(Santé) Somnolence diurne : à ne pas prendre à la légère…

Bâillements, picotements des yeux, sensation de paupières ou de tête “lourde”,  raideurs dans la nuque, difficulté à se concentrer, le tout accompagné d’une irrépressible envie de grimper dans le train du sommeil, quel que soit l’endroit ou la situation dans lesquels on se trouve. A priori, ces “coups de pompe” peuvent prêter à sourire, mais s’ils se répètent, alors vous souffrez peut-être de somnolence diurne. Et cela peut avoir des conséquences relativement graves sur la vie quotidienne : de l’irritabilité aux accidents de la route en passant par des difficultés dans la vie personnelle et professionnelle. Comment la distinguer d’une simple fatigue chronique ? Explications.

- Publicité -

La somnolence est un état générant un assoupissement qui est intermédiaire entre le sommeil et l’état de veille. Elle peut toucher tout le monde, surtout en cas de manque de sommeil après une soirée festive ou une nuit blanche, par exemple. Elle se produit aussi après un repas trop copieux ou dans des situations d’inactivité telles que devant la télévision. Dans ces situations, la somnolence n’est pas une pathologie. Par contre, elle devient anormale si vous avez tendance à vous assoupir au beau milieu de la journée et vous devez lutter constamment contre l’envie de dormir. Surtout lorsqu’elle se répète quotidiennement et qu’elle altère l’attention et interfère avec les activités quotidiennes.

Attention à ne pas confondre somnolence et fatigue qui se manifeste simplement par un manque global d’énergie physique. En effet, si fatigue et somnolence nous paraissent identiques par leurs symptômes, cela n’est pas du tout le cas et leurs prises en charge sont différentes. La somnolence est un état durable, entre la veille et le sommeil, au cours duquel la vigilance est mise à mal et où la personne a tendance à s’endormir si rien ne vient secouer sa torpeur. La fatigue se définit, elle, par une sensation de faiblesse morale et/ou physique qui naît à la suite d’un effort intense. S’il existe des astuces et des aliments anti-fatigue, la prise en charge de la somnolence est plus difficile d’un point de vue médical.

Les symptômes
Les symptômes de la somnolence diurne correspondent à un appel du sommeil : yeux qui piquent, paupières qui clignent, bâillements. La personne présente des troubles de l’attention, de la concentration, de la mémoire… Même après une nuit de sommeil, elle peut se réveiller en ayant la sensation de ne pas avoir assez dormi, d’être encore assoupie. Cela donne lieu à des endormissements involontaires répétés en journée, que ce soit au volant, en cours ou au travail. Ils engendrent des difficultés relationnelles et altèrent les compétences.

Les causes principales
Hormis une situation inhabituelle, qui peut toucher tout le monde (mauvaise nuit, décalage horaire, manque de sommeil, etc.), la somnolence peut être associée à plusieurs pathologies du sommeil. Ainsi, la première cause de somnolence pathologique concerne les personnes atteintes du syndrome d’apnées de sommeil pour lequel le surpoids est un facteur de risque important. Ce syndrome se manifeste par des “pauses” respiratoires inconscientes pendant la nuit, qui altèrent la qualité du sommeil en interrompant constamment les cycles de repos. La somnolence diurne concerne également les personnes qui prennent certains traitements médicamenteux (hypnotiques, anxiolytiques, antiépileptiques, antidépresseurs), celles atteintes du syndrome des jambes sans repos, de narcolepsie qui se traduit par une hypersomnolence, avec des accès de sommeil irrépressibles qui peuvent survenir à tout moment, en toutes circonstances (au travail, en parlant avec quelqu’un, en mangeant), ou bien d’hypersomnie idiopathique; maladie pour laquelle les accès de sommeil sont plus progressifs que dans la narcolepsie, alors que les siestes (souvent de très longue durée) ne sont pas reposantes.

D’autres troubles peuvent aussi être associés à la somnolence :
– pathologies psychiatriques comme la dépression ou les troubles bipolaires; l’obésité ou le surpoids; le diabète; les maladies neurodégénératives, l’accident vasculaire cérébral, la tumeur cérébrale, le traumatisme crânien, la maladie de Parkinson, celle d’Alzheimer, l’hépatite… Des maladies chroniques comme l’asthme, l’insuffisance cardiaque, les maladies rhumatismales ou d’autres maladies douloureuses chroniques comme la sclérose en plaques ou  la fibromyalgie qui fractionnent le sommeil ont le même effet. La grossesse, surtout au premier trimestre, peut aussi causer une fatigue irrépressible et une somnolence diurne.

Conséquences
Les conséquences d’une somnolence excessive sont multiples et potentiellement graves. La somnolence diurne peut mettre la vie en danger car elle a une incidence directe sur la vigilance en altérant les réflexes et le temps de réaction. Elle est, donc, l’une des principales causes des accidents de voiture. Pourtant, la plupart des conducteurs négligent les premiers signes de la somnolence. Il s’agit plus de résister à l’appel du sommeil et, pour cela, ils usent de subterfuges destinés à masquer l’envie de dormir, que ce soit la radio, un café, un soda ou une cigarette. En dehors de la route également, la somnolence peut avoir des répercussions importantes sur la vie quotidienne : altération des performances scolaires et professionnelles (menant parfois à des accidents). Les conséquences sociales et familiales ne doivent pas, non plus, être négligées.

Traitement
Les solutions à mettre en œuvre dépendent, évidemment, de la cause. Lorsque la somnolence est due à une fatigue ou un manque chronique de sommeil, il est important de rétablir des horaires de coucher réguliers. On recommande généralement au patient de dormir plus longtemps ou de s’accorder une sieste l’après-midi, sans excéder 20 min. L’idéal étant de la faire entre midi et 15h afin de ne pas perturber le sommeil nocturne. Lorsque la somnolence traduit l’existence d’un syndrome d’apnées du sommeil, plusieurs solutions sont proposées. Il s’agit d’éviter l’obstruction des voies aériennes notamment par le port d’un masque respiratoire ou par le biais d’un petit appareil (orthèse) la nuit permettant d’éviter les apnées. Si nécessaire, une perte de poids devra être envisagée : elle permet souvent de diminuer les symptômes et de réduire le risque cardiovasculaire associé aux apnées.

Dans le cas d’une somnolence induite par un traitement médicamenteux, un sevrage ou une diminution des doses s’imposera dans la mesure du possible. Une aide médicale est souvent nécessaire pour y parvenir. Si la somnolence en journée est due à certaines maladies (hypothyroïdie, syndrome des jambes sans repos, maladie rénale chronique…), une prise en charge adaptée pourra généralement diminuer les symptômes. Le traitement de la pathologie en elle-même, lorsqu’il est possible, permettra, là encore, d’améliorer les capacités d’attention et d’éveil en journée. Enfin, pour les personnes souffrant de narcolepsie ou d’hypersomnie idiopathique, des psychostimulants peuvent être prescrits par le neurologue, ou un médecin spécialisé pour lutter contre l’endormissement involontaire.

Oser en parler permet généralement de trouver un traitement adapté et de mettre fin à ces somnolences parfois très gênantes.
—————————

Mieux dormir pour éviter la somnolence

Bien dormir permet de limiter la somnolence dans la journée. Si nécessaire, n’hésitez pas à modifier vos habitudes et appliquez ces conseils :
Évitez toute activité stimulante le soir : privilégiez les activités calmes comme la lecture.
Le soir, allez dormir lorsque vous vous sentez fatigué.
Prévoyez un temps de sommeil suffisamment long : la durée idéale d’une nuit est celle qui donne le sentiment d’être en forme et efficace dès le lendemain matin.
Mettez en place un environnement propice à l’endormissement : essayez autant que possible de dormir dans le noir (volets ou rideaux fermés, sans oublier d’éteindre les veilleuses des appareils électroniques), en vous isolant du bruit (mettez votre téléphone en mode silencieux) et dans une chambre non surchauffée (entre 18-19° C).
Si vous le souhaitez, faites des siestes courtes, d’une durée maximum de 20 minutes.

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -