Extended Programme: plus de 50% des étudiants déconnectés de l’école

Inquiétudes sur leur capacité à prendre part aux examens du National Certificate of Education

Ils sont environ 25% à 30% des candidats du Primary School Achievement Certificate (PSAC) à ne pas atteindre le minimum requis pour entrer en grade 7. Avec la réforme de l’éducation enclenchée en 2017, ils sont dirigés vers la filière Extended Programme et doivent participer aux examens du National Certificate of Education (NCE), une année après leurs camarades du Mainstream.

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Cette année, la promotion de 2017 passe cette étape décisive. Mais dans les collèges, les responsables sont sceptiques quant à la capacité des élèves à subir cette épreuve académique. Plus de 50%, disent les responsables d’établissement, ne suivent pas les cours en ligne ou ont carrément décroché.

En 2017, pour la première promotion du PSAC, sur les 16 061 candidats, 12 985 ont réussi leurs examens. Ce chiffre est celui qui a été réajusté après l’examen de rattrapage. Ce qui veut dire que 3 076 jeunes se sont retrouvés dans l’Extended Programme (EP), s’ils n’ont pas arrêté l’école à ce stade ou pris d’autres options. Dès le départ, il y a eu beaucoup de réticences sur cette formule. Venant d’abord, des enseignants eux-mêmes. Les critiques ont été confirmées dans un rapport conjoint de la Banque mondiale et du Mauritius Institute of Education. Depuis, le programme d’EP a été modifié. Les examens d’avril prochain devraient être le grand test pour savoir si l’EP est adapté à ce groupe d’étudiants.

Sauf que dans les collèges – État, confessionnels et privés confondus – des appréhensions se font sentir. Un recteur d’un collège d’État avance qu’ « il y a peu d’intérêt des étudiants de l’EP pour les cours en ligne. Plus de 50% ne sont pas connectés, même s’ils ont l’outil nécessaire. D’ailleurs, avant même la fermeture des écoles, beaucoup n’étaient pas réguliers.» Il se demande ainsi si ces élèves seront en mesure de prendre part à ces examens. « Il faudra attendre qu’ils reviennent à l’école le 2 février pour faire un constat de la situation. Encore, s’ils reviennent », doute-t-on dans les milieux scolaires.

Du côté du Service Diocésain de l’Éducation Catholique (SeDEC), la question a été abordée lors de la réunion des recteurs. Une participation de 20% à 25% des étudiants de Grade 9+ aux cours en ligne a été relevée. Pour les Grades 7, 8 et 9, le taux est légèrement plus élevé. Beaucoup craignent la déscolarisation parmi le groupe d’élèves et certains ne se sont pas connectés depuis la reprise des cours en janvier, confirmant que le système des cours en ligne n’est pas adapté pour eux.

Anne-Lise Lafrance, rectrice du College St-Mary’s de Rose-Hill, témoigne : « la participation et l’intérêt des enfants diffèrent selon les classes. Par exemple, pour grades 7 et 8 nous avons à la fois les cours en ligne et nous préparons des fiches de devoirs que les parents viennent récupérer. À ce jour, nous avons environ 6 qui suivent les cours en ligne et 18 qui viennent chercher les devoirs. Mais pour grade 9, la participation est très faible.»

Après quatre ans dans l’Extended Programme, couplé aux difficultés causées par la pandémie de Covid-19, beaucoup ont abandonné ou sont découragés avec la formation au Mauritius Institute of Training and Development (MITD) privilégiée. Dans ce contexte, ajoute la rectrice du St-Mary’s de Rose-Hill, il a été très difficile pour les enseignants de couvrir le programme, étant donné la faible participation.

La grande question qui se pose aujourd’hui, c’est si les étudiants de grade 9+ sont prêts pour les examens du NCE. Car même s’ils ont eu une année supplémentaire pour se préparer, la pandémie de Covid-19 et la fermeture des écoles ont compliqué davantage leur situation.

Un recteur d’un collège d’État affirme que cette formule était déjà perdue d’avance. « C’était clair pour tous les pédagogues dès le départ, que des enfants n’ayant pu avoir le minimum requis dans cinq matières au PSAC n’allaient pas pouvoir s’adapter à 12 matières au secondaire. Mais la ministre n’en a fait qu’à sa tête. Elle n’a écouté personne», dit-il.
Le plan de la réforme prévoit que les étudiants de l’Extended Programme peuvent poursuivre leurs études dans le Mainstream s’ils réussissent le NCE ou se tourner vers un centre de formation technique. Le ministère envisage justement la réorganisation des centres du MITD à cet effet.

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