Brexit: Boris Johnson accusé de provocation incendiaire à la Chambre

Boris Johnson rencontre jeudi les parlementaires conservateurs pro-Brexit au lendemain d’une rentrée très tendue à la Chambre des Communes, au cours de laquelle le Premier ministre a été accusé d’arrogance et de provocation incendiaire par l’opposition.

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M. Johnson devait s’entretenir dans la matinée avec les membres du Comité 1922, qui regroupe des parlementaires chargés de l’organisation interne des Tories, à quelques jours de l’ouverture du congrès annuel du Parti conservateur dimanche.

Lui-même attaqué sur un ton virulent, le dirigeant conservateur est la cible de vives critiques y compris dans les rangs conservateurs, après les échanges acrimonieux de la veille à Westminster.

Décrivant la « pire atmosphère » jamais vue au Parlement « en 22 ans », le président de la Chambre basse John Bercow a d’ailleurs annoncé un débat dans la journée sur les excès de langage au Parlement.

« S’il vous plaît, baissez le ton et essayer de vous traiter les uns les autres comme des opposants, pas des ennemis », a exhorté Lord Bercow jeudi matin avant d’ouvrir la séance.

– Rhétorique populiste –

« Reddition »… « Sabotage »… Boris Johnson a usé d’un vocabulaire guerrier en s’adressant mercredi soir aux députés, de retour à Westminster après l’arrêt historique de la Cour suprême ayant annulé sa décision de suspendre le Parlement.

Au milieu des vociférations des deux camps, le Premier ministre a accusé une quinzaine de fois les membres de l’opposition d’avoir voté « une loi de capitulation » l’obligeant à demander un report du Brexit à l’Union européenne s’il ne parvenait pas à conclure un accord avec Bruxelles.

En populiste assumé, il a à maintes reprises opposé « le peuple » aux parlementaires. « Ce Parlement agit par pur égoïsme et lâcheté politique, les députés de l’opposition ne veulent pas s’effacer et laisser le peuple se prononcer », a-t-il lancé, les accusant de « saboter » ses négociations sur le Brexit avec Bruxelles.

Boris Johnson a particulièrement choqué en rendant un hommage provocateur à Jo Cox, une députée travailliste anti-Brexit assassinée à quelques jours du référendum de juin 2016 par un sympathisant néo-nazi dans le Yorkshire (nord).

– « Ne pas créer de la haine » – 

Alors que la successeure de Jo Cox demandait au Premier ministre de « modérer son langage » pour ne pas enflammer les passions et « que nous puissions tous nous sentir en sécurité », ce dernier a rétorqué: « La meilleure façon d’honorer la mémoire de Jo Cox est en réalité de rassembler ce pays en mettant en oeuvre le Brexit! ».

L’époux de la députée assassinée a appelé jeudi à la radio BBC à « ne pas créer de la haine ». « Ce n’est pas juste un débat. Ca a des conséquences dans le monde réel », a-t-il souligné.

La cheffe du Parti libéral-démocrate (centriste) Jo Swinson a dénoncé des propos « écoeurants », alors qu’elle révélait avoir dû signaler elle-même à la police des menaces contre son enfant.

« Je sais que le Premier ministre compatit et est conscient (…) des menaces que trop d’entre nous recevons parce que j’ai récemment partagé avec lui les menaces que je reçois », a réagi sur Twitter Nicky Morgan, la ministre conservatrice de la Culture.

« Mais en cette période de fortes émotions, nous devons tous nous rappeler de l’effet de ce que nous disons sur ceux qui nous regardent », a-t-elle plaidé.

Même Jacob Rees-Mogg, fervent eurosceptique, dont l’attitude provocatrice au Parlement a déjà suscité l’indignation de l’opposition, a appelé à davantage de modération.

Tout le monde « a la responsabilité de faire preuve de mesure dans notre langage lorsque nous nous exprimons dans la Chambre ou à l’extérieur », a-t-il déclaré.

Les piques de Boris Johnson ont fait réagir jusqu’à Bruxelles.

Dans une intervention exceptionnelle sur les affaires intérieures du Royaume-Uni, le commissaire européen britannique Julian King a fustigé des propos « grossiers et dangereux ».

« Si vous pensez que le langage extrême ne nourrit pas la violence politique en Europe, y compris au Royaume-Uni, alors vous ne faites pas attention », a-t-il observé sur Twitter.

Sur le terrain diplomatique, Michel Barnier, négociateur de l’UE sur le Brexit, a dit jeudi matin « toujours attendre » toute proposition « légale et opérationnelle » de Londres pour parvenir à un accord.

clw-agr/mpa/phv

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