura plus d’efficacité et de crédibilité en vue de restaurer la confiance de la nation. Nous espérons répondre à l’attente des citoyens. Nos citoyens nous ont confié un mandat clair, après avoir trop longtemps souffert de l’inaction et de l’incompétence.
Sur quels critères reposent les ambitions que vous avez pour la municipalité en vue de redonner un nouvel élan à la capitale ?
Port-Louis compte plus de 150 000 habitants et accueille chaque jour plus de 100 000 visiteurs. C’est une ville historique au riche héritage et qui mérite une gouvernance exemplaire. Comme lord-maire, je m’engage à faire de notre capitale une ville plus verte, plus inclusive. Et je resterai à l’écoute de chaque Portlouisien en servant avec dévouement et impartialité tout au long de mon mandat.
Qu’en est-il du Champ-de-Mars ?
Le Champ-de-Mars est dans les discussions au niveau gouvernemental, et la municipalité souhaite gérer et travailler en équipe avec l’organisme chargé des courses. Nous savons tous que le Champ-de-Mars est un lieu de rencontres des turfistes, mais aussi des Mauriciens qui aiment y faire leur marche. Nous devons pouvoir redonner son éclat au Champ-de-Mars et répondre en ce sens à l’attente des citoyens.
Les bâtiments à l’abandon dans Port-Louis constituent aussi un problème majeur de sécurité. Cela devient un repère pour les drogués, les voleurs… Comment comptez-vous y remédier ?
J’ai déjà évoqué cette question avec Shakeel Mohamed, ministre des Terres et du Logement. En tant qu’habitant de Port-Louis, je suis conscient des problèmes entourant les terrains en friche, abandonnés par plusieurs générations, et aujourd’hui, il est difficile de retracer les propriétaires. Il nous faudra travailler conjointement avec le ministère des Terres et répondre aux aspirations des habitants pour que ces lieux ne deviennent pas des repères pour des activités louches.
Autre problème : les drains bouchés, les inondations, le changement climatique… Comment comptez-vous composer avec tout cela ?
De la montagne à la mer, on doit revoir nos systèmes de drains. Je fais aussi appel aux utilités publiques où, parfois, on remarque certaines négligences. Il faudra s’asseoir autour d’une table où chacun prendra ses responsabilités. Nous noius assurerons aussi auprès d’autres départements en charge de travaux de revoir ces drains laissés à l’abandon et de remettre de l’ordre dans tout cela.
CORINNE MAUNICK