Vaccination des moins de 17 ans : Des jeunes perdus entre 
inquiétude et soulagement

La course contre la montre pour la vaccination des jeunes de moins de 18 ans bat son plein dans le monde, et depuis quelque temps, le débat à Maurice fait grand bruit. S’il a été évoqué par les autorités locales qu’une campagne de vaccination aura bel et bien lieu pour les ados, rien n’est certain quant au statut de cette mesure. La vaccination sera-t-elle obligatoire ? Les parents, qui seront les seuls à pouvoir donner leur accord, auront-ils le choix du vaccin à être administré ? Quid de ceux et celles qui refuseront de se faire vacciner, auront-ils accès à l’école ? Tant de questions qui restent pour l’heure sans réponse à une semaine de la rentrée scolaire.

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138 901 adolescents, soit âgés de 12 à 17 ans, seront concernés par cette nouvelle mesure. Lors d’un point de presse animé par la Vice-Première ministre et la ministre de l’Éducation, Leela Devi Dookhun-Luchoomun, durant la semaine, la question de la vaccination des élèves n’a que brièvement été adressée. En effet, la question concerne principalement le ministère de la Santé qui n’a, jusqu’à ce jour, pas encore évalué l’importance de faire obligatoirement vacciner les moins de 18 ans. « Les moins de 12 ans ne seront pas vaccinés, car nous n’avons pas beaucoup de vaccins, mais nous recevrons une cargaison de vaccins Pfizer après le 20 septembre et commencerons la vaccination des adolescents de 17 ans », a-t-elle affirmé.

Si au plus haut sommet de l’État, les experts sont encore en train d’évaluer la nécessité d’inoculer obligatoirement le Pfizer aux plus jeunes, du côté des élèves eux-mêmes, le discours est scindé entre soulagement et inquiétude. Teena Bissumbhur (16 ans) fera son vaccin, obligatoire ou pas. « Je ferai le vaccin, car il nous donne une protection de 95% contre le Covid, alors je conseille aux jeunes de faire le vaccin et de ne pas avoir peur, car je pense vraiment que c’est une bonne chose », confie la jeune fille. Selon elle, « le vaccin Pfizer est efficace, car ça aide à ne pas tomber gravement malade, même si on a le Covid. Faire le vaccin peut aussi aider à protéger nos proches et les gens autour de nous. Par exemple, s’il y a eu un cas de Covid dans une classe, ça peut aider à ne pas propager le virus et diminuer le nombre de cas par jour. Et aussi avec l’aide du vaccin, nous pourrons aller à l’école normalement en toute sécurité », dit-elle.
« Prendre l’avis des jeunes avant »

Toutefois, elle ajoute qu’il « ne faut pas oublier que même si on a fait le vaccin, il faut prendre les précautions comme les gestes barrières et se désinfecter les mains. Je pense aussi que le gouvernement va s’assurer que nous recevions nos 2 doses et que tout se passe dans le bon sens. »

Mégane Bonomally, âgée elle aussi de 16 ans, est toujours indécise, même si elle avoue qu’elle a un penchant pour le vaccin afin de pouvoir sortir et surtout voyager. «

Franchement, je réfléchis toujours si je dois le faire ou pas, parce que d’un côté j’ai peur de le faire et d’avoir des maladies ensuite, car on a bien vu que quelques adultes sont tombés malades après avoir fait leur vaccin. Et de l’autre, je me dis que je dois le faire pour moi et mes proches, et aussi pour être moins stressée quand je sors », dit-elle. En effet, celle-ci nous explique qu’elle a développé une sorte de frayeur à chaque fois qu’elle met les pieds dehors. « Je dois avouer que je penche plus pour faire le vaccin, car j’ai envie de recommencer à prendre l’avion et à voyager. » Toutefois, elle regrette que ce soit uniquement les parents qui auront leur mot à dire. « Je pense qu’on aurait dû prendre l’avis des jeunes avant, car ce ne sont que nos parents qui pourront décider pour nous. »
Un sentiment d’inquiétude généralisée, semble-t-il. Hemanjali Chummun, âgée de 15 ans et étudiante dans une école privée, est elle aussi perplexe. « Selon moi, je trouve que la vaccination des jeunes peut affecter leur santé. De plus, il n’a pas vraiment été scientifiquement approuvé, donc, il y a un potentiel risque d’apparition d’effets secondaires », dit-elle.

« Pour avoir accès à mon collège »
Guillaume Chowrimootoo, lui aussi adolescent de moins de 17 ans, pense que le vaccin ne devrait pas être imposé, mais pour pouvoir sortir voir ses amis, il compte le faire. « Personnellement, je pense que le vaccin est nouveau et “en phase d’essai”, et même si le vaccin peut aider à prévenir contre des complications liées au Covid, je pense que les moins de 17 ans ne sont pas forcément aptes à être vaccinés », dit-il. « Je ne sais pas si je vais faire le vaccin pour le moment vu que j’ai encore 16 ans, mais je pense le faire dans l’intérêt d’avoir accès aux hôpitaux, cliniques et à mon collège », conclut-il.

Allison (16 ans) aussi pense comme lui et soutient qu’il n’y a, selon elle, pas urgence à ce stade, mais avance que si le vaccin devient obligatoire, elle le fera quand même. « Je pense que le vaccin de 12-17 ans ne devrait pas être obligatoire parce que la médecine a prouvé que nous sommes moins à risque que les personnes âgées d’avoir des symptômes graves. Seules les personnes qui le veulent devraient le faire. Nous savons aussi que peu importe si nous sommes vaccinés ou pas, le vaccin me fait peur parce que nous ne connaissons pas l’effet qu’il aura sur nous dans le futur, car c’est un vaccin qui a été élaboré rapidement.

Même si je sais que les scientifiques savent ce qu’ils font, ça me fait toujours peur lorsque j’entends les complications que certaines personnes, même des jeunes, ont eues. Pour l’instant, nous ne savons pas si ce sera obligatoire pour aller à l’école, mais si c’est le cas, je n’aurai pas le choix et vais devoir le faire. » Ni anti-vax ni pro-vax, juste des parents inquiets

Si du côté des élèves l’on voit une certaine forme de résignation face à un éventuel vaccin obligatoire, du côté de certains parents, c’est la révolte. Ainsi, les parents d’Hemanjali Chummun ne cachent pas leur inquiétude : « Nous sommes contre la vaccination parce qu’on voit que les adultes subissent des effets secondaires, alors qui dit que les adolescents ne souffriront pas ? Et puis les études ne démontrent pas que la vaccination est 100% efficace contre le virus. »

C’est aussi le cas de Sophie, mère d’un ado de 16 ans. « On voit ce qui se passe à l’étranger, et tous s’accordent de plus en plus pour dire qu’il n’est pas nécessaire d’imposer la vaccination sur les moins de 18 ans. » Celle-ci craint que la décision de la vaccination obligatoire ne lui tombe dessus, sans crier gare, et au dernier moment, et qu’il lui faudra signer un formulaire qui décidera du sort, de la vie de son enfant. « On ne parle pas du tout de la vaccination des jeunes, et il n’y a aucune communication à ce sujet. J’ai personnellement appelé pour demander des informations, et on m’a répondu : Mais madame, attendez encore un peu, les vaccins Pfizer vont arriver et votre enfant pourra se faire vacciner !  » Sophie, qui précise ne pas être une anti-vax, estime qu’en tant que parent, elle aurait dû avoir le droit de choisir le vaccin en âme et conscience pour son enfant. « Vous vous rendez compte de la responsabilité qui pèse sur les épaules de ces parents-là ? Que va-t-il se passer si notre enfant tombe malade ? C’est atroce. »
Par ailleurs, Sophie ne comprend pas l’urgence de faire le vaccin aux jeunes qui, selon plusieurs recherches, ont prouvé avoir une meilleure immunité que les adultes et qu’ils peuvent très bien s’en sortir. « Je le redis, je ne suis ni anti-vax ni anti-science, mais le Mauricien s’informe et n’est pas dupe. L’on voit ce qui se passe ailleurs et je trouve le fait de nous imposer une telle chose liberticide. Que va donc faire un parent qui ne veut pas que son enfant soit vacciné ? Il va le retirer de l’école ? Ce n’est pas possible », s’insurge-t-elle.

Elle estime ainsi qu’il aurait fallu écouter davantage les parents au lieu de leur jeter la responsabilité sur les épaules. « On aurait dû avoir le choix, car l’adolescent qui n’a pas vu ses amis depuis des mois dira “oui” pour revoir ses amis, mais ils n’ont pas pleine conscience de ce que tout cela implique. »

Karen (prénom modifié) est quant à elle catégorique : pas de vaccin pour ses deux enfants, âgés de 14 et 16 ans. « Nous avons fait tous nos vaccins depuis le début, je ne suis donc pas anti-vax, mais je suis contre ce vaccin en particulier à 100% parce qu’il n’a pas encore été homologué à 100% », affirme-t-elle. Elle aussi est d’avis que les jeunes ont un système immunitaire assez solide et une « immunité naturelle » au Covid. Donc, pour elle, il n’y a aucune urgence pour les jeunes, car « avec le vaccin, on est encore dans l’incertitude, et ce ne sont que des hypothèses. »

Par ailleurs, Karen soutient que toute cette décision n’est que « politique » et que « si le vaccin devient obligatoire, je ferai retirer mes enfants de l’école. » Elle nous confie être dans l’attente pour voir si les autorités vont réellement rendre ce vaccin obligatoire et ainsi forcer les parents à prendre une décision aussi importante pour leurs enfants.

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