CHAGOS — Droit de retour et démilitarisation : Londres résiste à tout appel pour un départ volontaire

Lord Jones of Cheltenham de la Chambre des Lords propose la mise sur pied d’un « independent panel to lead exploratory negotiations »

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Lindsey Collen de Lalit : « L’État mauricien doit organiser dans les meilleurs délais un déplacement aux Chagos, non par      provocation, mais dans l’intérêt national »

Un mois s’est écoulé depuis l’adoption par un vote massif de 116 membres des Nations unies de la résolution, présentée par le Sénégal, réclamant le départ sans condition de la Grande-Bretagne de l’archipel des Chagos. La situation n’a guère évolué. Londres campe sur sa position initiale au sujet de la question de la souveraineté, tout en rejetant l’advisory opinion de la Cour Interationale de Justice de La Haye l’enjoignant de rétrocéder cette partie de ce territoire à la République de Maurice. Par ailleurs, le gouvernement britannique fait la sourde oreille à une early day motion, « urging the UK Government to honour the UN motion and withdraw from the Chagos Islands before the six-month UN deadline »et soutenue déjà par une trentaine de membres de la Chambre des Communes. 

Dans une tentative de sortir de cette impasse diplomatique sur le plan international, un proposition visant à avoir recours à un panel indépendant pour explorer les avenues de négociations a été présentée en début de semaine à la Chambre des Lords. Entre-temps, à Maurice, que ce soit au sein du gouvernement ou de la communauté des militants pour un retour des Chagos à Maurice, l’urgence d’un déplacement dans l’archipel se fait sentir. C’est ce qu’a laissé entendre Lindsey Collen, de Lalit, en marge de la manifestation d’hier Lapremidi Lamizik, Diskur, Reading à Grande-Rivière-Nord-Ouest.

Un mois que cette early day motion « overwhelmingly condemning the occupation of the Chagos Islands by the United Kingdom », présentée depuis le 23 mai par des parlementaires britanniques, est restée sans réaction de la part du N°10 Downing Street et du Foreign and Commonwealth OfficeEt depuis le début de la semaine écoulée, un autre développement majeur est intervenu dans une tentative de résoudre dans les meilleurs délais et dans l’esprit du Commonwealth le différend entre Londres et Port-Louis.

Lord Jones de Cheltenham, membre de la Chambre des Lords, a déposé une parliametary question à l’adresse du Foreign and Commonwealth OfficeLe libellé est le suivant : « to ask Her Majesty’s Government what steps they intend to take to reach an agreement with the government of Mauritius over the future of the Chagos Archipelago ; and what consideration they have given to appointing an independent panel to lead exploratory negotiations about any such agreement. »

Vigilance et  solidarité 

Des observateurs aguerris soutiennent qu’il ne faudra pas s’attendre à voir Londres modifier sa position, qui est de résister à tout appel pour un départ volontaire de quitter l’archipel des Chagos. Tout devrait se jouer à l’expiration du délai de six mois imposé par les Nations unies, soit le 22 novembre. À ce moment précis, le secrétaire général des Nations unies, Antonio Gutteres, devra rendre compte de l’évolution de la situation à l’assemblée générale.

Entre-temps, Lalit contribue à l’appel à la vigilance et à la solidarité. En collaboration avec le Muvman Liberasyon Fam (MLF), Lalit a organisé un après-midi autour du droit de retour aux Chagos. Lindsey Collen souligne que « cette victoire de l’État mauricien engendre des changements. Il nous faut donc rester vigilants et mobilisés afin de pouvoir, en temps et lieu, entreprendre les actions nécessaires. » D’emblée, Lindsey Collen fait remarquer que certains disent que la victoire de l’État mauricien aux États-Unis, avec le soutien de l’Union africaine, « n’a rien changé à la donne. » Elle poursuit : « C’est faux ! Il y a plusieurs choses qui sont amenées à être changées, moyennant que l’on prenne le temps de réfléchir et d’agir en conséquence. »

En marge de la manifestation d’hier, la militante de Lalit renchérit que « l’État mauricien doit sérieusement envisager, au plus tôt, d’affréter un navire, avec une délégation de Chagossiens, de représentants de l’État mauricien, ainsi que des membres de l’Union africaine, pour se rendre aux Chagos. » Elle explique que ce voyage « ne doit en aucun cas donner l’impression que c’est une provocation de la part de Maurice. » Pour Lindsey Collen, « ce voyage est éminemment capital, dans la mesure où cela implique que l’État mauricien veut accélérer le processus de retour aux Chagos ; que nous voulons y aller pour un état des lieux  » Elle ajoute : « Dans le même souffle, cela donnera un peu de courage aux Chagossiens, qui attendent justement que des actions concrètes suivent ». Il est également « important », dit-elle, que l’Union africaine fasse partie de cette délégation. « Parce que c’est une bataille qui a pris une tournure politique », souligne Lindsey Collen.

Néanmoins, Lindsey Collen concède qu’il « ne faut pas non plus sous-estimer les États-Unis et la Grande-Bretagne, car ils ne resteront pas les bras croisés. » Elle fait ressortir que « les États-Unis sont déjà passés à l’attaque avec des programmes destinés aux jeunes, tandis que l’Angleterre a offert certaines prestations aux Chagossiens. » Et de conclure : « Lalit félicite Olivier Bancoult, le Groupe Réfugiés Chagos, ainsi que le peuple chagossien pour avoir tenu ferme et refusé de céder aux tentations. Cela prouve qu’il y a une unité et que ce peuple veut qu’on rétablisse ses droits, qu’il n’est pas prêt à faire des compromis ou de se laisser acheter  »

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