Représentation de la Nativité haute en couleurs sur le parvis de Saint Sauveur et Saint Marc avec l’interdiction d’accès aux lieux de culte
La veillée de Noël de ce 24 décembre se déroule dans des conditions exceptionnelles en raison des strictes conditions sanitaires imposées sous le protocole de lutte contre le Covid-19 en vigueur. Ainsi, avec l’interdiction d’accès dans des lieux de culte pour des célébrations religieuses pour marquer la naissance du Christ, les pratiquants de toutes les paroisses de l’île ont tenu à faire preuve d’initiatives inédites et multiples. Le tout dans le respect total des normes sanitaires, comme l’a fait comprendre le cardinal Maurice Piat, évêque de Port-Louis, dans un message en début de semaine. Sauf en période de cyclones, les pratiquants sont littéralement privés de la possibilité d’aller à l’adoration du « Petit Jésus » dans la crèche installée dans l’église.
Mais c’est mal connaître l’ingéniosité de tout un chacun, que ce soit sur le plan de l’organisation de la veillée de Noël ou encore de la représentation de la venue du Christ sur terres. Certes, le cardinal Piat a exhorté la naissance du Christ en famille et en transformant en une crèche. Toutefois, dans des paroisses à l’ouest, notamment au sein de la communauté paroissiale St Sauveur et St Marc, ou de Rivière-Noire, des habitants se sont mobilisés au sein des différents quartiers de la région pour refuser que la veillée de Noël ne soit pas qu’une simple parenthèse Covid-19.
Dans le respect de la jauge d’un maximum de 50 personnes et de la distanciation sociale, que ce soit sur l’axe Bambous/Flic-en-Flac ou dans la région de Rivière-Noire, des habitants, tout âge et toute classe sociale confondus, s’apprêtent à participer à une belle cérémonie en début de soirée. Et cela dans des lieux privés, car les autorités font preuve d’inflexibilité quant à la possibilité tout rassemblement dans les lieux publics à cet effet.
Dans cette ambiance teintée de contraintes et d’interdits, un groupe de jeunes a voulu donner libre cours à ses talents pour apporter de la couleur et de la joie à Noël dans leur paroisse. Difficile pour le passant, peu importe sa foi, de ne pas se sentir interpellé par la représentation de la Nativité devant l’église Saint Sauveur, à Bambous, ou celle de Saint Marc, à Flic-en-Flac. Naomie, étudiante en Grade 13 au collège Sainte-Marie, avec ses amis et voisins, Anaïs, Axelle et Dimitri, a voulu sortir des sentiers battus pour apporter de la couleur et de la fraîcheur pour les habitués de cette partie de l’ouest de l’île.
« Initialement, j’avais une idée de faire ma proche crèche à la maison. Mais des paroissiens avaient émis l’idée de faire installer une crèche devant l’église, forcée à fermer ses portes depuis la mi-novembre en raison de la pandémie. Alors je me suis dit : pourquoi pas ? I don’t mind », raconte Noamie, sous le regard approbateur de ses parents, Pamela et Daniel, qui sont toujours à ses côtés.
Ayant un penchant pour l’art et le design, Noamie se met à concevoir l’idée de cette base, qui devra sortir de l’ordinaire, mais tout en gardant l’essentiel du message de Noël. « J’ai travaillé sur un croquis, que j’ai soumis à l’épreuve de l’œil critique de mes parents, avant de solliciter l’approbation du curé de la paroisse, le père Sylvio Lodoïska », poursuit-elle, tout en mettant la dernière touche au principal tableau.
Avec le “Go Ahead” du curé, c’était le départ d’une belle aventure avec les principales étapes réglées comme du papier à musique. « Nous avions établi un échéancier pour que nous puissions passer à la mise en place de la crèche à Saint Sauveur et à Saint Marc dans les temps impartis. Cette expérience est nouvelle sans être nouvelle. Chaque année, mes parents et moi, avec l’aide de quelques paroissiens, nous avions l’habitude de préparer la crèche pour l’église de Saint Marc. Mais pour 2021, c’est différent dans la mesure où il y a deux crèches à confectionner », soutient-elle.
À voir ce petit groupe de jeunes à l’œuvre dans la varangue de la famille, découpant la base, peignant les personnages avec délicatesse, l’on constate de jeunes talents à l’œuvre, parce qu’il faut le reconnaître, le travail est beau, mais surtout l’on sent se dégager cette fraîcheur de jeunesse de vouloir partager avec les autres.
Mais attention ! Naomie sait que le plus important est à venir. « Tout ne sera complété que quand la crèche sera installée devant les deux églises. C’est à ce moment que je pourrai me prononcer sur la mission », lâche la jeune fille qui, en compagnie de son père, Daniel, était à Bambous et à Saint Sauveur mercredi après-midi pour donner du lustre à une fête de Noël sous restrictions sanitaires et apporter un peu de chaleur face à la détresse envahissante.