HÔPITAL DE MOKA : Une moyenne de 800 patients par jour

Il y a deux semaines, le ministre de la Santé Anil Gayan effectuait une visite-surprise au Subramaniam Bharati Eye Hospital, plus connu comme l’hôpital de Moka. Il avait jugé « inadmissible » que la salle d’attente soit aussi engorgée. Ce qui l’avait poussé à dire qu’il faudrait encourager davantage de personnes à se rendre à l’hôpital de Souillac pour réduire le nombre de patients à Moka. Entre ce défaut pointé du doigt par le ministre et la lassitude de certains patients dont les rendez-vous s’enchaînent sans qu’ils n’y voient plus clair, Le Mauricien a souhaité pourquoi, outre la gratuité des soins, l’on s’y presse pour des problèmes de vue. Chaque jour, une moyenne de 400 patients se rend au département Casualty et 400 autres sont convoqués pour des traitements et autres suivis. Selon le Clinical Superintendant, le Dr Ashok Raghubur, le délai d’attente pour une opération a été revu cette année à six à huit semaines contre les neuf à 12 mois en 2014. Une centaine d’opérations sont réalisées chaque semaine au moyen d’appareils modernes par les 13 spécialistes de l’établissement.
Comment fonctionne l’hôpital ? Tout nouveau patient est invité à s’enregistrer avant d’entreprendre un test d’acuité visuelle déterminant son degré de vision pour un diagnostic, nous explique le Dr Raghubur. En cas d’anomalie, le patient est dirigé vers un médecin généraliste de l’établissement. « Par la suite, s’il y a lieu, le patient devra effectuer d’autres tests. S’il est nécessaire, on dilate la pupille pour un examen du fond d’oeil. Le médecin décide ensuite si un rendez-vous additionnel est de mise. Si le patient nécessite un suivi pour un problème assez grave, il est orienté vers un spécialiste. Sinon, c’est un médecin généraliste avec une sous-spécialité en ophtalmologie qui fait le suivi ». Le Clinical Superintendant précise que, contrairement à ceux qui viennent de manière ponctuelle pour un problème précis, d’autres patients, à l’exemple des diabétiques, requièrent un suivi à vie. « Ceux souffrant de cataracte sans autres problèmes de santé n’ont pas à retourner après l’opération, si ce n’est une fois pour le suivi. Ceux avec des pathologies plus sévères doivent être suivis sur rendez-vous ».
Qu’en est-il des personnes qui attendent longtemps avant de se faire opérer, comme cette dame de 78 ans (voir hors-texte) souffrant de cataracte et qu’on fait se déplacer à plusieurs reprises pendant deux ans sans amélioration de sa situation ? N’ayant pas, au moment de l’entretien, le dossier de la patiente à sa disposition, le Dr Raghubur a donné à voir, de manière générale, les possibles raisons derrière de tels cas. Il a toutefois promis de se pencher sur ce dossier. « Il y a peut-être d’autres pathologies qui sont associées. Par exemple, un détachement de la rétine ou une tension des yeux trop élevée. Si on va de l’avant avec l’opération, le patient risque d’avoir d’autres problèmes ». D’autres doléances concernent parfois des patients qui, après s’être fait opérer de la cataracte, n’ont toujours pas une vue satisfaisante. « Avant l’opération, il est difficile pour le médecin de voir à l’intérieur. Le malade peut parfois avoir une cataracte et un autre problème au fond d’oeil. Ce n’est qu’après l’opération que le médecin peut être en mesure de le diagnostiquer ».
Désengorger l’hôpital
La grande salle d’attente engorgée constitue un autre problème souvent soulevé. Celui venant pour des soins pour la première fois peut être découragé par la foule de personnes en attente. Quand arrivera son tour parmi une telle affluence ? Le Dr Raghubur soutient que la moitié de la salle englobe les patients du département Casualty alors que l’autre moitié a rendez-vous avec un spécialiste. « Tous ne vont donc pas au même endroit ». S’il reconnaît les contraintes en termes infrastructurels, le Dr Raghubur fait ressortir que « la population des personnes âgées a augmenté, les gens vivant plus longtemps qu’autrefois, et, beaucoup de personnes étant diabétiques, il y a plus de patients avec des problèmes de vue ». Aussi, « Moka étant un hôpital spécialisé, beaucoup viennent directement pour consulter sans passer par le centre de santé de leur localité. De plus, les patients sont souvent accompagnés de leurs proches, parfois toute la famille vient ».
Pourtant, depuis janvier, l’hôpital de Souillac effectue des interventions chirurgicales dans le but de décentraliser les services. Le ministre Anil Gayan a d’ailleurs souhaité que les patients des hautes Plaines-Wilhems se rendent à Souillac, où l’on dispose des mêmes facilités. « Nous avons aussi des cliniques dans chaque hôpital de l’île et nous comptons augmenter le nombre de consultations pour désengorger l’hôpital de Moka », annonce le Dr Raghubur.  L’établissement compte actuellement 13 spécialistes, dont six formés à Bordeaux suite à un accord entre l’université de Maurice et celle de Bordeaux. Les sept autres sont des spécialistes “seniors”. Quant aux infirmiers, ils sont au nombre de 122, tous grades confondus.
Ultrasons, vitrectomie, OCT
Les points forts de l’hôpital ? « Le délai d’attente pour une opération était de neuf à 12 mois en janvier 2014. Ce temps d’attente est actuellement de six à huit semaines. On a travaillé dur avec le personnel médical et paramédical et, avec l’aval du ministère, on a eu recours à des sessions nocturnes pour opérer, même les samedis. Cela nous a permis d’opérer une soixantaine de patients additionnels par semaine et notre liste d’attente a été revue à la baisse. On a mis fin à ces sessions additionnelles en avril. Mais si la liste s’allonge de nouveau, on les réintroduira. Actuellement, par semaine, l’hôpital réalise une centaine d’interventions chirurgicales ».
En dépit des contraintes liées à la vétusté du bâtiment, le Dr Raghubur déclare que l’hôpital de Moka peut se targuer d’avoir des appareils dernier cri en matière d’ophtalmologie. Le Dr Hassenjee Daureeawoo, spécialiste basé à Moka depuis 1987, témoigne de l’évolution en termes d’appareils depuis son arrivée. « La technique d’opération a changé. Quelque 98 % des opérations se font par ultrasons, sans points de suture. Autrefois, il fallait compter trois jours pour se faire opérer : un jour pour l’admission, un jour pour l’opération et le patient ne partait que le troisième jour. Aujourd’hui, le patient peut regagner son domicile le même jour. Par ailleurs, avant on ne faisait pas de vitrectomie pour les diabétiques. Aujourd’hui, on le fait. On a aussi le laser pascal pour le traitement de la périphérie rétinienne. Un autre appareil, l’OCT, permet le diagnostic des cas plus compliqués. Ici, tout est gratuit, même les implants qu’on introduit dans l’oeil après une cataracte. On réalise les greffes de cornée plus régulièrement grâce aux dons du Lions Club ».
L’hôpital de Moka compte deux salles de laser, une pharmacie qui gère 1 200 à 1 500 patients à chaque épidémie de conjonctivite, un bloc opératoire de trois salles réalisant des opérations en simultanée et deux salles d’admission pour les opérations. Selon le Dr Raghubur, des réunions de consultation ont débuté pour un nouvel hôpital. Autant de facilités qui expliquent qu’une foule de personnes a recours aux services de cet établissement de Moka, malgré la longue attente. Les services étant comparables à Souillac, ceux habitant dans les régions avoisinantes auraient toutefois tout intérêt à s’y rendre, ce qui aiderait à désengorger l’hôpital de Moka.
 

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