Sous-traitance des devoirs de classe : Harrish Reedoy (UDRRU) : “Il y a une inquiétude face au nombre croissant d’étudiants qui utilisent des services payants”

Payer un service en ligne pour faire ses devoirs de collège, écrire ses dissertations ou rédiger un mémoire de master devient un recours qui intéresserait de plus en plus de collégiens et d’étudiants. Les annonces par des services du genre sur les réseaux sociaux les plus prisés par les jeunes sont explicites. Le marché de la sous-traitance des devoirs de cours à Maurice est ouvert !

- Publicité -

Quant aux services, ils vantent leur expertise et garantissent des devoirs académiques par une équipe qualifiée composée de jeunes étudiants, voire, selon certains d’enseignants. Les tarifs varient selon le niveau et la complexité du travail. À titre d’exemple, un essay de General Paper peut coûter Rs 1,800. Un étudiant de l’université qui souhaiterait sous-traiter la rédaction d’un travail ou un mémoire devra débourser au minimum Rs 12,000. À l’heure où les enseignants sont sur leurs gardes face à l’intelligence artificielle générative – une facilité bénie pour tous les collégiens qui pensent avoir trouvé là une alternative à leur propre cerveau  –, ces services de sous-traitance qui mettent à contribution l’IA arrivent comme une fausse note dans la mission de l’éducation. Lorsque nous avons demandé à l’un d’eux comment il procédait dans le cas de la rédaction d’un essai de General Paper (HSC) à soumettre, il nous a été conseillé d’ «envoyer le titre de l’essai par whatsapp.»  Arnaque ? Tricherie ? Véritable soutien ? Avant de nous raccrocher au nez, un de ces services, qui a tenu à préciser qu’il est «dûment enregistré», s’est défendu d’encourager la triche.

Pour sa part, Harrish Reedoy, président de la United Deputy Rectors and Rectors Union (UDRRU), n’est pas prêt à encourager le recours aux devoirs payants. Même qu’il parle d’inquiétude face au nombre grandissant d’étudiants qui sont adeptes de cette alternative onéreuse, plus courante chez des jeunes du tertiaire que le secondaire, selon lui.

• Y aurait-il beaucoup de collégiens qui payent des services en ligne pour faire leurs devoirs ?
Je commencerai par dire qu’il y a une inquiétude face au nombre croissant d’étudiants, en particulier dans les écoles secondaires, adhérant au système d’éducation internationale de Cambridge, qui utilisent des services payants pour terminer leurs cours. Ce phénomène a été amplifié après la pandémie du Covid-19. Les étudiants sont de plus en plus exposés à des ressources en ligne et des rapports indiquent une augmentation du nombre de cas où les étudiants ont recherché une aide externe, payante pour la plupart, pour terminer leurs devoirs, leurs cours et leurs projets requis pour une évaluation. C’est un phénomène international, qui ne concerne pas seulement Maurice. Cependant, à Maurice, cette pratique est plus courante chez des étudiants d’université que les collégiens.
Il existe des rapports de plusieurs conseils internationaux de l’éducation révélant une augmentation des cas de malhonnêteté académique, y compris le recours à des services payants pour terminer les cours. Cette tendance souligne la nécessité de mesures proactives pour résoudre le problème et maintenir l’intégrité des examens à Maurice. C’est une tendance troublante que nous surveillons de près.

• Quel est l’impact direct de la sous-traitance des devoirs sur la performance scolaire ?
Cette pratique affecte fondamentalement le processus éducatif. Les devoirs ont pour but de développer les compétences et la compréhension des étudiants pour les matières étudiées. Lorsqu’ils sous-traitent leurs devoirs, ils manquent non seulement l’expérience de l’apprentissage, mais compromettent également leur intégrité académique. De plus, lorsque les étudiants cherchent un tutorat auprès de quelqu’un d’autre que leur enseignant d’école, des conflits surviennent souvent. Nous avons vu des cas où les étudiants recevaient des notes plus basses de leur enseignant de collège, entraînant ainsi une insatisfaction et des plaintes.
Cette année, les étudiants du Extended Program seront évalués par le biais du School Based Assessment comptant pour le National Certificate of Education. L’évolution vers des évaluations en milieu scolaire ajoute certainement un autre niveau de complexité à cette question. Les écoles doivent être vigilantes pour garantir l’intégrité de ces évaluations. Des mesures robustes de surveillance et de responsabilisation doivent être mises en place pour empêcher les éducateurs ou les institutions privées d’exploiter le système à des fins financières. Il est impératif que nous respections les normes d’équité et d’intégrité académique dans notre système éducatif.

• Quelles sont les matières les plus sous-traitées ?
Nous avons reçu des rapports d’éducateurs offrant des services de tutorat uniquement dans le but de terminer les travaux des étudiants, souvent pour des matières telles que Travel & Tourism ou Design & Technology. Ce qui est particulièrement préoccupant sont les frais exorbitants facturés par ces éducateurs, certains liant même les frais à la note que l’étudiant désire obtenir dans le travail. Bien que le recours à des services payants pour mener à bien des travaux de projet puisse se produire dans diverses matières, certaines disciplines du programme de Cambridge peuvent être particulièrement vulnérables. Des matières telles que Travel & Tourism, Design & Technology, Enterprise, Art and Design… nécessitent souvent une rédaction, une analyse et des recherches approfondies. Ce qui fait que ce sont des matières les plus privilégiées pour la sous-traitance en ligne.

• Ce recours s’apparente à de la tricherie…
Utiliser des services payants pour terminer des cours constitue une violation flagrante de l’intégrité académique et constitue une tricherie, en particulier dans le contexte des examens internes et internationaux. Les étudiants qui payent pour faire leurs devoirs dénaturent leurs capacités et minent la crédibilité de leurs résultats académiques. Cela porte également atteinte à l’intégrité du système éducatif et dévalorise les efforts des étudiants honnêtes qui travaillent avec diligence pour obtenir leurs notes.

• Faudrait-il interdire ces services ?
Compte tenu des implications pour l’intégrité académique et la crédibilité des examens internes et internationaux, il existe un argument convaincant en faveur de l’interdiction des services payants qui permettent de tricher dans les écoles secondaires. Les efforts devraient être concentrés sur la mise en œuvre de politiques et de mesures plus strictes pour dissuader les étudiants de se livrer à des pratiques malhonnêtes. De plus, les écoles devraient mettre en œuvre des procédures rigoureuses de surveillance et d’évaluation pour détecter les cas de tricherie.
En réponse à cette préoccupation croissante, les autorités éducatives devraient introduire une législation interdisant la publicité de services payants pour les devoirs et projets. Une position proactive contre la tricherie maintiendra l’intégrité des examens ainsi que la crédibilité des diplômes scolaires.

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -