Test PCR et Quarantaine, enfants et adolescents témoignent : De la coquille d’escargot à l’angoisse de la stigmatisation

Cette fois, la Covid-19 n’a pas épargné les enfants. Des plus petits aux adolescents, de nombreux jeunes ont été soumis au test PCR, d’autres se sont retrouvés en quarantaine et certains testés positifs au virus. Chacune de ces épreuves est une expérience difficile, vécue différemment, et selon l’âge, comme ils en témoignent…

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«J’ai eu un peu mal quand j’ai fait le test. Le test c’est quand on prend un cotton bud qui est long et on le met dans la gorge. C’est comme si une grosse coquille d’escargot qui entre dans la gorge», raconte Clélïa, 5 ans, après avoir fait le test PCR, mercredi dernier. Si la petite fille déborde d’imagination pour décrire ce qu’elle a ressenti lors de l’exercice effectué dans une école maternelle à Curepipe, elle l’a pris aussi très au sérieux. Elle dit savoir pourquoi ses parents et sa grande sœur, Kiara, 8 ans, ont été convoqués par le ministère de la Santé. «Il y a un enfant qui a eu la Covid dans mon école. C’est une maladie qui fait mal aux adultes», dit la fillette qui a vite repris ses habitudes de retour chez elle. «Un médecin a fait mon test, il m’a dit de ne pas bouger. J’avais peur de faire le test. Mais je ne veux pas le refaire, ça fait mal!» affirme Clélïa.

La veille de l’exercice, la sœur de la fillette confie avoir eu «mal au ventre pour avoir mangé du chocolat». En fait, Kiara, 8 ans, stressait à l’idée de vivre cette épreuve. Pour mieux la préparer, ainsi que sa petite sœur, ses parents leur ont expliqué le processus et montré des vidéos en ligne afin qu’elles ne soient pas surprises de voir le personnel médical en équipement de protection personnel. «Deux dames  en blanc ont fait mon test. Cela fait un peu mal dans la gorge, j’ai eu mal à la tête, comme quand on a la grippe. Mais c’est pour me protéger, pour ne pas tomber malade. La Covid-19 c’est un microbe contagieux. On m’a dit que j’aurais les résultats après. Je n’ai pas trop peur», dit Kiara, avant de retrouver sa petite sœur et de faire une autre confidence. Elle ne manquera pas de raconter son expérience à ses camarades dès que se présentera l’occasion.

« Je n’ai pas envie qu’on nous appelle “bann Covid”»

Entre les quatre murs de leur chambre d’hôtel respective où elles sont en quarantaine, deux amies de classe confient être stressées à l’idée d’être positives à la Covid-19. Tania (nom modifié), 16 ans, tente de garder le moral en attendant son deuxième test PCR. Mais depuis trois jours, elle dit souffrir de ses bronches et ressent «des douleurs intenses au dos». Elle a été aucultée par un médecin qui lui aurait prescrit des antidouleurs. «Je ne sais pas pourquoi je ne me sens pas bien. J’étais malade avant la quarantaine. J’avais été dans une mediclinic où j’ai été traitée pour la grippe. J’avais perdu l’odorat et le goût. Maintenant, c’est OK», dit-elle. De son côté,  Karine (nom modifié) 15 ans, se porte mieux, mais «stressée». Les deux filles sont en Grade 9 dans un collège de Curepipe et leur amie commune a été testée positive à la Covid-19.

Après avoir passé quelques jours à l’hôpital ENT, cette dernière a été placée dans un centre de traitement. «Ce n’est pas de sa faute si elle a contracté le virus. Je ne lui en veux pas», assure Tania. «Mais elle se culpabilise beaucoup et pense que ce sera sa faute si nos résultats sont positifs. Je lui ai dit de ne pas s’en faire. Et quoiqu’il arrive, je ne serai pas en colère», affirme Karine. Les trois adolescentes sont les trois mousquetaires de leur classe. Toutefois, malgré ses efforts pour se montrer forte, Tania se dit bouleversée. «Je ne m’attendais pas à ce qui m’arrive. Les examens sont proches. Je n’ai que des test papers de mathématiques avec moi. Tou inn debalanse», confie la jeune fille, visiblement troublée.

Elle enchaîne: «Mon père est aussi en quarantaine. Mes deux frères sont des frontliners. Ils sont aussi en isolement à la maison. Au final, c’est mieux que je ne sois pas chez moi. Ma grand-mère vit avec nous et je n’aurais pas voulu la contaminer, si toutefois j’ai la Covid-19.» En Grade 9, les filles doivent prendre part aux examens du National Certificate of Education à la fin du mois. Les révisions font partie de leur quotidien. Elles occupent le reste de leurs journées à regarder la télévision, communiquer avec leurs proches, ranger leur chambre… «J’ai mis en place une routine qui démarre après le petit déjeuner. Je peux me débrouiller, à la maison je m’occupe du ménage», confie Tania, qui a perdu sa mère. Sa plus grande appréhension, dit-elle, «c’est le retour à l’école et à la maison». Tania craint d’être stigmatisée: «J’ai peur des regards et des préjugés. Je n’ai pas envie que le voisinage nous pointe du doigt et nous appelle “bann Covid”. J’étais une fille positive et active. Je veux redevenir comme avant.» A-t-elle vu un psychologue ou parlé de son état d’esprit au personnel médical pendant sa quarantaine? «Non», répond la jeune fille…

A Curepipe, David (nom modifié), 15 ans, s’estime plus chanceux. «Je peux compter sur le soutien de mes parents pour traverser cette expérience. Je n’aurais jamais pu imaginer vivre cela», dit l’adolescent qui venait de faire un test PCR chez lui. Il est contraint à l’isolement dans sa chambre. Elève de Curepipe College où plusieurs étudiants ont été testés positifs, David démontrait des signes de grippe depuis plusieurs jours. Pour qu’il puisse être testé, son père a dû se démener auprès des autorités avant que des officiers de la santé se présentent chez lui dans l’après-midi de mercredi dernier. Toute la famille a été soumise au test PCR. «Ça pique le nez et c’est désagréable», dit l’adolescent qui était toujours impressionné «par le personnel médical en combinaison dans la maison». S’il se dit ne pas être «trop angoissé  par l’attente des résultats», en revanche il avoue «être très soulagé d’avoir fait le test».

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