HOMICIDE— VINAY NUNHOO: « Je n’ai jamais battu Bruce Lee »

Poursuivi pour manslaughter devant la Cour d’assises, Vinay Nunhoo a été appelé à la barre des témoins hier. Il a nié les accusations logées contre lui en disant n’avoir jamais été violent avec la victime Jacques Chan Lim Wan, alias Bruce Lee, et sa tante Kamla Nunhoo. Cette dernière avait la veille soutenu qu’il y a eu une bagarre entre son neveu et son amant. Les avocats des deux parties et le juge Benjamin Marie Joseph s’adresseront au jury lundi.
Satianand Nunhoo, plus connu comme Vinay Nunhoo, est inculpé d’une charge de manslaughter devant la Cour d’Assises sous le Code pénal. Le ministère public lui reproche d’avoir, le 20 décembre 2003, tué “Bruce Lee” en le tabassant avec une barre de fer. Il s’est présenté hier devant le juge Benjamin Marie Joseph et a été appelé à la barre des témoins par ses conseils légaux Mes Hervé Lassémillante et Draunathrya Ortoo. Il a donné sa version des faits sur les événements du fameux soir et les trois jours où il aurait, selon la police, pris la fuite.
Interrogé par Me Lassémillante, l’accusé nie tout en bloc. Il raconte qu’il rentrait de son travail vers les 11 h du soir le 19 décembre 2003 quand il aurait entendu sa tante Kamla crier. « Nou lakaz dan mem lakour… Monn fer letour pou al gete ki pe arive », dit-il. La porte de la maison de sa tante était, selon lui, déjà ouverte et celle-ci serait venue lui dire que « Bruce Lee pe bat mwa pou nanie ». Kamla a toutefois soutenu jeudi que Bruce Lee ne l’a jamais battue. « Tou le de ti sou linflians lalkol… Bruce Lee ti pe zoure », soutient Vinay Nunhoo.
L’accusé ne cache pas qu’il a poussé Bruce Lee à un moment donné pour l’empêcher de suivre Kamla mais soutient qu’il n’était pas armé. « Zame monn bat Bruce Lee… Mo pa kone ki sannla inn bat li ek Kamla », déclare le jeune homme. Le prévenu serait alors rentré dormir, étant fatigué. Il n’aurait rien entendu et soutient qu’au moment de l’agression mortelle de Bruce Lee, il était profondément endormi et n’a rien entendu. Il se serait réveillé assez tôt le lendemain matin pour aller travailler dans un gymnase à Rose-Hill mais n’aurait rien remarqué d’anormal. Vers 8 h du matin, il serait allé travailler pour les élections partielles dans la circonscription N° 7 (Piton/Rivière-du-Rempart) et serait resté là-bas jusqu’à lundi.
« Mo mama ti telefonn mwa. Li ti dir mwa ki lapolis ti vinn rod mwa mais mo pann tro pran kont », dit-il à la cour. L’officier Rampadaruth de la CID lui aurait téléphoné et l’aurait informé que c’était pour une affaire de meurtre. « Monn etone ». Il se serait rendu à la police lundi et a attendu son avocat pour donner son statement. « Zot ti pe kriy ek mwa… Zot ti pe dir mwa monn bat Bruce Lee ek linn mor. Mo latet ti pe koumans fatigue », affirme le prévenu en avançant que la police lui aurait fait signer une entrée avant la venue de son avocat. « Mo dakor ki finn ariv enn grav erer. Mo finn bat Bruce Lee… » Selon le prévenu, il n’aurait jamais fait ses aveux et cette entrée dans le Diary Book de la police est fausse.
La poursuite, représentée par Mes Rehnu Gowry-Bhurrut (Senior State Counsel), Abdool Raheem Tajoodeen et Selveena Adapen (State Counsels), a contre-interrogé l’accusé. La Senior State Counsel soutient que le prévenu n’a jamais contesté la véracité de ces propos avant et ne s’est jamais plaint à la police ni à la cour. « Vous avez eu dix ans pour concocter cette version… Ce que vous dites est faux. Tous les témoins mentent et vous vous dites la vérité ? » lui dit l’avocate de la partie civile. « Mo pe dir la verite », répond le prévenu. À une question de la poursuite, il soutient n’avoir aucune raison de ne pas aimer Bruce Lee et d’être contre la relation qu’il entretenait avec sa tante Kamla.
Lundi matin, les avocats de la défense et de la poursuite devront s’adresser au jury. Le juge Benjamin Marie Joseph en fera autant par la suite en leur donnant certaines directives. Le jury sera ensuite appelé à se prononcer sur le verdict. Si le prévenu est trouvé coupable, le juge devra décider de la sentence. Le Code pénal prévoit une peine allant jusqu’à 20 ans pour ce délit.

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