L’évêque de Port-Louis en partance : « Merci pour ce soutien extraordinaire, et continuez à jouer de la musique »
La Journée des Vocations, célébrée dans le diocèse de Port-Louis, a été également l’occasion pour les jeunes de dire un émouvant au-revoir au cardinal émérite, Maurice E. Piat après un épiscopat, couvrant presque une génération, soit 32 ans. Une messe d’action de grâces a été célébrée dans la ferveur et le recueillement au Thabor, à Beau-Bassin, hier. Dans son homélie, le cardinal Piat a mis l’accent sur la joie de la vocation, qu’elle soit dans la vie religieuse, dans le couple, ou en tant que laïc au sein de l’église. Il a comparé ses 32 ans de mission à la tête du diocèse de Port-Louis, comme un maestro dirigeant une philharmonie, où chaque instrument a un rôle important. Il a ainsi invité à continuer à jouer la musique après son départ.
Une paire de baskets pour qu’il puisse continuer à marcher. C’est le cadeau fait par le père Laurent Rivet au Cardinal Piat, à l’occasion de ses 32 ans d’épiscopat et à la veille de son départ à la retraite. « Cette retraite ne sera pas de tout repos car il a encore beaucoup à donner. Il sera bénéfique pour moi, j’apprendrai de sa sagesse », déclare Monseigeur Jean Michaël Durhône, nouvel évêque de Port-Louis, dont l’ordination est annoncée dans un mois, soit le dimanche 20 août.
Il y a 32 ans, le cardinal Maurice Piat était ordonné comme Évêque de Port-Louis, à Marie Reine de la Paix. Il avait alors choisi comme devise: « Pousse vers le large. » Pour marquer cet événement, alors même qu’il passe le relais au nouvel évêque, Jean Michaël Durhône, une messe d’action de grâces a été dite lors du Festival des vocations. Il a parlé de sa joie, dans sa vocation, mais également de celle des autres, dans leurs vocations respectives. Il a eu une pensée spéciale pour les parents dont les enfants sont tombés dans l’enfer de la drogue.
Le cardinal émérite a ainsi invité à prier pour les familles. « La famille, c’est le jardin des vocations. Les parents sont comme des jardiniers. Ils doivent arroser, mais aussi tailler, pour avoir des fruits », exhortera-t-il. Il s’est aussi adressé aux jeunes, qui font leur entrée dans la vie d’adulte et qui s’interrogent sur ce qu’ils vont faire de leurs vies. « Zot lavi samem pli gran kado Bondie. Se zot ki deside ki zot anvi fer ek zot lavi. Le Krist li la, avek zot kouma enn gran frer. Pa pou le prestiz, ni pou fer zot gagn enn pake kas, me pou zot reisi zot lavi dom et de fam », dira-t-il.
L’Évêque émérite de Port-Louis a également demandé aux jeunes de ne pas céder à la peur, lorsque le Christ frappe à leur porte. Il a témoigné que lui également, a dû renoncer à une copine qu’il aimait bien, à un métier qui l’intéressait et quitter sa famille, pour devenir prêtre. « Le Christ a toujours mis la joie en moi. Pas comme un feu de paille, mais un feu de braise. Il m’a fait comprendre comment lui-même avait su garder sa joie face à plus de souffrances et de contrariétés que j’avais connues », confie-t-il.
Le cardinal Piat s’est également appesanti sur la vocation du couple. « C’est un appel à aimer jusqu’au bout ceux et celles que le Christ vous confie. » La mission chrétienne, a-t-il ajouté, est de faire résonner la joie dans le monde.
Revenant sur ses 32 ans d’épiscopat, il a affirmé que le parcours n’a pas toujours été facile. Il a rappelé que le jour de son ordination, il avait déclaré qu’un évêque n’est pas un homme-orchestre, mais un chef d’orchestre. Il a ainsi qualifié l’Église comme un ensemble où chaque instrument de musique a son importance. « Mon rôle est de m’assurer qu’il y a une belle harmonie, où chaque instrument a sa place. Ce n’est pas facile, il faut garder le tempo et veiller que chaque charisme puisse s’exprimer», indique-t-il.
Il a également tenu à dire merci à ses « vaillants et fidèles musiciens, chanteurs et danseurs du diocèse. » Tous ont apporté leur contribution pour faire résonner la musique du Christ dans la société mauricienne, a-t-il dit. « Ils ont donné à beaucoup d’autres, le goût de faire résonner la fraternité, la solidarité avec les plus démunis, à collaborer avec les frères et sœurs des autres communautés, pour le plus grand bien de l’ensemble de notre population », poursuit-il.
Le cardinal Piat a tenu également à dire merci aux prêtres du diocèse, ses premiers collaborateurs. « Ils ont été très créatifs pour rendre cette musique encore plus entraînante. Merci également aux laïcs, aux religieuses, religieux, services, mouvements et institutions du diocèse », poursuit-il. Il a également déclaré que le rôle de chef d’orchestre serait vain sans les musiciens, soit « sans vous tous, sans votre foi active, sans le don de vous-même, l’Eglise à Maurice n’aurait pas pu aller bien loin. »
« Jouer ensemble cette belle musique de l’Evangile avec vous a été une belle aventure. Je reconnais qu’il y a pu avoir ici et là quelques fausses notes, et aussi quelques faux coups de baguette de la part du chef d’orchestre et je vous demande pardon pour cela. Mais grâce à vous de beaux morceaux ont pu être joués ; une belle musique a pu résonner qui a pu apporter courage et espérance à beaucoup de personnes. C’est beau d’être témoin de cela », maintient-il.
Il s’est dit ainsi confiant, que sous la houlette de Mgr Durhône, la musique continuera à résonner jusqu’aux plus lointaines des périphéries, au milieu des pauvres et des exclus.
Lors de cette cérémonie, où le cardinal Piat était visiblement ému, par moments, il y a eu également trois témoignages de ses proches collaborateurs, à savoir, le père Gérard Mongelard, Christiane Tadebois, du département des finances du diocèse et Sœur Josiane Marie-Jeanne. Le cardinal était également entouré de deux jeunes diacres, qui seront bientôt ordonnés prêtres, à savoir Cédric Lecordier, qui a concélébré la messe à ses côtés et David Chung.
Au moment de l’envoi, alors que la chorale reprenait le cantique Pousse vers le large, qui avait été interprété lors de son ordination épiscopale, le cardinal Piat a lancé : « merci pour ce soutien extraordinaire, et continuez à jouer la musique. »