Coronavirus: le Brésil s’attend à une récession record en 2020

Les chiffres de la croissance brésilienne au premier trimestre donneront vendredi une idée de l’ampleur de la crise causée par la pandémie du coronavirus, les analystes tablant sur une récession record en 2020 dans un pays miné de surcroît par les tensions politiques.

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Les plus optimistes tablent sur une chute de -6% du PIB cette année pour la première économie d’Amérique Latine, et les plus pessimistes de -10%, avec un taux de chômage supérieur à 18%, contre 12,2% actuellement.

L’économie est au coeur de toutes les batailles politiques en pleine crise sanitaire, le président d’extrême droite Jair Bolsonaro appelant au déconfinement pour préserver l’emploi, alors que le nombre de décès ne cesse d’augmenter et devrait franchir le cap des 25.000 mercredi.

Mardi, le président de la Chambre des députés a défendu les mesures de confinement prises par les gouverneurs de la plupart des Etats. « Le confinement n’est pas coupable de l’effondrement de l’économie, le coupable, c’est le virus », a-t-il affirmé lors d’un discours.

Les signaux d’alerte pour l’économie se sont multipliés depuis le mois de mars, quand les effets de la pandémie ont commencé à se faire sentir. La production industrielle a chuté lourdement, de -9,1% par rapport à février. La production automobile est pratiquement à l’arrêt, avec une chute de -99% en avril.

Pour le premier trimestre de 2020, la Fondation Getulio Vargas prévoit une contraction de -1% du PIB par rapport au dernier trimestre de 2019, mais une croissance de 0,3% sur un an.

Mais c’est au deuxième trimestre que la situation devrait vraiment empirer, avec la projection d’une chute de -9,6% par rapport au premier et de -10,4% sur un an.

– « Décennie perdue » –

Le gouvernement tablait pour sa part à la mi-mai sur une contraction de -4,7%, grâce à une amélioration de la situation économique dès le second semestre.

Mais même cette prévision plus optimiste fait état d’une chute record sur une année civile, plus brutale que lors de la récession historique de 2015 (-3,5%) et 2016 (3,3%). Depuis, l’économie brésilienne ne s’est jamais vraiment relevée, avec une croissance dépassant à peine 1% ces trois dernières années.

Les pires années recensées par l’institut de statistiques IBGE sont 1981 (-4,25%) et 1990 (-4,35%), qui ont marquée ce que les économistes désignent comme la « décennie perdue » pour l’Amérique latine, plombée par la crise de la dette.

Si la prévision du gouvernement pour 2020 (-4,7%) devait se confirmer, la croissance moyenne du pays sur dix ans serait pratiquement nulle (0,11%).

Début mai, l’agence de notation financière Fitch a abaissé la perspective de la dette à long terme du Brésil (actuellement en BB-) de stable à négative.

D’après le projections du gouvernement, la dette brésilienne devrait dépasser 90% du PIB en décembre, contre 78% en mars.

La plupart des spécialistes écartent pourtant la menace d’un défaut de paiement, le pays disposant de réserves confortables (340 milliards de dollars fin avril) et l’essentiel de sa dette étant libellé en monnaie locale, non affectée par la forte dépréciation du réal face au dollar (de près de 40% cette année).

– Incertitudes politiques –

La situation du Brésil est envenimée par un climat politique délétère, le président Bolsonaro étant en conflit permanent avec les gouverneurs ayant décrété des mesures de confinement pour tenter d’endiguer la pandémie.

Le chef de l’Etat prône la reprise des activités économiques pour préserver l’emploi et éviter un « chaos social » qui, selon lui, pourrait avoir des conséquences plus dévastatrices que la crise sanitaire.

Mais contrairement aux pays européens qui ont entamé un déconfinement progressif, la courbe des contaminations est en pleine ascension au Brésil.

Pour André Perfeito, du cabinet de consultants Necton, le Brésil dispose, en théorie, « des moyens nécessaires pour combattre la pandémie », mais « les problèmes politiques rendent la réponse inefficace ».

Le gouvernement a mis en place des programmes pour venir en aide à la population la plus vulnérable, notamment une allocation de 600 réais (environ 100 euros) pour les travailleurs pauvres dépendant de l’économie informelle, mais de nombreux spécialistes considèrent ces mesures insuffisantes.

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