La plus grande exposition sur Léonard de Vinci s’ouvre au Louvre

Le Louvre, à Paris, musée le plus visité au monde avec dix millions d’entrées, inaugure jeudi la plus grande exposition jamais consacrée au peintre italien Léonard de Vinci.

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Jeudi matin, à l’ouverture de l’exposition, le site permettant de réserver des billets, étape obligatoire, renvoyait à une liste d’attente, « en raison d’un très grand nombre de connexions ». Déjà plus de 200.000 tickets ont été vendus.

162 peintures, dessins, sanguines, manuscrits, sculptures, objets d’art ont été réunis à l’issue d’un travail titanesque de dix ans. Seulement onze des quelque vingt tableaux attribués au maître y figurent. Mais ils sont mis chacun magistralement en valeur par le reste des œuvres qui les environnent et contribuent à en expliquer la genèse.

« Il n’a rien publié, très peu peint, ses tableaux sont restés inachevés… Pourtant, les gens étaient fascinés. C’est à l’image de sa vie », résume Vincent Delieuvin, conservateur du département des peintures du musée parisien et un des deux commissaires.

La Joconde, son œuvre la plus célèbre et icône du musée du Louvre, n’est pas dans l’exposition mais pourra être vue dans la Salle des États, à quelques encablures.

Mais l’exposition réussit à réunir le maximum d’œuvres, en dépit d’une intense bataille diplomatique entre Paris et Rome. Le gouvernement populiste, dominé par la Ligue du Nord, renâclait à prêter des œuvres, en faisant valoir que Léonard, même s’il avait passé les trois dernières années de sa vie en France, à l’invitation de François Ier, avait été d’abord un artiste italien.

Le Louvre aura finalement eu gain de cause, en particulier sur le prêt du célébrissime « Homme de Vitruve », un homme nu les bras écartés et représenté dans un cercle, dont la justice italienne a finalement autorisé le voyage en France.

Le « Salvator Mundi », lui, ne sera pas de l’exposition. Ce tableau, le plus cher du monde, attribué à Léonard de Vinci, a été vendu 450 millions de dollars chez Christie’s en 2017, mais n’est jamais réapparu en public depuis.

Il y a toutefois dans la rétrospective une autre version de cette peinture, attribuée à l’atelier Vinci.

Des prêts importants sont malgré tout parvenus au Louvre, notamment de collections anglaises, dont la Royal Collection, du Musée de l’Ermitage, de la Pinacothèque vaticane, du Métropolitan Museum de New York, mais aussi de l’Institut de France.

Certaines œuvres comme « l’Annonciation des Offices » étaient intransportables. Ou tellement emblématiques d’un musée qu’elles ne pouvaient être prêtées, comme à Cracovie la « Dame à l’hermine ».

– Technique éblouissante –

L’exposition est riche en dessins remarquables, en documents et croquis passionnants, ainsi que des œuvres d’autres artistes de la Renaissance.

Elle s’intéresse aussi aux techniques employées par le peintre. Des réflectographies infrarouge à la taille des tableaux révèlent ainsi les différentes étapes de leur conception: Léonard retravaillait ses sujets parfois durant quinze ans, et les laissaient inachevés. Chaque peinture est une histoire, souvent riche en significations, en symboles, en non-dits, en hésitations. Chaque geste, chaque doigt signifie quelque chose. L’expression des sourires a de multiples sens.

Ainsi son « Saint Jean-Baptiste »: grâce au « sfumato » (procédé technique qui estompe les contours et les détails) le prophète qui annonce la venue du Christ « sort à la fois de l’obscurité et retourne au même moment dans l’ombre » une fois son message proclamé, souligne Vincent Delieuvin. Signification forte, « éblouissant techniquement! ».

Très exigeant, Léonard mettait la science au service de la peinture, afin de donner de l’homme et de la nature la vision la plus précise et la plus approfondie possible.

L’exposition, insiste-t-on au Louvre, veut montrer que la peinture était essentielle et non secondaire pour Léonard: un aboutissement visuel de ses recherches scientifiques, et non le contraire. Savant génial mais aussi utopiste, curieux de tout, il cherchait à s’expliquer ce qui constitue la vie, pour la restituer le plus exactement possible dans le dessin et la peinture.

L’exposition n’approfondit pas la dimension du Léonard savant. Ainsi, son lion mécanique, exposé à l’Institut culturel italien, n’a pas rejoint le Louvre.

jlv-lv/lch

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