DROITS D’AUTEUR:Tensions à la MASA

La déception était à son comble hier pour les artistes venus toucher leurs royalties à la Mauritius Society of Authors (MASA). Certains ont obtenu la modique somme de Rs 36, tandis que d’autres sont rentrés bredouille. Ils étaient d’autant plus mécontents qu’aucun membre du conseil d’administration n’était présent pour leur fournir des explications. Les artistes ont fait le pied de grue devant la MASA en vue d’obtenir satisfaction. La police a même été appelée en renfort.
Massés devant les locaux de la MASA à Beau-Bassin, qu’ils considèrent comme « lakaz artis », de nombreux chanteurs expriment leur insatisfaction. Pour la première fois, la distribution des royalties s’est faite sous le contrôle strict d’un agent de sécurité. L’accès au bureau se faisait à tour de rôle. À l’extérieur, une fiche indiquait quels étaient les auteurs-compositeurs concernés par le paiement d’hier. Ce que les membres considèrent comme un affront. « Ce bâtiment a été acheté avec notre argent, aujourd’hui l’accès nous est refusé. Nos noms ont été affichés comme de vulgaires individus. Est-ce ainsi qu’on traite les artistes ? »
Mais ceux-ci étaient encore loin de la surprise qui les attendait. Alors que la distribution de décembre est généralement conséquente, la plupart ont été déçus de la somme qui leur a été proposée.
Jah Mike, auteur-compositeur-interprète du morceau à succès Kabané, sort du bureau le visage fermé. Il n’a reçu que Rs 36.17. Cette somme représente les droits payés par la MBC pour la diffusion de Kabané entre le 10 janvier et le 31 décembre 2011. En réalité, il a droit à Rs 63.80, mais de cette somme, la MASA a prélevé 30 % pour les frais administratifs, 10 % pour le Provident Fund et 10 % de Tax deducted at source.
La tension monte d’un cran, ses confrères protestent. « Kabané a été séga de l’année en 2010. En 2011, les radios ont encore joué cette chanson en boucle et c’est ce qu’on lui verse », déplore Michael Veeraragoo.
Mais Jah Mike n’est pas le seul dans ce cas. La porte de la MASA s’ouvre subitement. Un chanteur connu en ressort en faisant claquer la porte, les vitres volent en éclats… Toute sa rage se dévoile dans ce geste. Il a investi Rs 100 000 dans la réalisation d’un album et il se retrouve avec un chèque de Rs 4 000.
Ses amis tentent de le réconforter. « Nous sommes tous dans le même bateau », lui dit Dalon. Alain Ramanisum est aussi présent : « J’ai reçu mon argent, mais je reste pour soutenir mes confrères. Je suis solidaire avec eux », explique-t-il. Ce dernier devait faire le déplacement pour la Côte d’Ivoire, où il est nominé aux Kora Awards. Mais il a préféré rester à Maurice au dernier moment, pour honorer ses engagements professionnels.
L’arrivée des policiers provoque des mécontentements. « Nous ne sommes pas en train de manifester, nous voulons simplement des explications. Pourquoi n’y a-t-il aucun membre du board présent aujourd’hui ? » demandent les artistes.
Entre temps, Bruno Raya et Claudio Veeraragoo arrivent et prennent connaissance de la situation. Après avoir vérifié son nom sur la liste, Claudio Veeraragoo se rend au bureau de la MASA. Il en ressort presque tout de suite : « Il n’y a rien pour moi », laisse-t-il entendre, devant l’incompréhension de ses collègues. Pourtant son nom figurait bien sur la liste. Les artistes ne comprennent pas non plus pourquoi il y a le nom de Morgan Heritage également sur cette liste. « A-t-on cru que Morgan Heritage était un groupe mauricien ? », plaisantent-ils.
Au plus fort de la crise, un élément de la CID de Rose-Hill se jette dans la foule pour jouer aux intermédiaires entre les artistes et la MASA. Les premiers nommés exigent la présence des membres du board, mais tous se disent indisponibles à cette heure-ci. Il échut à Alain Arthur, senior officer à la MASA, d’affronter la colère des artistes. Il explique que le personnel ne fait qu’appliquer les instructions reçues du board.
Finalement, le board accepte de rencontrer les artistes aujourd’hui. La présidente Meera Mohun a expliqué au Mauricien que cet exercice de distribution a été quelque peu retardé, car le système n’était pas à jour. Selon toute probabilité, c’est en mai prochain que les artistes recevront la deuxième tranche de leurs royalties.

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -