Allemagne: sept Antifas jugés pour violences sur des extrémistes de droite

Le procès de sept membres présumés du groupe d'extrême gauche Antifa Ost, accusés d'attaques violentes contre des extrémistes de droite, s'est ouvert mardi en Allemagne.
Six hommes et une femme ont été présentés devant le tribunal de Dresde, dans l'est du pays, pour avoir participé, selon le parquet fédéral allemand, à huit attaques en Allemagne et à plusieurs attaques en Hongrie entre 2018 et 2023.
Quatre d'entre eux sont actuellement en détention provisoire, les trois autres comparaissent libres. Devant le tribunal, environ vingt de leurs soutiens se sont rassemblés, demandant sur une pancarte à la justice de "libérer tous les Antifas".
Dans un contexte de polarisation politique croissante, ce procès débute quelques jours après l'inscription de ce groupe, également connu sous le nom du "gang du marteau", sur la liste des "organisations terroristes" des Etats-Unis, parmi d'autres mouvements se réclamant de l'antifascisme en Europe.
Certains suspects du groupe, fondé dans la ville de Leipzig, sont soupçonnés d'avoir ciblé des militants d'extrême droite avec des marteaux - d'où le surnom du groupe - et gravement blessé plusieurs d'entre eux.
- "Jour de l'Honneur" -
Parmi leurs victimes présumées, le propriétaire d'un restaurant en Thuringe (est), lieu de rencontre de sympathisants d'extrême droite, aurait été attaqué à deux reprises.
Deux des suspects, identifiés comme Johann G. et Paul M., sont également accusés d'avoir attaqué et blessé plusieurs personnes à Budapest en février 2023.
Les faits se sont déroulés en marge du "Jour de l'Honneur", une commémoration organisée chaque année par les milieux néonazis.
L'antifasciste allemand Maja T., qui se définit comme non binaire, est actuellement jugé dans la capitale hongroise pour quatre attaques lors du même rassemblement de février 2023.
Le parquet a décrit Johann G. comme un meneur d'Antifa Ost, responsable de la planification des attaques et du recrutement des activistes.

Arrêté fin 2024 dans un train en Thuringe, il est accusé avec Paul M., qui s'est lui rendu aux autorités, d'avoir organisé des sessions d'entraînement où les participants se préparaient au combat et à des attaques planifiées.
Il est aussi reproché à Paul M., qui comparait menotté et est apparu muscles saillants sous un polo bleu, d'avoir géré des dépôts dans lesquels le groupe aurait stocké des marteaux, des sprays au poivre, des déguisements et des téléphones portables.
- Moins dangereux -
Bientôt quatre décennies après la chute du Mur de Berlin, l'ancienne Allemagne de l'Est communiste est un bastion de groupuscules d'extrême droite comme d'extrême gauche.
A travers l'Europe, le mouvement "Antifa", pour "antifasciste", s'apparente davantage à une mouvance qu'à un groupe organisé. C'est un terme généralement associé à une frange de l'extrême gauche, et qui est souvent évoqué par la droite et l'extrême droite à propos des violences dans les manifestations.

Donald Trump a signé en septembre un décret classant comme "organisation terroriste" cette mouvance, au lendemain d'une cérémonie d'hommage à l'influenceur ultraconservateur assassiné Charlie Kirk.
Le parti d'extrême droite Alternative pour l'Allemagne (AfD), première force d'opposition du pays, a salué la décision des États-Unis et a exhorté Berlin à faire de même.
Mi-novembre, une porte-parole du ministère de l'Intérieur a souligné que "le danger potentiel posé par le groupe" Antifa Ost avait "récemment diminué de manière significative".
Et ceci parce que "les meneurs et les membres particulièrement violents du groupe soit ont déjà été condamnés de manière définitive, soit sont en détention" en attendant un jugement, a-t-elle expliqué.
Associée à la même bande, Lina E., une étudiante de Leipzig, a été condamnée en 2023 à cinq ans et trois mois de prison ferme pour plusieurs attaques contre des néonazis entre 2018 et 2020.
Selon le calendrier du tribunal, le procès des sept prévenus devrait prendre au moins un an et demi: des audiences sont prévues jusqu'en avril 2027 a minima.


