Frappes russes sur Kiev, poursuite des négociations autour du plan américain pour l'Ukraine

Une pluie de drones et missiles s'est abattue sur Kiev dans la nuit, faisant au moins sept morts, tandis que s'activent mardi en coulisses Ukrainiens, Américains et Européens pour tenter de trouver une issue au conflit après la publication d'un plan américain.
Des réunions "secrètes" sur l'Ukraine entre Américains et Russes se sont tenues lundi et devraient se poursuivre mardi à Abou Dhabi pour tenter d'avancer sur un cessez-le-feu, ont affirmé mardi des médias américains et britanniques.
A Kiev, les habitants ont vécu une nouvelle nuit difficile. Certains ont trouvé refuge dans le métro tandis que retentissaient les sirènes d'alerte dans tout le pays. Au moins sept personnes ont été tuées et 19 blessées, selon les secours et la police.
Des journalistes de l'AFP ont entendu de puissantes explosions alors que la défense antiaérienne ukrainienne tentait d'intercepter les missiles et drones russes au-dessus de Kiev.
Les habitants de plusieurs immeubles résidentiels ont été évacués de leurs appartements en flammes. Au petit matin, de la fumée s'élevait encore au-dessus des toits.
Au total, la Russie a lancé 486 drones et missiles sur l'ensemble du pays, selon l'armée de l'air ukrainienne qui a dit en avoir intercepté 452.
Ces nouvelles attaques interviennent alors que la Russie, qui a menacé d'intensifier les bombardements, a rejeté lundi une contre-proposition européenne au plan américain de Donald Trump pour mettre fin au conflit, plan considéré comme largement favorable aux intérêts russes.

Le chef de la diplomatie ukrainienne Andriï Sybiga a dénoncé sur X les frappes russes, estimant qu'elles montrent "la réponse terroriste de Poutine à la proposition de paix des Etats-Unis et du président Trump".
Les forces ukrainiennes ont de leur côté visé la Russie avec près de 250 drones, l'un des chiffres les plus élevés depuis le début de l'invasion russe de l'Ukraine en 2022 selon les autorités russes, qui ont fait état de trois morts dans la région de Rostov (sud).
- Semaine de négociations -
Le président américain avait initialement donné jusqu'au 27 novembre au président ukrainien Volodymyr Zelensky pour répondre à son plan, entraînant la convocation dans l'urgence de discussions entre Ukrainiens, Américains et Européens dimanche à Genève.
Américains et Ukrainiens ont notamment affirmé qu'un "futur accord" de paix devrait respecter la souveraineté de l'Ukraine et le président américain a semblé se réjouir de l'issue des pourparlers, affirmant sur son réseau Truth social que "quelque chose de bon pourrait bien se produire".
Kiev espère maintenant "organiser la visite du président Zelensky aux États-Unis dès que possible en novembre pour finaliser les étapes restantes et parvenir à un accord avec le président Trump", a déclaré sur X le secrétaire du Conseil de sécurité ukrainien Roustem Oumerov, un négociateur clé pour la partie ukrainienne.

Le ministre des Affaires étrangères russe Sergeï Lavrov a de son côté indiqué mardi que la Russie attendait des Etats-Unis qu'ils présentent la nouvelle version de leur proposition.
"Nous avons appris l'existence d'un plan européen qui, à première vue, n'est pas du tout constructif et ne nous convient pas", a déclaré lundi le conseiller diplomatique du président russe Vladimir Poutine, Iouri Ouchakov.
Les pays de la "Coalition des volontaires" soutenant l'Ukraine doivent se réunir mardi après-midi en visio-conférence.
Le président français Emmanuel Macron, qui y participera, a appelé à ne pas être "faible" face à la "menace" de la Russie qui a "une posture beaucoup plus agressive".
Il a également affirmé que c'était "aux Européens de décider" comment utiliser les actifs russes gelés, que Donald Trump propose dans son plan d'investir dans des projets menés par les Etats-Unis pour reconstruire l'Ukraine.
- Fatigue -

Sur le front, l'armée russe qui contrôle près d'un cinquième du territoire ukrainien, continue sa lente progression le long de la ligne Est, revendiquant ces derniers jours la prise de plusieurs villages.
Ivan Zadontsev, sergent dans les forces ukrainiennes, accueille les négociations avec scepticisme. "Nous sommes fatigués de la guerre", a-t-il dit à l'AFP mardi, mais il redoute "une mauvaise paix" esquissée dans la proposition américaine initiale.
"Ni les Etats-Unis ni l'UE ne comprennent les causes profondes de la guerre", a-t-il commenté, estimant que "leurs plans ne servent pas les intérêts de l'Ukraine".
Les frappes russes ont également endommagé de nouveau les infrastructures énergétiques ukrainiennes, systématiquement visées, alors que la population se prépare à un nouvel hiver marqué par les coupures de courant, de gaz et d'eau.


