Les députés britanniques veulent mieux réguler Facebook, un « gangster numérique »

Les réseaux sociaux, en particulier Facebook, doivent être davantage régulés afin de les empêcher d’agir comme des « gangsters numériques » et de publier des infox, ont conclu des parlementaires britanniques dans un rapport très critique publié lundi.

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« Les entreprises comme Facebook ne devraient pas être autorisées à se comporter comme des +gangsters numériques+ dans le monde en ligne, en se considérant au-dessus des lois », souligne le rapport de la Commission sur le numérique, la culture, les médias et le sport de la Chambre des communes (DCMS).

Durant plus d’un an, cette commission a enquêté sur le phénomène des « fake news » et son impact sur les récents scrutins au Royaume-Uni, dont le référendum sur le Brexit en juin 2016, s’attardant principalement sur les pratiques de Facebook.

Le géant américain est empêtré dans plusieurs affaires, comme les accusations d’ingérence russe sur sa plateforme dans l’élection présidentielle américaine de 2016, mais aussi le scandale de l’exploitation par la firme Cambridge Analytica de données d’utilisateurs à leur insu à des fins politiques, de même qu’une faille de sécurité ayant conduit au piratage de millions de comptes.

– « Code de déontologie contraignant » –

Pour lutter contre les « contenus préjudiciables » ou « illégaux », et protéger les données personnelles des utilisateurs, le rapport d’une centaine de pages recommande l’instauration d’un « code de déontologie contraignant » dont le respect serait assuré par un régulateur indépendant, habilité à déclencher des poursuites judiciaires et à infliger de lourdes amendes.

Dénonçant la désinformation véhiculée par les réseaux sociaux et provenant « d’agences travaillant avec des pays étrangers, dont la Russie », le président de la commission Damian Collins a appelé à « une modification radicale du rapport de forces entre ces plateformes et le public. L’âge d’une autorégulation inadéquate doit toucher à sa fin », a souligné le député conservateur.

Se disant « ouvert à une réglementation significative », Facebook a assuré ne pas avoir attendu la publication du rapport pour agir. « Nous avons déjà opéré des changements substantiels pour que toute annonce politique sur Facebook soit autorisée, mentionne son financement et soit ensuite classée dans des archives consultables durant sept ans », a détaillé Karim Palant, responsable de la politique publique de Facebook au Royaume-Uni, dans un communiqué transmis à l’AFP.

Il a affirmé que l’entreprise avait « triplé la taille de l’équipe oeuvrant à détecter et protéger les utilisateurs de mauvais contenus à 30.000 personnes, et investi massivement dans l’apprentissage automatique, l’intelligence artificielle et la technologie de vision par ordinateur pour aider à empêcher ce type d’abus ».

– « Enquête indépendante » –

Le rapport appelle également le gouvernement britannique à mener une « enquête indépendante » sur l' »influence étrangère », russe notamment, et la désinformation lors du référendum sur le Brexit, mais aussi les élections législatives anticipées de 2017 et le référendum sur l’indépendance de l’Ecosse en 2014.

Le ministre de la Culture, Jeremy Wright, s’entretiendra cette semaine aux Etats-Unis avec des représentants des géants Google, Facebook, Twitter et Apple, a indiqué un porte-parole du gouvernement.

L’exécutif devrait aussi publier un « livre blanc » dans le courant de cette année, énonçant des propositions pour sécuriser davantage les réseaux sociaux.

Le patron du géant américain, Mark Zuckerberg, est également mis sur la sellette par les députés pour s’être dérobé à leurs convocations et avoir envoyé à sa place l’un de ses adjoints. Damian Collins l’a accusé d’avoir « manqué de leadership ».

Avant le Royaume-Uni, Facebook était déjà dans le viseur de la France et de l’Allemagne.

Début février, le gendarme allemand de la concurrence a restreint l’exploitation par le groupe des données de ses utilisateurs, en lui interdisant de piocher d’autorité dans les informations collectées par des sites tiers ou des filiales comme Instagram et Whatsapp.

En novembre, le Parlement français avait adopté deux propositions de loi pour lutter contre « la manipulation de l’information » en période électorale.

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